Une exposition d’affiches de propagande jette un autre éclairage sur l’épisode controversé de la conscription.
À partir d’un texte de Mark Reynolds, paru dans le McGill News
S’il ne reste aucun vétéran de la Première Guerre mondiale pour parler de ce conflit, l’exposition La mort patriote, présentée par le Musée des beaux-arts de Montréal dans le cadre du centenaire de la Grande Guerre, nous dévoile certains des moyens employés à l’époque pour les recruter. L’exposition réunit des affiches de propagande produites durant la Première Guerre mondiale par le Canada, la France, l’Allemagne, l’Angleterre et les États-Unis, dont plusieurs proviennent de la collection de la Bibliothèque de McGill.
L’Université McGill possède une assez riche collection de documents canadiens et allemands de cette période, y compris des affiches et des brochures, dont plusieurs ont été acquises dans les premières années de l’après-guerre. Le matériel canadien comprend des affiches de propagande en français et en anglais, des appels à acheter des bons de la Défense nationale, ainsi que d’autres documents rappelant l’importance du rationnement des produits alimentaires.
Desmond Morton, professeur émérite d’histoire à McGill, a étudié plusieurs des affiches sur la guerre appartenant à McGill. Selon lui, derrière leurs gros caractères et leurs messages percutants se cachent de subtils enseignements sur notre histoire. Ainsi, les affiches destinées aux Canadiens français prétendaient que nos volontaires serviraient avec leurs amis au sein de bataillons francophones. Mais plusieurs d’entre eux ont été assignés à la première unité qui avait besoin d’hommes, sans égard à la langue. Une telle pratique a contribué à la crise de la conscription.
« Imaginez-vous arriver au sein d’un groupe de personnes censées parler votre langue, être vos camarades et amis et vous faire dire [plutôt] que, de toute façon, vous êtes un lâche, car vous êtes un maudit Français. Nous accusons les Québécois d’avoir été contre la conscription, mais ils ont été trahis et bernés par le reste du Canada », précise-t-il.
Selon Hilliard Goldfarb, conservateur en chef adjoint au Musée des beaux-arts de Montréal, l’exposition d’affiches offre un contrepoint unique à l’exposition principale en cours, De Van Gogh à Kandinsky, qui explore le développement de l’art au début du 20e siècle. De Van Gogh à Kandinsky examine « l’interface entre l’art français et allemand au cours de cette période marquée par d’exceptionnels échanges créatifs entre Paris et Berlin, et dont le début de la Première Guerre mondiale a sonné le glas », affirme Hilliard Goldfarb. Le conservateur estimait que des affiches du temps de la guerre constitueraient un complément intéressant à l’exposition principale. « Elles se veulent la coda de l’autre exposition, [qui couvre] une période de communication très dynamique qui a pris fin en 1914. »
L’exposition La mort patriote est présentée au Musée des beaux-arts de Montréal jusqu’au 29 mars 2015. La collection d’affiches de l’Université McGill sur les deux guerres mondiales peut être consultée en ligne.
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