Inverser le processus du diabète

La plupart des recherches axées sur la guérison du diabète reposent sur une question fondamentale : les cellules pancréatiques productrices d’insuline peuvent-elles se régénérer? Des chercheurs de l’Université McGill, du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) ont trouvé réponse à cette question.

Publiés dans le numéro de juillet de Laboratory Investigation, les résultats de leur étude indiquent qu’en laboratoire, les cellules formant les îlots de Langerhans (section du pancréas qui sécrète de l’insuline) peuvent revenir à un état de développement plus primitif apparenté aux cellules souches, par l’intermédiaire d’un processus appelé « dédifférenciation ».

« La découverte du potentiel de dédifférenciation des divers types de cellules qui forment les îlots de Langerhans est totalement inédite », mentionne le Dr Lawrence Rosenberg, chef de la Division de recherche chirurgicale, professeur de chirurgie et de médecine à la Faculté de médecine de l’Université McGill et titulaire de la Chaire A. G. Thompson en recherche chirurgicale au CUSM. Le Dr Rosenberg et le Dr Bernard Massie du CHUM étaient les chercheurs principaux de cette étude. « À ce stade, nous ne pouvons affirmer que le processus par lequel ces cellules reviennent vers un stade proche des cellules souches se produit naturellement dans un pancréas sain, mais ces résultats sont très encourageants quant au développement de traitements régénératifs contre le diabète. »

Le potentiel de plasticité in vitro cellulaire ouvre de nouvelles voies de recherche quant aux causes sous-jacentes du diabète. Cette étude est la plus récente étape du programme exhaustif de recherche sur les traitements régénératifs fondés sur le peptide INGAP (Islet Neogenesis Associated Protein/protéine associée à la néogénèse des îlots). Le Dr Rosenberg et ses collègues ont démontré le potentiel de l’INGAP à induire la formation de nouveaux îlots de Langerhans dans le pancréas. Des essais cliniques sur ce peptide ont prouvé qu’il est possible de reconstituer de nouvelles cellules productrices d’insuline chez des patients diabétiques.

« Nous savons que le peptide fonctionne, mais il nous manque certaines notions théoriques pour en expliquer le mécanisme », a ajouté le Dr Rosenberg. « Cette découverte nous permettra d’avancer sur des bases plus solides. »


Cette étude a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et le Réseau de cellules souches du Canada. Elle a également reçu l’appui de l’Association canadienne du diabète/IRSC ainsi que du Fonds de la recherche en santé du Québec (FRSQ). Le Dr Rosenberg a bénéficié d’un soutien financier offert par le FRSQ à titre de chercheur national.