Pour une politique d’immigration sensible au genre

Une étudiante de l’Université McGill considère que l’on « sous-évalue l’influence que joue le genre dans le processus d’intégration des immigrants. »
Immigration
L’intégration économique des immigrantes est difficile sans une politique d’immigration adaptée au genre.

Depuis cinq ans, Sonia Ben Soltane, doctorante à l’École de travail social de l’Université McGill, s’intéresse aux barrières qui nuisent à l’intégration des immigrantes à Montréal, particulièrement dans la communauté maghrébine. Son constat ? Les services destinés aux immigrés ne sont tout simplement pas adaptés aux obstacles que connaissent les femmes qui arrivent au Québec.

L’intégration des immigrants passe par l’accès à l’emploi. C’est dans cet esprit que le gouvernement a récemment annoncé l’adoption accélérée du projet de loi 92 qui devrait assurer un accès rapide des immigrants au marché du travail. L’intégration économique des immigrantes, prévient Mme Ben Soltane, est toutefois difficile à mettre en œuvre sans une politique d’immigration adaptée au genre.

« Les besoins particuliers des immigrantes ne sont pas pris en compte et on sous-évalue l’influence que joue le genre dans le processus d’intégration des immigrants », déplore-t-elle.

La société québécoise s’attend à ce que les immigrants qui arrivent sur son territoire adhèrent aux principes d’égalité entre les hommes et les femmes, c’est bien normal. Pourtant, souligne madame Ben Soltane, la structure d’appui aux immigrants cantonne les femmes dans les rôles traditionnels de la société patriarcale.

Par exemple, dans la vingtaine de foyers immigrants maghrébins rencontrés dans le cadre de ses études, la chercheuse a constaté que c’est généralement le conjoint qui fait un retour aux études afin d’obtenir les équivalences nécessaires pour la validation de ses diplômes. Pendant la durée de ce processus, qui prend plusieurs années, les femmes deviennent le gagne-pain familial et se contentent d’un emploi pour lequel elles sont surqualifiées, souvent dans des métiers traditionnellement féminins.

« La déqualification professionnelle des femmes immigrantes est alarmante, s’inquiète madame Ben Soltane. Parmi les moyens offerts, il n’y en a pas qui prennent en compte les responsabilités familiales qui incombent aux mères. »

Pour éviter cette déqualification professionnelle, les mesures d’accès à l’emploi doivent s’accompagner de programmes conçus spécialement pour les immigrantes, notamment des services de garde à moindre coût, des aides au logement et de l’éducation populaire pour combattre la discrimination à l’embauche.

Pour ce faire, dit Sonia Ben Soltane, un effort concerté doit être mené entre décideurs et intervenants auprès des immigrants afin d’assurer une réelle intégration des femmes qui choisissent de s’installer au Québec.

C’est dans cet esprit que madame Ben Soltane a décidé d’organiser une table ronde à l’occasion de la 19e édition du Congrès national Metropolis qui se déroulera à Montréal du 16 au 18 mars. Pour l’occasion, la doctorante a réuni des intervenants, des spécialistes et des décideurs dans le cadre de ses études autour de la thématique Femmes immigrantes dans la ville : enjeux d’intégration et accès, un forum rêvé afin de « sensibiliser les gens aux défis que connaissent les immigrantes ».

Femmes immigrantes dans la ville : enjeux d’intégration et accès

Table ronde organisée le 18 mars à 13 h 30 dans le cadre du Congrès national Metropolis