Des athlètes francophones choisissent McGill pour se dépasser

La communauté mcgilloise a pu suivre, lors des Jeux Olympiques,  les exploits de Mélodie Daoust, jeune joueuse de hockey originaire de Valleyfield et médaillée d’argent au sein de l'équipe nationale. Mais peu savent qu'au-delà de son immense succès sportif, c'est surtout l'histoire d'une jeune étudiante qui a fait le pari de venir étudier à McGill malgré la barrière de la langue.
Photo: Can Unal

Par Isabelle Aubouy

La communauté mcgilloise a pu suivre, lors des Jeux Olympiques,  les exploits de Mélodie Daoust, jeune joueuse de hockey originaire de Valleyfield et médaillée d’argent au sein de l’équipe nationale. Mais peu savent qu’au-delà de son immense succès sportif, c’est surtout l’histoire d’une jeune étudiante qui a fait le pari de venir étudier à McGill malgré la barrière de la langue.

Comme le confirme Marie-Philip Lavoie, une des coéquipières de Mélodie au sein des Martlets, le doute est présent lorsque vient le temps de choisir une université: « Étudier à McGill, cela représentait un défi de taille pour moi. Je venais d’une petite ville strictement francophone et je m’apprêtais à aller vivre dans la grande ville et à étudier en anglais alors que je ne parlais pratiquement pas la langue ». Pourtant, elle affirme que c’est la meilleure décision qu’elle ait jamais prise: « Étudier à McGill, c’était un rêve pour moi. C’était l’occasion d’intégrer une équipe de hockey de très haut niveau, de bénéficier d’une qualité d’enseignement mondialement reconnue et surtout d’améliorer mon anglais ».

Du côté des entraîneurs, le constat est tout aussi positif. Peter Smith est l’entraîneur chef de l’équipe de hockey féminine qui compte 50% de joueuses francophones, et son enthousiasme est palpable lorsqu’il parle de ses recrues: «On ne compte plus les exemples de réussite dans l’équipe, et les francophones ne font pas exception. De nombreuses joueuses qui ne parlaient que français à leur arrivée sont devenues bilingues en quelques mois seulement et ont obtenu leur diplôme avec d’excellentes notes ». Les résultats des étudiants athlètes parlent d’eux-mêmes: ils ont d’aussi bonnes notes (sinon meilleures) que le reste de la population étudiante.

À l’instar de nombre de ses collègues, Rachele Béliveau, qui entraîne les joueuses de l’équipe de volley-ball, note aussi des changements importants dans la composition de son équipe: « Il y a 10 ans, c’était difficile de recruter des joueuses francophones alors qu’elles représentent maintenant les trois quarts de mon effectif. On sent une ouverture ». La nouvelle génération semble plus à l’aise en anglais, probablement en raison de leur intérêt pour les réseaux sociaux et les blogues.

L’université a beaucoup investi ces dernières années pour développer le soutien aux athlètes étudiants, et les francophones en bénéficient. Outre la possibilité de rédiger leurs travaux en français, les membres des différentes équipes peuvent consulter des tutoriels gratuits, s’adresser au McGill Writing Centre et bénéficier d’un programme de tutorat par les pairs.

De plus, en septembre 2017, l’Unité des admissions, en collaboration avec Sports et activité physique et la Faculté des arts, a lancé un projet pilote qui offre la possibilité d’être admis plus facilement aux études universitaires. Achievement McGill aide ainsi un petit nombre (environ 0,4%) de candidats sportifs qualifiés  sur la base de facteurs non scolaires, tels que les contraintes que la pratique du sport de compétition exerce sur l’horaire des jeunes athlètes. «En raison de ses critères d’admission très élevés, l’Université  n’a pas pu recruter des étudiants-athlètes doués, ayant la persévérance et l’autodiscipline nécessaires pour favoriser la réussite scolaire à McGill », note Kim Bartlett, directrice des admissions.

Du point de vue de l’intégration aussi, les choses ont changé pour le mieux. Lorsque David Lessard a commencé à jouer pour l’équipe de football de McGill, francophones et anglophones constituaient des groupes distincts et ne se mélangeaient pas. Ce n’est plus le cas aujourd’hui: « La différence culturelle et linguistique n’est plus une barrière. Les jeunes se côtoient, se voient en dehors du terrain et deviennent amis ». Tous s’accordent pour dire que le sport est aujourd’hui déterminant dans l’intégration des francophones à McGill: « Il n’y a pas de clans, on s’assure que tout le monde se sente intégré et inclus », dit Marie-Philip Lavoie. « L’équipe de hockey, c’est ma famille ici à Montréal ». Pour Peter Smith, « Il y a beaucoup d’échanges entre anglophones et francophones. Le sport permet aux jeunes de pratiquer leur anglais dans un environnement plus détendu. Ça participe à leurs progrès au plan académique ».

Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’intérêt linguistique n’est pas à sens unique. Dans toutes les équipes, on note une curiosité vis-à-vis du français de la part des autres athlètes, comme l’explique Marie-Philip Lavoie: « Ils nous posent des questions sur le français, ils apprennent quelques mots et essayent petit à petit de communiquer avec nous dans notre langue ». Son entraîneur renchérit: « Les anglophones sont ravis d’avoir une occasion de pratiquer leur français et les francophones sont avides d’améliorer leur anglais dans un environnement moins formel. C’est une dynamique à double sens ».

Les athlètes étudiants s’accordent à dire que McGill leur a apporté bien plus que ce qu’ils espéraient : « En seulement quelques années, j’ai acquis une maturité incroyable. En tant que future enseignante, je peux maintenant postuler aussi bien dans une commission scolaire anglophone que francophone », s’enthousiasme Marie-Philip Lavoie.

De plus, le fait d’appartenir à l’une des meilleures universités au monde ouvre de nombreuses portes sur le plan professionnel selon Caroline James, agente en recrutement et conformité au service Sports et activité physique : « Comme étudiants de McGill, ils sont excellents dans leur domaine, mais ce que le sport leur apporte, c’est la capacité à performer sous pression, à gérer un horaire chargé, à se produire en public et à faire des entrevues. Ces habiletés sont précieuses pour des entreprises. Nos athlètes sont très recherchés dans le monde du travail ».

McGill comprend les défis auxquels sont confrontés les étudiants qui se frayent un chemin dans un programme académique stimulant en deuxième langue tout en développant la passion de leur sport. À l’aube de la période des admissions, les jeunes cégépiens francophones n’ont donc plus aucune inquiétude à avoir: au delà du défi de la langue, ils trouveront à McGill le soutien et l’encadrement qui leur permettront de réaliser leurs rêves autant sur le plan sportif que professionnel.

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