Une décennie cosmique

La page couverture du premier numéro d’en tête, en 2005, mettait en vedette Vicky Kaspi, astrophysicienne à l’Université McGill. La titulaire de la Chaire de recherche du Canada en astrophysique d’observation et son équipe venaient de découvrir 20 pulsars dans un seul amas d’étoiles de la Voie lactée. Depuis, Vicky Kaspi et son équipe ont réalisé plusieurs autres avancées scientifiques importantes. en tête a rencontré Vicky Kaspi, qui est également titulaire de la Chaire Lorne Trottier en astrophysique et cosmologie à l’Université McGill, pour discuter de ses projets.
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Vicky Kaspi / Photo: Owen Egan

Par Julie Fortier

La page couverture du premier numéro d’en tête, en 2005, mettait en vedette Vicky Kaspi, astrophysicienne à l’Université McGill. La titulaire de la Chaire de recherche du Canada en astrophysique d’observation et son équipe venaient de découvrir 20 pulsars dans un seul amas d’étoiles de la Voie lactée. Les pulsars sont un type d’étoile à neutrons – un résidu compact issu de l’effondrement d’une étoile massive – qui tourne sur elle-même à une vitesse vertigineuse, générant de puissants champs électromagnétiques et émettant des faisceaux d’ondes radio.

Depuis, Vicky Kaspi et son équipe ont réalisé plusieurs autres avancées scientifiques importantes. Ils ont découvert notamment le pulsar à la vitesse de rotation la plus rapide jamais observée et vérifié la théorie de la relativité générale d’Einstein en observant un système de pulsars doubles (deux pulsars en orbite rapprochée) : l’axe de rotation de l’un des pulsars oscillait, comme le prédisait la théorie.

en tête a rencontré Vicky Kaspi, qui est également titulaire de la Chaire Lorne Trottier en astrophysique et cosmologie à l’Université McGill, pour discuter de ses projets.

Vous prendrez bientôt une année sabbatique. Sur quoi travaillerez-vous?

L’Université McGill – sous la direction de mon collègue cosmologiste Matt Dobbs – participe au projet CHIME (Canadian Hydrogen Intensity Mapping Experiment, ou expérience canadienne de cartographie de l’hydrogène), un radiotélescope conçu pour étudier l’énergie noire, que l’on croit à l’origine de l’accélération de l’expansion de l’Univers. CHIME permettra également d’observer de grands secteurs du ciel simultanément et de recueillir d’immenses quantités de données, y compris sur les pulsars radio. Nous pourrons observer plusieurs pulsars en même temps, 24 heures par jour. Cela pourrait nous aider à détecter des ondes gravitationnelles – des distorsions dans l’espace-temps causées par le mouvement de grandes masses dans l’Univers – un phénomène prédit par la théorie de la relativité générale d’Einstein, mais qui n’a jamais été confirmé.

Vous étiez la chercheuse principale d’un projet qui a récemment mené à la découverte d’un « sursaut radioélectrique » à l’observatoire d’Arecibo (Porto Rico) et qui a confirmé que ces sursauts sont bel et bien d’origine cosmique. Quelle est la prochaine étape?

Seulement une demi-douzaine de ces sursauts, dont la durée se mesure en millisecondes, ont été observés jusqu’à présent, mais on estime qu’il s’en produit environ 10 000 par jour. Certaines données portent à croire que ces sursauts viennent des confins de l’espace extragalactique; il s’agirait donc d’un phénomène très brillant. Avec CHIME, nous devrions être en mesure d’en observer plusieurs par jour, ce qui nous aidera à mieux comprendre en quoi ils consistent. Pour l’instant, nous n’avons aucune idée de ce qui peut causer ces sursauts.

Le groupe d’astrophysique de l’Université McGill a connu une croissance importante ces 10 dernières années. Parlez-nous du nouvel Institut spatial de McGill (ISM).

L’objectif de l’ISM est de réunir tous les scientifiques de McGill qui font de la recherche en lien avec l’espace – en astrophysique, mais dans d’autres domaines également. Par exemple, les planètes extrasolaires (qui orbitent autour d’une étoile autre que le Soleil) sont l’un des sujets de l’heure en recherche. C’est un domaine où l’astrophysique rejoint les recherches d’autres départements, comme les sciences de la Terre et des planètes ou les sciences atmosphériques et océaniques. L’ISM facilitera les collaborations interdisciplinaires et fera en sorte que nos orientations de recherche demeurent toujours actuelles.

Depuis 2005, Vicky Kaspi a reçu le prix Steacie et le prix John-C.-Polanyi du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), en plus d’autres subventions du CRSNG, de la Fondation canadienne pour l’innovation, du Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies, de l’Institut canadien de recherches avancées et de CANARIE. Le projet CHIME est financé en partie par la Fondation canadienne pour l’innovation.