L’enseignement supérieur, grappe économique majeure pour Montréal

Lorsque nous faisons valoir les arguments économiques en faveur de l’enseignement supérieur, nous évoquons souvent ses avantages à long terme. Mais qu’en est-il de l’incidence à court terme de l’enseignement supérieur? Quelles observations pouvons-nous tirer si nous considérons l’enseignement supérieur et la création de savoir comme une grappe industrielle? Nous nous sommes penchés sur la question.
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La grappe économique qui regroupe l’enseignement supérieur et la recherche a permis de créer plus d’emplois à Montréal entre 2003 et 2013 que celles de l’aérospatiale, de la construction ou du commerce électronique et de la distribution.

Lorsque nous faisons valoir les arguments économiques en faveur de l’enseignement supérieur, nous évoquons souvent ses avantages à long terme : l’incidence d’un diplôme universitaire sur la capacité de gain et les recettes fiscales, ainsi que le savoir issu de la recherche. Ces avantages sont extrêmement importants, mais souvent difficiles à quantifier lorsqu’il est question de recherche. La recherche fondamentale, notamment, est le point de départ d’innombrables innovations qui demandent parfois des décennies de travail, mais il peut se révéler difficile de déterminer avec exactitude quels sont les avantages attribuables à une découverte ‒ ou à une université ‒ en particulier.

Mais qu’en est-il de l’incidence à court terme de l’enseignement supérieur? Prenons un exemple : les étudiants de l’extérieur du Québec qui fréquentent McGill dépensent plus à Montréal chaque année que le montant de la subvention annuelle globale octroyée à McGill par le gouvernement du Québec, soit 450 millions de dollars par rapport à 445 millions de dollars en 2014.

Quelles observations pouvons-nous tirer si nous considérons l’enseignement supérieur et la création de savoir comme une grappe industrielle? Nous avons consulté la page Canadian Cluster Data du site Web de l’Institute for Competitiveness & Prosperity, dont la lecture est fort instructive.

Pour nous éclairer, voici un petit questionnaire préparé à l’aide des données figurant sur ce site Web.

1. Parmi les grappes suivantes, laquelle a créé le plus d’emplois à Montréal au cours de la dernière décennie?

a) L’aérospatiale

b) Le commerce électronique et la distribution

c) L’enseignement supérieur et la recherche

d) La construction

Réponse : Parmi ces quatre grappes, celle qui regroupe l’enseignement supérieur et la recherche est celle qui a permis de créer le plus d’emplois entre 2003 et 2013. De toutes les grappes exportatrices* à Montréal, l’enseignement supérieur et la recherche occupent le deuxième rang au chapitre de la création d’emplois. Pourquoi? L’une des raisons est qu’entre 2003 et 2013, les universités montréalaises ont vu le nombre de leurs inscriptions d’étudiants étrangers augmenter de 52 %.

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2. Parmi les grappes suivantes, laquelle affichait la plus forte croissance de l’emploi au cours de la même décennie? 

Réponse : Surprise! Encore une fois, il s’agit de la grappe regroupant l’enseignement supérieur et la recherche.

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3. Laquelle de ces grappes comptait le plus d’emplois en 2013?

Réponse : La grappe regroupant la distribution et le commerce électronique comptait le plus grand nombre d’emplois (parmi ces quatre secteurs), mais la grappe regroupant l’enseignement supérieur et la recherche se classait au deuxième rang. (Vous ne pensiez toute de même pas que l’enseignement supérieur serait la réponse à toutes les questions, n’est-ce pas?) Si l’on tient compte de l’ensemble des 51 grappes exportatrices, celle de l’enseignement supérieur et de la recherche occupe le troisième rang pour ce qui est du nombre d’emplois (après les services aux entreprises et la distribution/commerce électronique).

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4. Quel pourcentage des 51 grappes de Montréal a véritablement créé des emplois au cours de la dernière décennie?

a) 33 %

b) 80 %

c) 50 %

d) 10 %

Réponse : Seules 17 des 51 grappes, ou 33 % ont créé des emplois entre 2003 et 2013 (se reporter au graphique ci-après pour plus de détails). De ces 17 grappes, seulement 11 ont créé plus de 1 000 emplois. La grappe regroupant l’enseignement supérieur et la recherche occupait le second rang avec près de 18 000 nouveaux emplois.

Là où nous voulons en venir, c’est que Montréal a la plus forte concentration d’étudiants universitaires en Amérique du Nord. L’enseignement supérieur constitue bel et bien une grappe économique. Il est temps que nous cessions de considérer l’enseignement supérieur et la recherche comme un fardeau pour le Trésor public et que nous investissions en conséquence.

* Selon l’Institute for Competitiveness & Prosperity, les « grappes exportatrices » regroupent des industries qui produisent des biens et des services vendus à la fois à l’extérieur d’une région et localement. La grappe de l’enseignement supérieur et de la recherche inclut des programmes de formation, des collèges, des universités et des écoles professionnelles, des services de soutien pédagogique, des organismes de recherche et des associations professionnelles, mais pas de services éducatifs de nature « locale », comme les écoles primaires et secondaires ou les services de formation professionnelle.

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