Une percée visionnaire

Thérapie des champs magnétiques – un traitement indolore de 15 minutes peut améliorer temporairement la vision de personnes ayant des « yeux paresseux ».
Thérapie des champs magnétiques – un traitement indolore de 15 minutes peut améliorer temporairement la vision de personnes ayant des « yeux paresseux ».

On a longtemps pensé que l’amblyopie, un trouble visuel mieux connu sous le nom d’« œil paresseux », ne pouvait être traitée chez l’adulte. L’Unité de recherche sur la vision de McGill (URVM) est toutefois parvenue à corriger temporairement ce trouble de la vue.

Caractérisée par une vision faible ou floue dans un œil normal, l’amblyopie est généralement attribuable à une incapacité du cerveau à s’ajuster à certains troubles, dont le strabisme ou l’anisométropie. L’on croyait que si l’amblyopie n’était pas traitée avant l’adolescence, le cortex visuel n’arrivait plus à se défaire de son réflexe d’« œil paresseux », même si le trouble visuel était lui-même corrigé.

Benjamin Thompson, chercheur postdoctoral, et le Pr Robert Hess, directeur de l’URVM, ont démontré qu’il était possible d’améliorer temporairement la vision de l’œil amblyope par des traitements de 15 minutes comprenant une stimulation magnétique transcrânienne répétée (SMTr), soit l’application indolore à la tête de champs magnétiques évoluant rapidement. Ces derniers induisent de faibles courants électriques dans le cerveau, stimulant ainsi les neurones dans des zones ciblées. Sécuritaire et indolore, cette technique a été utilisée pour traiter la maladie de Parkinson, la migraine et la dépression clinique et pour faciliter la récupération à la suite d’un accident vasculaire cérébral. Il s’agit de la première application connue de cette technique pour traiter l’amblyopie.

« Une très courte intervention peut améliorer la vision de l’œil amblyope pendant une période allant jusqu’à 30 minutes », a expliqué M. Thompson. « Cela laisse supposer que la perte visuelle n’est pas attribuable à la perte de cellules cérébrales, mais plutôt à une suppression continue de leur activité, laquelle peut être inversée, ouvrant ainsi la voie à une récupération rapide de la vision. »

L’équipe espère qu’une série de traitements SMTr produira des effets plus durables. « Nos hypothèses à l’égard de ce problème lié à l’âge sont présentement soumises à de rapides changements », a ajouté le Pr Hess, expert de renommée mondiale spécialisé dans le traitement de l’amblyopie. Les résultats de cette recherche ont été publiés dans la revue Current Biology du 22 juillet.


Cette recherche a été financée par les IRSC. (CIHR).