Une révolution agricole lancée à Montréal

De la laitue fraîche à l’année longue, cueillie à côté de chez vous le jour même, produite sans l’aide de pesticides et pas plus chère que celle qui a mis 10 jours pour arriver de la Californie? Préparez-vous à goûter aux légumes produits par Les Aliments Urban Barns, grâce à l’expertise de chercheurs de McGill. L’entreprise, fondée en Colombie-Britannique, a déménagé son siège social dans la grande région de Montréal et y a ouvert son premier centre de production l’an dernier.
En contrôlant complètement l’environnement où poussent les légumes, le modèle d’agriculture « cubique » permet d’en accélérer la vitesse de croissance. Photo : Urban Barns
En contrôlant complètement l’environnement où poussent les légumes, le modèle d’agriculture « cubique » permet d’en accélérer la vitesse de croissance. Photo : Urban Barns

Les laitues produites par Les Aliments Urban Barns, en collaboration avec des chercheurs de McGill, sont déjà servies dans des restaurants montréalais

De la laitue fraîche à l’année longue, cueillie à côté de chez vous le jour même, produite sans l’aide de pesticides et pas plus chère que celle qui a mis 10 jours pour arriver de la Californie? Préparez-vous à goûter aux légumes produits par Les Aliments Urban Barns, grâce à l’expertise de chercheurs de McGill.

Urban Barns développe depuis cinq ans un modèle d’agriculture « cubique », système qui ressemble à la production en serre mais qui mise sur la culture sur plusieurs étages grâce à un procédé de rotation verticale qui permet à chaque étage de plants de profiter d’un éclairage puissant aux ampoules diodes électroluminescentes (DEL).

L’entreprise s’est associée avec le chercheur Mark Lefsrud, de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’environnement de McGill, spécialiste de la culture de plantes à l’aide d’ampoules DEL. Fondée en Colombie-Britannique, elle a déménagé son siège social dans la grande région de Montréal et y a ouvert son premier centre de production il y a un an. Elle y emploie aujourd’hui huit personnes, en plus de compter sur une équipe de 12 chercheurs de McGill, qui travaillent au développement de nouveaux produits.

« Je crois que ce système d’agriculture est la voie de l’avenir, souligne le professeur Lefsrud. Lorsqu’Internet est né, tout le monde disait que cela allait changer le monde et c’est ce qui est arrivé. Je crois que c’est la même chose pour cette technologie que nous utilisons. »

Urban Barns a déjà commencé à produire trois variétés de laitue, deux variétés de basilic et quelques variétés de micropousses. En contrôlant complètement l’environnement – la lumière, le niveau d’humidité, la température –, l’équipe est en mesure d’accélérer la vitesse de croissance des plantes. Elle peut notamment produire une tête de laitue en trois à quatre semaines, deux fois moins de temps que la production en serre. Et cela, sans pesticides ou herbicides et avec seulement six pour cent de la quantité d’eau normalement requise pour irriguer la même surface à l’extérieur.

« Nous arrosons la plante mais au fur et à mesure qu’elle absorbe les nutriments, la plante transpire et nous récupérons pratiquement la totalité de l’eau utilisée, explique Mark Lefsrud. Cela veut dire que nous pourrions nous installer dans le désert avec un réservoir d’eau. Nous n’aurions pas besoin d’un apport constant en eau, comme c’est le cas pour un champ. »

Avec son système de production cubique, en attente d’un brevet, l’entreprise est en mesure de générer un volume important. « Actuellement, nous pouvons produire 120 têtes de laitue par pied carré par année, comparativement à deux têtes pour une ferme traditionnelle, souligne Richard Groome, pdg d’Urban Barns. Et notre prochaine génération de machines nous permettra d’en produire de 300 à 320. »

Mais qu’en est-il des qualités nutritives des légumes produits dans cet environnement? « Elles atteignent les normes les plus élevées établies par le ministère de l’Agriculture américain », affirme le professeur Lefsrud.

L’une des avenues prometteuses pour le modèle d’agriculture cubique d’Urban Barns, selon le chercheur, est qu’il est exportable partout dans le monde et permet de cueillir le produit au moment où il est le plus frais et de l’offrir tout de suite au consommateur. L’entreprise a déjà 50 clients : des traiteurs, des restaurants et des hôtels. Et plus tard ce mois-ci, ses produits se retrouveront dans quatre épiceries IGA de la région montréalaise.

Cet article comprend des extraits d’une vidéo (en anglais) réalisée par Jacquie Rourke dans le cadre de l’émission Un regard sur l’avenir, diffusée au Canal Savoir. Pour visionner l’épisode complet sur l’avenir de notre alimentation.

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