De réflexions et de paroles : le séjour d’Alexis Martin, écrivain en résidence du DLLF de McGill

Alexis Martin, écrivain en résidence du Département de langue et littérature françaises de l’Université McGill pour l’année 2016-2017, aurait bien aimé prolonger son expérience. « C’est que là je commençais à trouver mes marques un peu, j’aurais pu aller plus loin, être plus efficace. »
Alexis Martin, écrivain en résidence du DLLF de McGill.

Amélie Langlois, collaboration spéciale

Alexis Martin, écrivain en résidence du Département de langue et littérature françaises de l’Université McGill pour l’année 2016-2017, aurait bien aimé prolonger son expérience. « C’est que là je commençais à trouver mes marques un peu, j’aurais pu aller plus loin, être plus efficace. »

Responsable d’un séminaire d’atelier d’écriture dramatique, dont la durée (« trois heures! ») n’a pas manqué de le rendre « bien nerveux, au début », A. Martin, praticien avant tout, confirme que son séjour « a été très agréable ». Il a pu mettre à profit sa riche expérience de près de trente ans en tant qu’animateur théâtral afin de remplir son nouveau rôle de professeur : « Je les ai fait parler, je suis devenu animateur de la table. Je glissais assez naturellement là-dedans parce qu’animer une pièce de théâtre, c’est ça au fond, c’est parler autour d’un sujet commun. »

L’auteur et interprète insiste sur l’importance de la construction schématique du récit et sur la capacité de donner et de recevoir la critique. « Ce que j’ai voulu expliquer, transmettre, c’est que l’art théâtral est un art d’équipe. Les metteurs en scène et les acteurs finissent toujours par influencer l’écriture, ils interprètent l’écriture. »

En plus d’assister à une représentation d’une pièce d’Alexis Martin coécrite par Pierre Lefebvre, Extra moyen, splendeur et misère de la classe moyenne, les étudiants ont eu la chance de faire « une plongée dans l’univers concret de la fabrication » lors d’une répétition. « Ça, c’était le fun! »

L’écrivain en résidence a choisi d’axer son cours sur les « avatars du dialogue » et de présenter différentes méthodes de construction dramatique en passant par des auteurs classiques et contemporains, tels que Tremblay, Tchekhov, Racine, Aristophane et de la Chenelière, également venue en classe. Les étudiants ont été amenés à écrire de courtes pièces ainsi qu’un pastiche d’un dramaturge connu. « J’ai dit : “Allez vous perdre au centre-ville et espionnez les gens, écoutez les conversations, de là, trouvez une idée de sketch et écrivez-le, mais à la manière de”. »

« On est tous dans nos tunnels et on s’en va du point A au point B, mais le dramaturge ou l’auteur (je le vérifie avec mes copains, mes copines auteurs), ils sont dans l’autobus, mais tout à coup, ils ouvrent les oreilles et il y a des personnages qui existent. Je pense que c’est la posture fondamentale du dramaturge. »

Outre Êvelyne de la Chenelière, Marie-Êve Trudel, Jacques L’Heureux et Emmanuelle Jimenez ont été invités au cours. « Les étudiants ont entendu leurs textes lus par des professionnels et ça a été une expérience concrète d’incarnation. » De même, ils participaient et lisaient les textes de leurs camarades. « C’est une expérience d’oralité, le théâtre. On écrit pour des poumons, pas pour des yeux, pour des lecteurs. »

Alexis Martin cède sa place à la romancière Perrine Leblanc qui donnera un atelier d’écriture narrative cet hiver.

Pour en savoir plus sur le programme d’écrivain en résidence Mordecai Richler