L’absence d’une « vision d’ensemble » freine la mise en place d’un véritable réseau cyclable à Montréal, déplorent des chercheurs de McGill
Le boulevard de Maisonneuve n’est pas un exemple à suivre pour l’aménagement de futures pistes cyclables, selon les chercheurs du Groupe de recherche sur le transport de McGill.
« Cette piste cyclable n’est pas sécuritaire, estime Dea van Lierop, étudiante au doctorat en urbanisme. On y retrouve différents types de cyclistes, dont des gens qui utilisent le Bixi pour la première fois, beaucoup de voitures qui veulent tourner, et les feux de circulation ne sont pas adaptés, ni pour les cyclistes, ni pour les automobilistes. Les intersections sont dangereuses. Quand c’est très achalandé, je préfère emprunter la rue Sherbrooke. »
« À l’heure de pointe, les risques de conflit entre cyclistes, piétons et automobilistes y sont très élevés », ajoute Ahmed El-Geneidy, professeur à l’École d’urbanisme et directeur du groupe de recherche. Selon lui, le simple ajout de feux de signalisation donnant donnant priorité aux cyclistes – comme on en retrouve à quelques endroits à Montréal – réduirait de beaucoup ces risques.
Alors que Montréal vient de reculer de plusieurs places au palmarès 2015 des villes cyclables de la revue Copenhagenize et a, du même coup, perdu sa première place parmi les villes nord-américaines, Ahmed El-Geneidy déplore l’absence d’un véritable réseau de pistes cyclables à Montréal. « Il y a une piste ici, une piste là, parfois on aménage un tronçon pour régler un problème mais ça en entraîne un autre ailleurs, et cela, car il n’y a pas de vision d’ensemble. »
Les chercheurs font remarquer que lorsqu’il existe un chemin pour se rendre d’un endroit à un autre en empruntant les pistes cyclables, il est souvent impossible de revenir par le même chemin.
« Cela nous donne l’impression que la Ville ne veut pas nécessairement faire la promotion du vélo comme moyen de transport mais plutôt comme activité récréative », indique Dea van Lierop.
Il en résulte une confusion quant à la place du vélo dans les rues. Pas surprenant que les relations entre cyclistes, piétons et automobilistes soient tendues : on ne sait plus qui devrait avoir priorité, disent les chercheurs. Conséquence: personne ne suit les règles, même lorsque les feux de circulation affichent un passage prioritaire aux vélos. « Les cyclistes ne les respectent pas toujours parce qu’ils ont l’impression que les infrastructures manquent de cohérence, note Geneviève Boisjoly, une autre doctorante du groupe. S’il n’y a pas de véritables infrastructures, les gens ne suivront pas les règles. »
Il reste encore beaucoup d’éducation et de sensibilisation à faire afin de rendre les relations entre cyclistes, automobilistes et piétons plus harmonieuses, souligne Ahmed El-Geneidy. À commencer par exiger que les automobilistes connaissent les signaux utilisés par les cyclistes.
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