Un simple test sanguin pour diagnostiquer la maladie d’Alzheimer

Auparavant, seule une analyse post-mortem des tissus cérébraux permettait de diagnostiquer la maladie d’Alzheimer de façon définitive. Difficile d’imaginer une procédure plus invasive. Aujourd’hui, grâce à une étude novatrice menée à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), il sera peut-être bientôt possible de diagnostiquer cette maladie insidieuse à l’aide d’un simple test sanguin.

Cette étude, dont les résultats ont été publiés dans le numéro de mai 2011 du Journal of Alzheimer’s Disease, porte sur une hormone sécrétée par le cerveau : la déhydroépiandrostérone (DHEA). À l’aide d’un processus chimique appelé oxydation, les chercheurs ont réussi à favoriser la production de DHEA dans des prélèvements sanguins effectués chez des patients non atteints de la maladie d’Alzheimer. Cependant, l’oxydation du sang n’a pas conduit à une augmentation de la DHEA. La corrélation entre ces deux phénomènes est nette, explique le Pr Vassilios Papadopoulos, chercheur principal de cette étude et directeur de l’Institut de recherche du CUSM. (Les autres auteurs de cette étude sont Georges Rammouz et Laurent Lecanu, également rattachés à l’Institut de recherche du CUSM, et le Dr Paul Aisen de l’Université de Californie à San Diego.)

« Nous avons démontré que nous pouvions détecter cette maladie, de façon précise et répétée, avec de petits échantillons sanguins. Ce test nous a également permis de poser un diagnostic différentiel à des stades précoces de la maladie, ce qui signifie qu’il peut également être utilisé pour diagnostiquer la maladie d’Alzheimer à ses débuts », explique le Pr Papadopoulos, qui pense que ce test pourra ultérieurement être utilisé pour distinguer la démence de type Alzheimer des autres troubles cognitifs.

Plusieurs traitements de cette maladie font actuellement l’objet d’essais cliniques, mais comme pour tout traitement, leur succès est subordonné à un diagnostic fiable. Pour l’heure, le diagnostic de la maladie d’Alzheimer se fonde sur la chronologie des antécédents familiaux, des données cliniques, une évaluation de l’état mental et un examen physique axé sur les signes neurologiques. Un diagnostic plus définitif, comme celui promis par ce nouveau test sanguin, pourrait être un outil particulièrement bienvenu dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer.

« Il est vital d’effectuer un test biochimique précis, simple, spécifique et non invasif qui appuie les résultats cliniques. Nos résultats démontrent que l’oxydation de la DHEA au cours du test sanguin peut permettre le diagnostic de la maladie d’Alzheimer à un stade très précoce et de contrôler l’effet des traitements ainsi que l’évolution de la maladie », conclut le chercheur.

Ces travaux ont été financés par les Instituts de recherche en santé du Canada et Samaritan Pharmaceuticals. L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill compte plus de 600 chercheurs et plus de 1 000 étudiants de 2e/3e cycles et chercheurs postdoctoraux qui se consacrent à un large éventail de recherches fondamentales et cliniques.