Nos gènes oeuvrent en mode multitâche. Prenons par exemple l’enzyme du gène PTB1b. À des concentrations normales, le PTB1b contribue à la régulation de la croissance et de la division cellulaires. Un excès de PTB1b entraîne a contrario une croissance incontrôlée des cellules. Or, le Dr Michel Tremblay, directeur du Centre de recherche sur le cancer de McGill, a découvert que 40 pour cent des cas de cancer du sein chez la femme se caractérisent par une surexpression du PTB1b.
Il y a à peine sept ans, le Dr Tremblay a découvert que ce gène avait un rapport avec l’obésité et le diabète et au moins une société pharmaceutique mène déjà des essais cliniques sur des sujets humais portant sur un médicament suppresseur du PTB1b. Ce progrès rapide pourrait bien ouvrir de nouvelles perspectives dans la lutte contre le cancer du sein. « Pour cela, il suffit d’adapter ces composés », explique le Dr Tremblay.
Tout comme un gène peut être mis en cause dans plusieurs maladies, une maladie comme le cancer du sein suppose que plusieurs gènes agissent de concert. Des chercheurs comme le Dr William Foulkes s’efforcent d’approfondir sans relâche notre connaissance de ces associations mortelles entre segments d’ADN. William Foulkes, directeur du Programme de génétique du cancer de McGill et chef du Service de génétique du cancer du Centre de prévention du cancer de l’Hôpital général juif, a récemment carac-térisé deux mutations du gène PALB2 qui semblent avoir un rapport avec la « signature » d’une forme particulière de cancer du sein. William Foulkes et son collègue, le Dr Marc Tischkowitz, ont collaboré avec des chercheurs de l’Institut de recherche sur le cancer Dana-Farber de l’Université Harvard et des instituts de recherche sur le cancer de Grande-Bretagne et des Pays-Bas. Pour le Dr Foulkes, cette découverte est un élément factuel supplémentaire de la structure qui nous permettra un jour de comprendre le cancer du sein.
« Environ dix gènes, dont le PALB2, sont désormais associés à un risque deux fois supérieur à la normale ou plus élevé de cancer du sein », précise le Dr Foulkes. « Nous ne connaissons pas encore précisément l’importance du gène PALB2, mais les femmes porteuses de cette mutation sont exposées à un risque supérieur à la moyenne et nécessitent par conséquent une surveillance particulière, notamment par imagerie par résonance magnétique; elles pourraient aussi être candidates à une chirurgie préventive. »
Le Dr Tremblay est titulaire de la Chaire de recherche sur le cancer Jeanne et Jean-Louis Lévesque. Ses travaux sont financés par la Société de recherche sur le cancer, les Instituts canadiens de recherche en santé, le Week-end pour vaincre le cancer du sein et la Fondation Rethink Breast Cancer. Les recherches du Dr Foulkes sont financées par l’Alliance canadienne pour la recherche sur le cancer du sein.