Sans douleur, le cerveau se porte mieux

La dorsalgie ou mal de dos est source de nombreux problèmes, et pourrait même induire des lésions cérébrales. Il est en effet fort possible que la dorsalgie chronique ne soit pas seulement une cause de souffrance physique, mais qu’elle altère également les fonctions cognitives et provoque l’amincissement de la matière grise dans certaines parties du cerveau. Une nouvelle étude révèle cependant que le soulagement de la douleur peut inverser ces modifications dans l’anatomie du cerveau.

Dans le cadre d’une étude longitudinale dont les résultats ont été publiés en mai 2011 dans le Journal of Neuroscience, une équipe de spécialistes de la douleur de l’Université McGill et du Centre universitaire de santé McGill a suivi des patients qui ont subi soit des injections dans la moelle épinière, soit une chirurgie réparatrice. Chaque sujet a subi des examens par IRM avant l’intervention, ainsi que six mois après. Ces clichés ont permis de mesurer l’épaisseur corticale du cerveau et l’activité cérébrale lors de l’exécution d’une tâche cognitive très simple.

« À leur retour, nous voulions savoir si la douleur avait diminué et si leur quotidien s’était amélioré », a déclaré l’auteure principale de l’étude, Laura S. Stone, du Centre de recherche sur la douleur Alan Edwards de McGill. « Nous voulions voir si la progression de l’une des anomalies liées à la douleur découverte initialement dans le cerveau avait ralenti, ou si elle s’était partiellement inversée. »

L’équipe a observé une récupération de la fonction anatomique du cerveau, ainsi qu’une amélioration de son fonctionnement. Le traitement a augmenté l’épaisseur corticale dans les zones cérébrales spécifiques liées à la diminution de la douleur et au handicap physique. En outre, les chercheurs ont découvert que l’activité cérébrale anormale observée initialement pendant une tâche cognitive exigeant beaucoup d’attention était revenue à la normale après le traitement.

Bien que la réalisation de travaux supplémentaires soit nécessaire pour confirmer si la douleur chronique entraîne de véritables modifications dans le cerveau, Laura Stone émet l’hypothèse que la douleur lombaire chronique, à tout le moins, maintient ces différences. « En éliminant la douleur grâce à un traitement efficace, l’on devrait être en mesure d’inverser ces modifications cérébrales anormales », explique-t-elle.

Cette recherche a été financée par la Fondation Louise et Alan Edwards, les Instituts de recherche en santé du Canada, l’Association internationale pour l’étude de la douleur et le Fonds de la recherche en santé du Québec.