La Stratégie centre-ville est-elle suffisante pour relancer le cœur de la métropole?

Le principal problème du centre-ville de Montréal est la concurrence que lui livrent désormais les banlieues au chapitre du divertissement et de la restauration, estime Richard Shearmur, de l’École d’urbanisme de McGill. Tenter d’y attirer 50 000 résidents de plus, tel que le maire Coderre et Richard Bergeron l’ont proposé la semaine dernière, ne changera rien au fait qu’il faut surtout repositionner le centre-ville comme destination de loisirs, selon le professeur.
Downtown-MTL
« Nous devons avoir une stratégie pour faire revenir les banlieusards et repositionner le centre-ville comme destination de loisirs et de sorties pour l’ensemble de la métropole », estime le professeur Richard Shearmur.

Le principal problème du centre-ville de Montréal est la concurrence que lui livrent désormais les banlieues au chapitre du divertissement et de la restauration, estime Richard Shearmur, de l’École d’urbanisme de McGill, qui fait remarquer que beaucoup de locaux commerciaux du centre-ville sont vides.

La Stratégie centre-ville, présentée la semaine dernière par le maire Denis Coderre et Richard Bergeron, responsable de la Stratégie, est louable, dit-il. « La Ville n’a pas été très à l’écoute de ses commerçants depuis une dizaine d’années. L’avantage de la Stratégie est d’ouvrir les discussions sur le sujet. »

Selon lui toutefois, tenter d’attirer 50 000 résidents de plus au centre-ville n’est pas suffisant pour sauver les commerces en difficulté.

« Ce ne sera pas suffisant d’avoir 50 000 personnes de plus pour faire vivre les commerces qui existent s’ils ont perdu des centaines de milliers de clients qui venaient de la banlieue. Nous devons aussi avoir une stratégie pour faire revenir les banlieusards et repositionner le centre-ville comme destination de loisirs et de sorties pour l’ensemble de la métropole », indique le professeur, qui étudie entre autres les liens entre innovation et développement économique.

Le plan proposé par la Ville comprend notamment le développement de projets résidentiels destinés aux familles. Cette mesure est « une belle ambition », selon Richard Shearmur, mais elle implique un changement culturel. « Les familles recherchent souvent une maison, un jardin. Voudront-elles ce qu’on leur propose? »

Et surtout, demande-t-il, pourront-elles se le permettre financièrement? « Il faudra que les appartements soient assez grands, mais pas plus chers que les petits appartements actuels. Cela exigera aussi la mise en place des services nécessaires afin que les gens puissent faire leurs courses quotidiennes sans problème. Il faudra rapidement répondre à ces questions. »

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