La photo : Moyen d’expression des peuples indigènes

Qu’ont en commun les Inuits, les Shipibo et les Shauri de la forêt péruvienne ainsi que les Pygmées d’Ouganda? Ils dépendent tous de la terre pour leur survie et sont par conséquent particulièrement vulnérables aux changements climatiques. Une équipe pluridisciplinaire de chercheurs canadiens, péruviens et ougandais, dirigée par les professeurs de géographie de McGill Lea Berrang-Ford et James Ford, étudie avec ces différentes populations à haut risque les effets des changements climatiques sur la santé. L’initiative Adaptation de la santé indigène aux changements climatiques (ASICC) pilote des initiatives de formation et des interventions « ascendantes » pour aider les communautés à s’adapter. L’un de leurs projets, PhotoVoice, permet aux populations indigènes d’apprendre à utiliser des appareils photo numériques pour rendre compte des changements dans leurs conditions de vie. Ces dernières ont pris des photos d’eaux stagnantes, de récoltes de moins en moins abondantes et de denrées qui font désormais partie de leur nouvelle alimentation. « Certes, nous menons des recherches sur le changement climatique, mais nous préférons dire que nous tentons de comprendre comment les populations interagissent avec leur environnement pour mieux appréhender ce phénomène planétaire », explique la Pre Berrang-Ford. « Ce projet repose sur des expériences desquelles nous nous projetons dans l’avenir. Nous étudions les capacités d’adaptation actuelles et futures de ces collectivités. Une approche descendante traditionnelle pourrait poser la question en ces termes : “Quel sera l’impact d’une hausse de deux degrés de la température sur les populations inuites?” Nous préférons la formuler autrement, et demander quelles sont les conditions environnementales qui influencent le plus la santé de ces populations. Ce n’est pas nécessairement un changement de température, mais plutôt le retard d’une semaine dans la formation des glaces, des inondations plus fréquentes en Amazonie ou des pluies tardives qui retardent les récoltes en Ouganda. Nous pouvons intégrer des données aux modèles climatiques pour déterminer ce que les projections sur le changement climatique révèlent à propos des modifications que ces variables sont susceptibles de connaître. »

L’ASICC est une initiative de 2,5 millions de dollars sur cinq ans financée par le Centre de recherches pour le développement international, les Instituts de recherche en santé du Canada, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie et le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.