McGill : pour la tolérance et contre la haine

Helen Keller a dit : « Le meilleur aboutissement de l’éducation est la tolérance ». À titre d’institution de haut savoir, McGill appuie fermement la tolérance, la compréhension, la diversité et l’engagement communautaire. En revanche, l’Université s’oppose fermement à toute forme de promotion de la haine, du racisme et de l’intolérance. De plus, elle agit le plus rapidement possible afin de protéger sa collectivité dès qu’est perçue toute menace réelle ou potentielle mettant en danger la sécurité d’individus ou de l’institution.
Heather Munroe-Blum, principale et vice-chancelière de l’Université McGill. / Photo: Owen Egan

Par Heather Munroe-Blum

Helen Keller a dit : « Le meilleur aboutissement de l’éducation est la tolérance ». À titre d’institution de haut savoir, McGill appuie fermement la tolérance, la compréhension, la diversité et l’engagement communautaire. En revanche, l’Université s’oppose fermement à toute forme de promotion de la haine, du racisme et de l’intolérance. De plus, elle agit le plus rapidement possible afin de protéger sa collectivité dès qu’est perçue toute menace réelle ou potentielle mettant en danger la sécurité d’individus ou de l’institution.

Dès lors, le Service de sécurité intervient immédiatement. Dans un premier temps, les responsables communiquent avec les services policiers. Ensuite, une équipe affectée à l’évaluation des menaces est déployée et diverses mesures sont prises afin de décider de la réponse adéquate.

Toute personne peut désormais, et ce, avec une alarmante facilité, transmettre au monde entier un message haineux, menaçant ou raciste. Le plus facilement du monde, de tels propos peuvent être véhiculés, peu importe que l’auteur ait l’intention de commettre l’irréparable ou qu’il ait simplement voulu décharger sur les lecteurs de troublantes émotions, sans toutefois avoir l’intention de mettre ses menaces à exécution. S’il est vrai que la majorité d’entre nous utilise la technologie afin de communiquer de manière responsable, d’autres abusent néanmoins des outils à leur portée afin de véhiculer des propos inacceptables. Un récent incident mettant en cause un étudiant de McGill ayant fait un usage irresponsable d’Internet (dans ce cas, pour transmettre des messages menaçants et dérangeants via Twitter) a, avec raison, généré craintes et préoccupations au sein de la collectivité mcgilloise et donné lieu à des demandes d’intervention musclée auprès du responsable ainsi qu’à des requêtes concernant la transmission accélérée d’avis à la collectivité.

J’aimerais discuter de ces préoccupations. En conformité avec la loi québécoise relative au respect de la vie privée, je ne peux décrire les actions prises par McGill à l’égard d’un étudiant. Je peux néanmoins affirmer que dans le cas qui nous occupe, les procédures prises par l’institution – comme elles l’auraient d’ailleurs été lors de toute situation – sont assujetties à un protocole éprouvé, en vertu duquel les autorités policières montréalaises sont interpellées dès qu’une menace est perçue et donnant lieu à une coopération ininterrompue entre l’Université et la police du début à la fin de l’enquête. À la suite du récent incident, chacune de ces étapes a été respectée.

Dès qu’un risque potentiel est perçu, dans le respect des résultats de l’enquête policière et de la réponse du système de justice criminelle, l’équipe mcgilloise affectée à l’évaluation des menaces et les autorités disciplinaires émettent des recommandations quant à la marche à suivre. Dans le cas où une menace de danger est jugée sérieuse, l’Université se réserve le droit d’expulser un étudiant, et ce, même avant la tenue d’une audience et émet aussitôt un avertissement à un individu, un groupe ou la collectivité. Pour McGill, rien n’est plus important que la sécurité des membres de sa collectivité.

Nous habitons et travaillons au cœur d’une ville où des institutions homologues ont été victimes d’actes de violence tragiques. Par conséquent, nous sommes extrêmement soucieux des risques bien réels susceptibles de survenir au sein des campus et au-delà des portails.

S’il est vrai que je suis souvent agréablement surprise par le civisme, la sensibilité et la compassion qui caractérisent généralement les actions des membres de la collectivité mcgilloise, je dois admettre que depuis quelques années, je suis de plus en plus préoccupée par l’escalade d’excès rhétoriques, la déformation d’arguments politiques et les discours hautement corrosifs qui, vraisemblablement, sont destinés à diaboliser et détruire. Les universités peuvent offrir un cadre permettant la gestion des désaccords et le partage des différences, par l’entremise d’un langage académique, d’un échange intellectuel et d’un débat à la fois courtois et informé. J’exhorte chacun d’entre vous, à titre de citoyens d’un vaste centre d’apprentissage et de découverte, à résister à toute impulsion soudaine de tenir des propos accusatoires et discourtois et à clamer haut et fort votre total désaccord à l’égard de la diabolisation et de la haine. Redoublons d’efforts pour prêter une oreille attentive à l’autre et exprimer notre désaccord de manière respectueuse et réfléchie.

L’université est un lieu privilégié, située au carrefour des idées et du savoir. Elle expose ses membres à une multitude d’opinions et d’interprétations relativement aux événements sociaux et politiques. Tout privilège n’étant pas exempt d’obligations, les membres d’universités doivent assumer les responsabilités liées à leur présence au sein d’une communauté d’apprentissage. Parmi ces responsabilités, mentionnons l’obligation de faire preuve de respect lorsque des collègues s’expriment, de tenter d’établir un lien avec les personnes différentes de soi ou qui présentent une vision différente de la nôtre et de faire montre d’empathie et de compréhension, ainsi que d’exprimer ses objections, le cas échéant. Éviter de s’acquitter de ces obligations équivaut à renoncer au plus grand avantage de l’enseignement supérieur, celui de l’influence civilisatrice du savoir.

Inlassablement, McGill s’attache à préserver la sécurité de ses campus et des membres de sa collectivité. Chacun d’entre nous est en mesure de rehausser la sécurité et le bien-être de la collectivité mcgilloise, notamment en nouant des liens avec nos collègues et en échangeant avec eux en faisant preuve de prévenance et de jugement. En règle générale, McGill est reconnue pour la qualité de sa collectivité; et la santé d’une collectivité est tributaire de la bonne volonté et de l’engagement positif déployés par chacun des membres qui la composent.

Heather Munroe-Blum est la principale et vice-chancelière de l’Université McGill.