Les racines du suicide

Les victimes de mauvais traitements pendant l’enfance pourraient avoir subi des modifications biochimiques au cerveau, ce qui les rendrait plus vulnérables aux impulsions suicidaires à l’âge adulte.

Une équipe de scientifiques mcgillois – composée notamment de Michael Meaney, professeur de psychiatrie, de Moshe Szyf, professeur de pharmacologie et de thérapeutique, de Patrick McGowan, stagiaire postdoctoral, ainsi que du Dr Gustavo Turecki, directeur du Groupe d’étude sur le suicide de McGill à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas – a comparé les marqueurs épigénétiques cérébraux d’hommes qui s’étaient enlevé la vie (et ayant tous subi de mauvais traitements au cours de l’enfance) à ceux d’accidentés ayant grandi dans des conditions non abusives. Bien que l’ADN soit transmis à l’enfant et qu’il demeure le même toute la vie, le fonctionnement de gènes qui le composent est influencé par un revêtement chimique qui serait sensible aux facteurs environnementaux au début de la vie. En examinant le cerveau des sujets des deux groupes, on a décelé des différences épigénétiques dans l’appareil qui créé les protéines, lequel est lié à la prise de décisions et essentiel à l’apprentissage, à la mémoire et à l’établissement de nouvelles connexions cérébrales. Ces résultats ont été publiés dans Public Library of Science One.

« Il est possible que les modifications des marqueurs épigénétiques aient été causées par l’exposition à de mauvais traitements pendant l’enfance », précise le Pr Szyf. « Reste à savoir si les scientifiques seraient en mesure de déceler des changements similaires dans l’ADN sanguin – ce qui pourrait mener à des tests diagnostiques – et s’il sera un jour possible de concevoir des interventions visant à effacer ces différences dans les marqueurs épigénétiques. »


Cette recherche a été financée par les IRSC, le Programme scientifique Frontière humaine et le Programme en psychobiologie du développement et en épigénétique Sackler.