Le hip-hop pour prévenir le décrochage

Un projet pilote entre la Faculté des sciences de l’éducation, l’École secondaire James Lyng dans le quartier Saint-Henri et l’organisme WORD vise à intégrer l’art urbain dans la salle de classe, comme le rap au cours de français.

HipHopUn projet pilote entre la Faculté des sciences de l’éducation, l’École secondaire James Lyng dans le quartier Saint-Henri et l’organisme WORD vise à intégrer l’art urbain dans la salle de classe

Quelques fois par semaine, plusieurs élèves de l’École secondaire James Lyng se réunissent après les cours pour composer et interpréter des chansons rap. L’activité est parrainée par l’organisme Writing Our Rhymes Down (WORD), qui utilise la culture hip-hop comme outil pédagogique pour motiver des jeunes qui connaissent des difficultés en classe à s’exprimer et à développer leur sens critique.

Lancée en 2007, l’activité est très populaire à James Lyng, école anglophone située dans le quartier Saint-Henri où, en 2012-2013, moins de la moitié des élèves de 5e secondaire ont obtenu leur diplôme. Les activités de « street art », ou art urbain (réalisation d’œuvres d’art dans la rue ou dans des endroits publics, ou en utilisant des matériaux et techniques non-traditionnels), sont aussi très courues.

L’an dernier, le succès généré par ces activités a inspiré l’école à lancer un projet visant à la transformer en école à vocation particulière axée sur l’art urbain.

« Nous misons sur ce qui fonctionne, sur ce qui intéresse nos élèves, explique Derrek Cauchi, directeur de l’école. Il est difficile de quantifier l’impact du programme parascolaire, mais il est certain qu’il y a un bon pourcentage de nos élèves qui n’aurait pas persévéré au-delà du 3e secondaire, si ce n’était de ces activités. »

Les professeures Bronwen Low, Elizabeth Wood et Mindy Carter, de la Faculté des sciences de l’éducation de McGill, en collaboration avec WORD et le YMCA de Pointe-Saint-Charles, travaillent avec l’École James Lyng pour jeter les bases du projet.

« Nous étudions les façons d’intégrer dans la salle de classe ce qui se passe sur l’heure du dîner et après les cours, que ce soit lors d’activités parascolaires, dans les parcs ou sur les coins de rue, entre autres en jumelant des artistes avec des professeurs afin qu’ils créent un cours ensemble », explique la professeure Low.

Puisque l’échec à l’examen du ministère en français (et à celui en mathématiques) représente l’une des principales barrières à l’obtention du diplôme d’études secondaires à James Lyng, l’équipe s’est tournée vers le rappeur Lou Piensa du groupe Nomadic Massive, qui a commencé à travailler avec le professeur de français de l’école l’automne dernier. Les élèves des deux classes du projet pilote ont écrit des chansons rap.

« Par la participation de Lou Piensa, nous voulons changer la perception qu’ont les élèves du français. Nous voulons qu’ils voient le français comme une langue qui peut être amusante, avec laquelle on peut expérimenter et qui peut même servir un mouvement de résistance, puisqu’elle est souvent utilisée par des gens en marge de la société – comme certains d’entre eux se sentent parfois », conclut Bronwen Low.

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