Droit devant

Par Philip Trum
Quelques-uns des instigateurs du projet FONCER (de gauche à droite) : Paul Intrevado, représentant des étudiants au conseil consultatif; le Pr Vedat Verter, directeur du programme, et Kristen Oliver, coordonnatrice du programme.

Lorsque Vedat Verter a présenté sa demande de subvention au CRSNG pour la création du programme FONCER, il s’est inspiré de travaux d’étudiants au doctorat et de chercheurs postdoctoraux qu’il supervise à la Faculté de gestion Desautels, dont ceux de Beste Kucukyazici. Diplômée de 2009, Beste Kucukyazici est aujourd’hui professeure adjointe en gestion de la chaîne logistique au MIT-Zaragoza et collaboratrice au Programme de formation en activités de soins de santé et en gestion de l’information FONCER.

En étudiant les dossiers de patients de l’Institut neurologique de Montréal, la professeure Kucukyazici a établi que plus le séjour aux urgences d’un patient victime d’un accident vasculaire cérébral se prolongeait avant son transfert dans une unité spécialisée, plus son passage à l’hôpital risquait d’être long. «C’est un véritable cercle vicieux », explique-t-elle. «Un patient attend aux urgences, où il ne reçoit pas les soins spécialisés dont il a besoin, parce qu’il n’y a pas de lit disponible dans l’unité spécialisée. Lorsqu’il intègre enfin cette unité, son séjour se prolonge, car il n’a pas reçu les soins spécialisés suffisamment tôt, ce qui a pour effet de faire attendre aux urgences les autres victimes d’un accident vasculaire cérébral. » La chercheuse a également découvert que ces patients présentaient « un score fonctionnel beaucoup moins élevé à leur sortie de l’hôpital que ceux admis plus rapidement dans l’unité de soins spécialisés, au point qu’ils doivent séjourner dans un centre de soins de longue durée avant de pouvoir réintégrer leur domicile ».

La solution ne consiste pas simplement à multiplier les lits. Les patients ont aussi besoin de soins spécialisés. En collaboration avec le Dr Richard Riopelle, directeur du Département de neurologie et de neurochirurgie, Beste Kucukyazici a élaboré une politique d’attribution de lits beaucoup plus souple. «Au lieu de réserver, disons, huit lits aux patients victimes d’un AVC et huit à d’autres cas de neurologie, nous proposons d’ouvrir 16 lits pour toutes les catégories de patients hospitalisés dans l’unité. L’on réduit ainsi les délais d’attente aux urgences et améliore les résultats cliniques. »

En mai 2009, Beste Kucukyazici a présenté les résultats de ses travaux au Dr Riopelle. Bien qu’il se soit montré très favorablement impressionné, ce projet reste encore largement en chantier. Le Dr Riopelle rappelle que tout changement prend du temps, bien que FONCER soit « essentiel pour faire avancer l’efficacité et la rentabilité du système de santé». «Il n’existe pratiquement aucune donnée sur le processus de mise en oeuvre, en termes de transmission de savoir, de formation et de mise en place des résultats des recherches dans la pratique clinique quotidienne», explique-t-il. « Grâce aux travaux comme ceux menés par la professeure Kucukyazici, nous commençons à recueillir des données tangibles. » ■