By Jennifer Towell
Un professeur polyvalent établit des liens partout dans le monde pour promouvoir le processus de paix au Moyen-Orient
En 1983, un étudiant en sciences politiques de premier cycle de l’Université de Victoria avait le choix entre deux sujets pour son mémoire de spécialisation : la guerre des Malouines ou le conflit au Liban. Son épouse, qui trouvait qu’il n’y avait rien de plus ennuyeux que le Sud de l’Atlantique, a eu un poids déterminant dans sa décision. C’est ainsi que Rex Brynen a opté pour des recherches sur le Moyen-Orient, ce qui lui a valu d’acquérir une réputation internationale sur cette question.
« Je pensais qu’il s’agissait là d’un sujet véritablement passionnant, se souvient-il. Et de fait, il se passe toujours quelque chose dans cette région du monde. »
Et il se passe apparemment toujours quelque chose dans la vie de ce professeur de sciences politiques de l’Université McGill qui multiplie les mandats : chercheur, professeur plusieurs fois lauréat, consultant auprès des gouvernements canadien et étrangers et de diverses organisations non gouvernementales et commentateur bien connu des médias.
Rex Brynen souligne que les différentes formes que revêt son intérêt pour le conflit, la paix et le Moyen-Orient font peser de lourdes contraintes sur son emploi du temps, mais qu’elles finissent par se compléter. Par exemple, ses compétences universitaires lui ont valu d’être nommé pendant un an au poste de planificateur politique au ministère des Affaires étrangères du Canada en 1994 et de jouer un rôle consultatif permanent auprès de ce ministère. « Ma participation aux questions politiques est utile à mes enseignements et à mes recherches, et réciproque- ment », précise-t-il. L’évocation de questions politiques complexes dans le cadre de brèves entrevues à la radio ou à la télévision « s’apparente à l’enseignement, mais avec beaucoup moins de temps et à plus grande échelle ».
Il y a environ cinq ans, date à laquelle les initiatives diplomatiques canadiennes au sujet de la question des réfugiés palestiniens (ou processus d’Ottawa) battaient leur plein, il n’était pas rare que Rex Brynen se rende au Moyen-Orient pour un week-end prolongé et qu’il soit de retour dans la semaine pour donner ses cours.
Aujourd’hui, après la disparition d’Arafat et alors que les lueurs de la paix recommencent à luire, deux questions chères au coeur de Rex Brynen occupent à nouveau les devants de l’actualité : celles des réfugiés et des enjeux de développement pour la Cisjordanie et la bande de Gaza.
Rex Brynen passe beaucoup de temps au téléphone et envoie des courriels avec une énergie renouvelée, échangeant des idées et planifiant plusieurs déplacements.
Le Pr Brynen, qui a fait ses études supérieures à l’Université de Calgary, estime que McGill et Montréal sont une base parfaite pour une carrière en études moyen-orientales. À McGill, il existe d’excellents programmes en sciences politiques et en études islamiques qui contribuent à ses recherches multidisciplinaires. Située à proximité d’Ottawa, de Washington et de New York, Montréal a par ailleurs vu l’intérêt pour le Moyen-Orient progresser non seulement au sein des nombreuses universités et cégeps qui s’y trouvent, mais à l’échelle de la collectivité.
Cet intérêt croissant explique que son cours sur la politique des régions en développement attire plus de 600 étudiants de différents pays et origines culturelles. « L’éventail des opinions est très diversifié, mais je suis toujours impressionné par la politesse et le respect qui prévalent dans les débats. »
Il a conçu un programme d’études imaginatif pour son cours sur les processus de paix donné à un nombre restreint d’étudiants, dont un voyage à Ottawa au printemps pour y rencontrer des responsables des affaires étrangères et une simulation guerre-paix en ligne dans le pays imaginaire de Brynanie, qui donne aux participants une expérience de première main sur « comment des gens bien intentionnés peuvent semer la pagaille.Les étudiants apprennent beaucoup de leurs erreurs », ajoute le Pr Brynen.
Rex Brynen croit fermement que les universitaires qui travaillent dans les disciplines semblables à la sienne peuvent avoir une véritable influence. Les parties en conflit font parfois appel à la recherche universitaire et les universitaires peuvent souvent participer à des discussions informelles sur des sujets trop délicats pour les politiciens. Ils peuvent également apporter des contributions très pratiques aux processus de paix. Par exemple, « la recherche sur la question des réfugiés a amélioré l’aptitude de l’Autorité palestinienne à planifier son propre avenir en tenant compte de l’intégration des réfugiés », souligne-t-il.
La volonté d’agir concrètement est une qualité que le Pr Brynen partage avec plusieurs de ses étudiants qui briguent diverses carrières internationales. « Les étudiants sont toujours heureux de voir que l’on peut enseigner et faire des recherches tout en gardant un pied dans l’actualité », précise-t-il. « Ils constatent que les professeurs de McGill sont engagés partout dans le monde. »
Les recherches de Rex Brynen sont financées par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, le Centre de recherches pour le développement international et le United States Institute of Peace.