Par Julie Fortier
Difficile de rester indifférent à la lecture du roman Les murs, qui raconte l’hospitalisation d’une jeune fille suicidaire et anorexique.
« […] Je veux me tuer, je veux me déchirer, je veux que tout éclate à l’intérieur, que ça me tue, je veux que mon cœur explose et qu’il me laisse tranquille », peut-on lire.
Avec Les murs, Olivia Tapiero, étudiante au Département de langue et littérature françaises, a fait une entrée remarquée dans le monde des lettres québécoises. Ce roman lui a valu de remporter le prix Robert-Cliche du premier roman à la fin de 2009. À 19 ans, elle est la plus jeune lauréate de ce prix. Doté d’une bourse de
5 000 dollars, ce prix est le plus prestigieux de la relève du roman québécois.
« Lorsque j’ai appris la nouvelle, ce fut le choc total. J’étais euphorique, je ne m’en rappelle presque plus », raconte-t-elle.
L’histoire de ce personnage « emmuré » dans sa souffrance est une façon pour son auteure d’aborder son questionnement face aux rapports humains contemporains.
« Notre mode de vie actuel nous fait perdre un peu de notre humanité dans nos rapports avec les autres. C’est dévastateur pour l’individu. Les problèmes liés à l’identité me préoccupent beaucoup. Mon personnage se mutile, ce n’est pas pour rien. La peau est notre lien avec le monde », explique la jeune femme.
En écrivant à la première personne, Olivia s’exposait bien sûr à toutes sortes de questions. Mais il ne faut pas chercher à faire de parallèles entre ce que vit son personnage et le parcours de la jeune auteure.
« Je ne crois pas que l’on choisisse de sujets, de personnages ou de milieux lorsqu’on écrit. On suit son instinct sans trop savoir la forme que tout cela prendra. Pendant le processus d’écriture, tout est obscur et puis, à la fin, on finit par trouver un sens à ce que l’on a écrit. »
Née à Montréal, Olivia a fréquenté le Collège Marie de France, pour se diriger ensuite vers la création littéraire au Cégep du Vieux-Montréal, puis à McGill, qu’elle a choisie notamment en raison de « la taille des classes ». Elle a su très jeune qu’elle voulait devenir écrivain mais considère Les murs comme son premier véritable projet d’écriture. Elle a rédigé la première version du roman en trois mois et l’a retravaillé pendant deux ans.
La musique occupe également une partie importante dans la vie de la jeune auteure, qui s’est mise au piano dès l’âge de cinq ans et apprécie de pouvoir
« laisser reposer le langage » en jouant une pièce de musique. C’est d’ailleurs son professeur de piano qui l’a encouragée à soumettre son manuscrit pour le prix Robert-Cliche. La reconnaissance qu’a obtenue Les murs n’a fait que l’encourager à poursuivre dans cette voie.
« Même avant que le roman ne soit publié, je savais que c’était ce que je voulais faire dans la vie, souligne-t-elle. Qu’il soit reconnu et accepté, c’est comme si la vie me disait “allez, vas-y”. »
Avec l’appui de l’écrivain Robert Lalonde, actuellement en résidence à McGill, Olivia travaille déjà à la rédaction de son deuxième roman. Elle ne peut en révéler le propos pour l’instant car c’est encore « un fouillis incohérent », dit-elle en riant.