La création de chaires de recherche vise à mesurer l’impact du modèle de soins implanté par le Dr Gilles Julien et à favoriser l’adoption de meilleures politiques publiques.
Par Julie Fortier
Le modèle de soins implanté par le Dr Gilles Julien il y a une vingtaine d’années pour venir en aide aux enfants des milieux défavorisés est « arrivé à maturité », affirme le pédiatre social, qui souhaite maintenant en mesurer les impacts de façon scientifique.
C’est cette volonté qui a mené à l’annonce, le 26 février dernier, de la création de deux chaires de recherche en pédiatrie sociale, l’une à l’Université McGill et l’autre à l’Université de Montréal. La chaire de McGill résulte d’un partenariat entre la Fondation de l’Hôpital de Montréal pour enfants, la Faculté de médecine et la Fondation du Dr Julien, et est soutenue financièrement par le Groupe financier BMO, Ghislaine et J. Sebastian van Berkom et la Fondation Marcelle et Jean Coutu.
« Nous voyons les bénéfices de notre approche et nous croyons qu’elle peut changer beaucoup les façons de faire des milieux de la santé, des services sociaux et scolaires, mais pour ce faire, nous avons besoin de mesures, souligne le Dr Julien. Les mesures que nous prendrons au cours des prochaines années nous aideront à nous ajuster et aideront les décideurs des milieux politiques et économiques à effectuer les changements nécessaires pour mieux servir les enfants vulnérables. »
Le modèle de pédiatrie développé par Gilles Julien et sa fondation mise sur la concertation entre les différents services et intervenants pouvant venir en aide aux enfants de communautés défavorisées : le milieu médical, les services sociaux, l’école, les parents, ainsi que les services policiers et juridiques, le tout dans les différents milieux de vie de l’enfant. Les activités des chaires de recherche seront d’ailleurs dirigées à partir du quartier Hochelaga-Maisonneuve, là où le Dr Julien a implanté son premier centre de pédiatrie sociale.
Selon Nicolas Steinmetz, professeur à McGill, ancien directeur général de l’Hôpital de Montréal pour enfants et lui-même pionnier en pédiatrie sociale, les résultats obtenus par le Dr Julien sont concluants : « l’approche multiprofessionnelle et multisectorielle que le Dr Julien et son équipe ont mise en place permet de réduire, de renverser et de prendre en charge les problèmes physiques et fonctionnels du cerveau [d’enfants qui ont subi des stress liés à la pauvreté] », dit-il.
De nombreuses études ont démontré que l’environnement social modifie les connexions cérébrales et l’expression des gènes. Les effets néfastes sont nombreux, rappelle le Dr Steinmetz : cerveau plus petit, quotient intellectuel moins élevé et troubles cognitifs allant du déficit de l’attention et des difficultés d’apprentissage aux comportements violents. Les stress liés à la pauvreté augmentent également les risques de souffrir de maladies chroniques à l’âge adulte et réduisent l’espérance de vie.
La Chaire Nicolas Steinmetz – Gilles Julien de pédiatrie sociale en communauté de la Fondation de l’Hôpital de Montréal pour enfants et de McGill se penchera notamment sur les enjeux auxquels sont confrontés les enfants issus d’un milieu vulnérable, les facteurs sociaux contribuant à la santé et au bien-être, la défense des droits des enfants et l’élaboration de politiques sociales.
« Nous devons nous rendre compte que les enfants sont la matière première la plus importante dans le monde, conclut le Dr Steinmetz. On ne peut plus continuer à perdre près du tiers de nos enfants parce qu’on ne s’occupe pas du milieu dans lequel ils grandissent ».
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