Entrevue avec la Dre Rose Goldstein, nouvelle vice-principale à la recherche et aux relations internationales
Par James Martin
À l’Université McGill, la Montréalaise Rose Goldstein est en terrain connu. Elle y a obtenu un baccalauréat ès sciences en biologie cellulaire et moléculaire en 1975 et un diplôme de médecine en 1979. Elle a poursuivi sa formation en médecine interne à l’Université de Toronto et à l’Université d’Ottawa, et en rhumatologie à l’Université d’Ottawa et à l’Université du Texas à Houston. Avant d’intégrer McGill, en décembre 2010, elle a exercé les fonctions de vice-présidente à la recherche à l’Université de Calgary pendant trois ans.
Selon vous, quels sont les plus grands défis que les universités à forte intensité de recherche canadiennes sont appelées à relever?
Pour être véritablement en mesure de résoudre les problèmes complexes auxquels la société est actuellement confrontée, les universités canadiennes doivent mettre davantage l’accent sur le monde extérieur. Deux possibilités clés s’off rent à elles : nouer deux formes de partenariat stratégique au sein du Canada et se positionner de sorte à assumer un rôle de premier plan à l’échelle mondiale.
À l’échelle mondiale, elles doivent concevoir une approche qui les aidera à rehausser leurs aptitudes entrepreneuriales et internationales. À ce titre, elles peuvent collaborer avec des sociétés multinationales à la commercialisation de résultats de recherche, tout en perpétuant leurs traditions, en préservant leurs valeurs et en honorant leur parcours académique. Nous devons faire de même à l’échelle du pays, en comblant l’écart entre les remarquables chercheurs et innovateurs qui oeuvrent au sein d’établissements universitaires et les secteurs gouvernemental et privé. Je fais ici référence à un partenariat qui unit trois joueurs.
S’il est vrai que beaucoup a déjà été accompli à l’extérieur du monde académique, il faut faire bien davantage. Il nous faut également, dans cette entreprise novatrice, déployer une stratégie accrue, de sorte que nos eff orts soient concentrés sur les secteurs au sein desquels nous pouvons atteindre l’excellence, et ce, à l’échelle mondiale.
Selon vous, quels sont les exemples à suivre dans ce domaine?
Des pays tels la Finlande, Israël et nos voisins du sud sont de parfaits exemples de modèles de réussite en matière de recherche et de commercialisation, où se sont noués de très fructueux partenariats entre les universités, l’industrie et les gouvernements.
Le Canada est en mesure d’en faire tout autant. Les gouvernements provincial et fédéral se sont dotés de programmes qui soutiennent les centres d’excellence en commercialisation et en recherche, lesquels peuvent à leur tour soutenir des partenariats tripartites. Par exemple, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada a annoncé la mise en oeuvre de nouveaux programmes visant à rapprocher les individus et les secteurs. S’il est vrai que la conclusion de partenariats nécessite d’importants eff orts, en raison des diff érentes cultures et façons de travailler, cela est néanmoins la voie à privilégier pour accomplir des progrès notables. Les universités qui agissent en ce sens excelleront et seront à l’avant-garde d’une société fondée sur le savoir et l’innovation.
Pour les universités, c’est toujours un défi de formuler clairement les objectifs qu’elles veulent poursuivre en recherche et les résultats qu’elles souhaitent atteindre. Nos partenaires l’exigent de plus en plus et il serait judicieux, qu’à notre tour, nous nous y montrions favorables. En communiquant clairement ce que nous accomplissons et ce que nous nous attachons à réaliser, nous assurons notre pertinence et faisons en sorte d’exercer des activités qui répondent aux normes de qualité promises. Nous nous assurons également, dans cet environnement de recherche et d’innovation, de maintenir en tout temps le cap sur les valeurs que nous nous sommes données. Il est important de rendre des comptes sur le rendement de la recherche.
Et qu’en est-il de la recherche fondamentale?
La recherche fondamentale est notre force vitale. Il nous faut par conséquent préserver notre infrastructure de recherche. Au coeur de cette mission, il nous faut fi déliser nos excellents corps professoral et étudiant – ceux qui eff ectuent la recherche pure et fondamentale. Notre défi est d’arriver à obtenir suffi samment de fonds pour soutenir la structure de la recherche dans sa totalité : la recherche fondamentale, la recherche suscitée par la curiosité, la recherche interdisciplinaire et les partenariats. Il faut investir davantage dans les horizons divers et vastes de la recherche fondamentale et pure, tout en fi xant des priorités dans les champs où nous pouvons être la fi gure de proue mondiale. Et pour tenir nos engagements, il nous faut un soutien prévisible et durable.
Je ne saurais trop insister sur la nécessité de trouver le juste milieu entre la recherche fondamentale et la recherche interdisciplinaire et appliquée – et d’arriver à les subventionner toutes. Dans chacun de ces plans, je garde à l’esprit qu’il faut continuer de protéger et de forger le statut de McGill, au Canada et dans le monde. ¦