Amour maternel et ADN

Les professeurs Michael Meaney et Moshe Szyf ont découvert des gènes qui peuvent être activés et désactivés.
Les professeurs Michael Meaney et Moshe Szyf ont découvert des gènes qui peuvent être activés et désactivés.

Le comportement de la mère pendant la petite enfance peut avoir des conséquences plus graves que d’interminables séances chez le psychothérapeute et des tourments existentiels. Des chercheurs de McGill ont en effet découvert que le comportement des rates à l’égard de leurs petits peut changer la chimie de certains des gènes chez ces derniers et que les médicaments pouvaient inverser ces changements.

Lorsqu’ils ont démontré, en 2003, que l’inné n’était pas irréversible, Moshe Szyf, professeur au Département de pharmacologie et thérapeutique, Michael Meaney, professeur au Département de psychiatrie, neurologie et neurochirurgie, et l’étudiant de 2e cycle Ian Weaver, sont devenus des pionniers d’un domaine de recherche nommé épigénétique. Leurs travaux novateurs ont révélé que le comportement des rates vis-à-vis de leurs petits provoquait un changement durable dans le marquage génomique de leur ADN, les ratons qui avaient hérité de mauvaises mères étant en effet plus craintifs et plus réactifs au stress.

Les études de suivi dont les résultats ont été publiés en 2006 et qui ont été financées par les IRSC, l’Institut national du cancer du Canada et la Mental Health Research Association, ont montré que des médicaments pouvaient traiter les modifications génétiques induites par le comportement et les inverser. De fait, les organismes ne sont pas assujettis au hasard : le mode de vie ou le traitement peut permettre d’exercer un contrôle sur l’ADN.

Comme le professeur Moshe Szyf l’a indiqué au Globe and Mail au début de l’année, cela pourrait infléchir notre réflexion sur les gènes : « Cette recherche introduit le concept de responsabilité en génétique. »