Un terreau fertile pour le cancer

Pre Morag Park
Pre Morag Park

Le jardinier sait qu’une plante peut fleurir lorsqu’elle croît dans un certain microclimat, alors qu’elle peut s’étioler dans le jardin voisin. Des chercheurs de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR du CUSM) ont appris que des microenvironnements similaires existent non seulement dans le corps humain, mais qu’ils jouent également un rôle essentiel dans le développement ou la disparition de cellules cancéreuses.

L’équipe du CUSM a analysé des tissus prélevés sur 53 patientes atteintes d’un cancer du sein. À l’aide de la technique de microdissection par capture laser, ils ont séparé les cellules tumorales des tissus du microenvironnement et analysé les modèles d’expression génique présents. Parmi plusieurs milliers de gènes, 163 ont été identifiés comme ayant un effet sur l’évolution de la santé des patientes, qu’elle soit positive (absence de métastase et de migration des cellules tumorales) ou négative (absence de réaction au traitement). L’équipe a ensuite distingué un groupe de 26 gènes susceptibles de permettre la prévision infaillible de résultats cliniques. Ce profil de 26 gènes, appelé marqueur pronostique dérivé du stroma (MPDS), a été utilisé pour prédire correctement les résultats dans un second groupe de patientes.

« Seule, une tumeur n’est pas viable. Elle doit être soutenue et nourrie par les cellules qui l’entourent », explique Morag Park, auteure principale de l’étude, directrice du groupe d’oncologie moléculaire de l’IR du CUSM et nouvelle directrice scientifique de l’Institut de recherche sur le cancer des IRSC.

« Chaque patiente présente un microenvironnement tumoral distinct. Nos découvertes démontrent que le profil génétique de ces microenvironnements peut être utilisé afin de prédire les résultats cliniques, tant positifs que négatifs. »

L’équipe, dont les travaux sont parus dans la revue Nature Medicine, travaille maintenant à la transformation du MPDS en un test diagnostique fonctionnel pouvant servir à la réalisation d’essais cliniques, d’ici la prochaine année.


Cette recherche a été financée par la Fondation du cancer du sein du Québec, Génome Canada-Génome Québec, Valorisation-Recherche Québec, le Fonds de la recherche en santé du Québec, le Programme de subventions à la découverte du CRSNGC ainsi que par une subvention d’équipe des Instituts de recherche en santé du Canada. La Pre Park est titulaire d’une chaire James McGill et de la Chaire Diane et Sal Guerrera en génétique du cancer.