Le grand cadeau de la jeunesse!

Entrevue avec Catherine Leroux, autrice en résidence Mordecai-Richler
Catherine LerouxÈve-Marie Marceau

Ç’a beau être un cliché, Catherine Leroux, romancière chez Alto, n’hésite pas à y revenir : la jeunesse est belle, c’est même « le grand cadeau de ça ». Par « ça », l’autrice de La marche en forêt (2011), Le mur mitoyen (2013) et Madame Victoria (2015) entend le programme d’auteur.e en résidence Mordecai-Richler, qui lui a permis de découvrir et d’occuper le Département des littératures de langue française, de traduction et de création, de septembre 2018 à avril 2019.

Si la lauréate des prix France-Québec, Adrienne-Choquette et John-Glassco s’est impliquée activement auprès des étudiant.e.s et professeur.e.s du DLTC, elle ne s’est pas restreinte au Arts Building pour autant. En effet, Catherine Leroux se décrit comme une « ambassadrice ». « Outre mes interventions au Département, je suis allée dans quatre cégeps de Montréal, au Cégep de Sainte-Foy à Québec, à Sorel-Tracy et à Granby. »

Il faut le noter, la résidence fonctionnait différemment en 2018-2019 : « C’était la première année que l’auteur.e n’avait pas à donner un cours » explique-t-elle. Au menu : conférences, ateliers, discussions… ce qui l’a menée à bâtir quelque chose de plus intime avec les étudiant.e.s. « C’était plus informel, mais très intéressant, parce qu’avant je n’avais pas de contact avec la relève. Il y a un côté très fonceur et innovant, chez les jeunes auteur.e.s, autant au cégep qu’à l’université. »

Ne nous leurrons pas : l’écriture a aussi eu sa place. En cours, un quatrième roman pour l’autrice de Montréal… duquel nous pouvons d’ailleurs trouver – scoop! – un passage dans le numéro « Tuer le temps » de la revue étudiante de création littéraire du DLTC, Lieu commun. « J’ai été approchée par le comité de la revue, raconte Catherine Leroux. C’est un extrait en suspens. Je ne lui ai pas encore trouvé de place [dans mon livre]. » Aussi souligne-t-elle qu’à défaut d’avoir écrit, pour l’occasion, du nouveau, elle a pu soumettre de l’inédit. « “Tuer le temps”, ça cadrait bien avec le thème de mon prochain roman », poursuit-elle.

Toutefois, la rédaction n’est pas toujours aisée – en contexte académique ou non, le défi de la solitude, c’est bien connu, en est un de taille. La résidence Mordecai-Richler, que l’autrice et traductrice n’hésite pas à qualifier de « prestigieuse », lui aura donc permis de « se confronter au reste du monde littéraire ». Celle qui s’inscrit à la suite des Élise Turcotte, Nicole Brossard et Alexis Martin, parmi les auteur.e.s sélectionné.e.s depuis 2011, a ainsi pu faire de la « médiation culturelle », ce qui n’est pas du tout fréquent dans une carrière d’autrice, selon ses dires.

L’un des grands projets? La retraite de création littéraire qui a rassemblé, lors de la dernière fin de semaine d’avril, en plus des cégepien.ne.s gagnant.e.s du Prix littéraire Marc-Angenot, des étudiant.e.s des premier et deuxième cycles, des professeur.e.s du Département et des écrivain.e.s de plusieurs horizons (poésie, roman, théâtre, etc.). Rejointe quelques jours avant la retraite, Catherine Leroux s’enthousiasme à propos des ateliers offerts, notamment celui de Lise Vaillancourt, « La voix du texte » : « Les étudiant.e.s vont être préparé.e.s à lire leurs textes. Je connais peu d’auteur.e.s qui ont eu des coachs de voix, et pourtant, ce sont des choses qu’on nous demande de faire ! »

La jeunesse, donc, aura été le mot d’ordre de ces mois en résidence pour Catherine Leroux. Inspirante, talentueuse, innovante… L’autrice maintes fois primée n’est pas à court d’adjectifs pour décrire la relève littéraire. Qu’à cela ne tienne : nous ne sommes pas à court d’adjectifs non plus pour décrire tout ce qu’elle aura apporté au Département des littératures de langue française, de traduction et de création. Car si la jeunesse peut se targuer d’être aussi inspirante, c’est bien parce qu’elle a pour modèle des auteurs et autrices qui le sont tout autant!

En savoir plus sur le programme d’écrivain en résidence Mordecai-Richler

Note : les termes autrice et auteure sont utilisés ici en alternance intentionnellement. Le terme autrice a été choisi pour désigner Catherine Leroux, puisque c’est la première forme attestée du mot en français. Cela dit, nous avons privilégié la forme auteure pour ne pas dénaturer ses propos et permettre d’alléger le texte.