La fin des antioxydants?

Pour ce qui est de ralentir le processus du vieillissement, tout porte à croire que les propriétés mirifiques des antioxydants risquent d’en décevoir quelques-uns et causer quelques rides de surprise. Depuis plus de 40 ans, on associe le vieillissement au stress oxydatif cellulaire. Cette théorie postule que l’accumulation d’espèces réactives à l’oxygène, ou molécules FRO, anéantit l’aptitude de la cellule à réparer les lésions – entraînant son vieillissement. Cette théorie a donné naissance à une véritable industrie d’antioxydants dits alternatifs (dont les mégadoses de vitamine E) et enchanté les amateurs de vin rouge, réputé riche en antioxydants. Or, il se pourrait que tout cela soit erroné.

À l’issue d’une étude publiée en février 2009 dans la revue PLoS Genetics, le professeur de McGill Siegfried Hekimi, titulaire des chaires de zoologie Strathcona et de biologie du développement Robert Archibald et Catherine Louise Campbell, et le boursier postdoctoral Jeremy Van Raamsdonk ont démontré que le stress oxydatif pourrait être le résultat et non la cause du vieillissement. Les chercheurs ont modifié génétiquement des vers Caenorhabditis elegans pour qu’ils soient progressivement moins aptes à produire un groupe de protéines du nom de superoxyde dismutases (SOD), qui neutralisent l’une des principales espèces de FRO. Une étude antérieure avait montré qu’une diminution de la production de SOD écourtait la durée de vie, mais les deux chercheurs ont observé le contraire. Même si le stress oxydatif était élevé, aucun des vers mutants n’a vécu moins longtemps, et certains ont même vécu plus longtemps que leurs homologues non génétiquement modifiés.

Les chercheurs s’empressent néanmoins de préciser que cela ne veut nullement dire que le stress oxydatif soit bon pour la santé. « Il ne fait aucun doute que les FRO sont nocives pour l’organisme. Mais elles ne semblent toutefois pas être en cause dans le vieillissement. » Aucune raison dans ce cas d’arrêter de boire du vin rouge.

Cette recherche est financée par les Instituts de recherche en santé du Canada.