Diabète et paresse cellulaire

 Le Dr Ciriaco A. Piccirillo est rattaché au Département de microbiologie et d’immunologie de McGill et au Centre de recherche de la résistance de l’hôte (CUSM)
Le Dr Ciriaco A. Piccirillo est rattaché au Département de microbiologie et d’immunologie de McGill et au Centre de recherche de la résistance de l’hôte (CUSM)

Une nouvelle recherche, dirigée par Ciriaco A. Piccirillo du Département de microbiologie et d’immunologie de McGill et du Centre de recherche de la résistance de l’hôte du CUSM, semble indiquer que l’affaiblissement des lymphocytes-T immunosuppresseurs, ou lymphocytes-T régulateurs, joue un rôle essentiel dans l’apparition du diabète de type 1. Les résultats de cette étude ont été publiés dans le numéro de janvier 2008 de la revue Diabetes.

L’équipe de M. Piccirillo a découvert sur des souris diabétiques non obèses que les lymphocytes-T CD4, qui expriment le gène Foxp3, lequel régule les réactions auto-immunes, peuvent perdre leur efficacité et devenir « paresseux » au fil du temps. Ces lymphocytes-T régulateurs suppriment normalement différentes réponses immunitaires, mais lorsqu’ils perdent leur puissance avec l’âge, ils ne sont plus en mesure de combattre certaines réponses auto-immunes, ce qui permet à l’organisme de détruire les cellules bêta qui produisent l’insuline dans le pancréas.

Les mécanismes génétiques et cellulaires qui soustendent ce dysfonctionnement du système immunitaire ont longtemps été mystérieux. « Depuis les dernières années, d’aucuns ont postulé que le dysfonctionnement des lymphocytes-T régulateurs constitue un mécanisme essentiel », indique le Pr Piccirillo, qui est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les lymphocytes régulateurs et le système immunitaire et un chef de file dans ce domaine. « Cette étude le prouve. »

Le Pr Piccirillo pense qu’il doit exister certaines prédispositions génétiques, éventuellement associées à des facteurs environnementaux externes ou à des infections, susceptibles d’altérer le fonctionnement des lymphocytes-T régulateurs chez les personnes à risque et de déclencher une réaction auto-immune diabétique à grande échelle dans le pancréas. « Lorsqu’elles commencent, ces réponses immunitaires font penser à une voiture dont les freins ont lâché dans une descente. »

Les patients atteints de diabète de type 1 doivent régulièrement s’injecter de l’insuline pour éviter un choc diabétique potentiellement fatal ; le diabète cause également d’importants problèmes de santé secondaires dont la cécité, les crises cardiaques et les accidents cérébrovasculaires. Le Pr Piccirillo est optimiste et pense que la découverte de son équipe pourra déboucher sur l’élaboration de nouveaux traitements basés sur le système immuni- taire pour lutter contre le diabète et plusieurs troubles inflammatoires chroniques et auto-immuns. « Nous pensons que les lymphocytes-T régulateurs sont en quelque sorte un interrupteur clé et qu’en comprenant leur structure, leur fonctionnement et leur mode de survie, nous pourrons empêcher la maladie de se développer. »


Cette recherche est financée par les IRSC et l’Association canadienne du diabète.