Le congé de maternité payé pourrait prévenir la mortalité chez les nourrissons
Par Cynthia Lee, McGill salle de presse
Pour chaque mois supplémentaire de congé de maternité payé offert dans les pays à revenu faible ou intermédiaire (PRFI), la mortalité des nourrissons diminue de 13 %. Voilà ce qui ressort d’une nouvelle étude de l’Université McGill et de l’École de santé publique Fielding de l’Université de la Californie à Los Angeles (UCLA), publiée dans PLoS Medicine.
C’est la première fois que des chercheurs s’intéressent à l’effet du congé de maternité payé sur la mortalité des nourrissons dans les PRFI. Des études précédentes ont toutefois montré que, dans les pays à revenu élevé, les congés rémunérés étaient systématiquement liés à un taux de mortalité inférieur chez les bébés de moins d’un an.
« Parmi les pays où se produisent la grande majorité des décès de mères et d’enfants, nombreux sont ceux qui offrent moins de 12 semaines de congé rémunéré aux jeunes mamans », affirme l’auteur principal de l’étude, Arijit Nandi, professeur adjoint à l’Institut des politiques sociales et de la santé ainsi qu’au Département d’épidémiologie, de biostatistique et de santé au travail de l’Université McGill. « Nos conclusions donnent à penser que les politiques en matière de congé de maternité payé pourraient constituer un outil de prévention des décès évitables chez l’enfant, même dans les pays où les femmes sont moins susceptibles d’avoir un emploi en bonne et due forme. »
Les chercheurs ont utilisé les statistiques relatives à environ 300 000 enfants nés sur une période de huit ans dans 20 PRFI d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Ils ont ensuite analysé ces données à la lumière des politiques publiques en matière de congé de maternité dans les pays visés. Pour évaluer les effets du prolongement du congé de maternité payé, ils ont comparé le taux de mortalité enregistré chez les nourrissons des pays qui avaient bonifié ce congé à celui des pays où les politiques étaient demeurées inchangées.
Après avoir pris en compte des variables comme le produit intérieur brut et les dépenses de santé par habitant, les chercheurs ont établi qu’en prolongeant d’un mois seulement le congé payé, on évitait environ huit décès de nourrissons par tranche de 1 000 naissances vivantes, ce qui équivaut à une réduction de 13 % du taux de mortalité. C’est dans la période post-néonatale, soit lorsque le nourrisson est âgé d’environ un mois à un an, que le prolongement du congé de maternité payé sauve le plus de vies.
Selon les auteurs de l’étude, un congé de maternité payé de plus longue durée pourrait contribuer de plusieurs manières à la baisse du taux de mortalité chez les nourrissons. Ainsi :
- En assurant à la mère revenu et sécurité d’emploi, le congé de maternité payé peut réduire le stress maternel; or, ce dernier est un facteur de risque de naissance prématurée et d’insuffisance de poids à la naissance.
- Les mères qui ont droit à un congé à l’approche de la date prévue de l’accouchement pourraient avoir accès à des soins plus facilement pendant le troisième trimestre de leur grossesse.
- Après l’accouchement, la mère en congé de maternité payé aura vraisemblablement plus de temps pour consulter un professionnel de la santé si son enfant est malade.
- Une femme en congé pendant cette période est plus susceptible de continuer d’allaiter et de faire vacciner son enfant, deux facteurs importants pour la santé du nourrisson.
Le droit à un congé payé – dont les modalités peuvent varier – pour les jeunes mamans est garanti dans cent quatre-vingt-huit pays. « Notre étude porte sur les pays à revenu faible ou intermédiaire, mais les effets du congé de maternité payé sont solidement démontrés aussi dans les pays à revenu élevé. Les États‑Unis doivent absolument se mettre au diapason de la grande majorité des pays en offrant à tous les nouveaux parents un congé parental rémunéré. Il y va de la santé de nos enfants et du bien-être des familles », plaide un des auteurs de l’étude, la Dre Jody Heymann, anciennement de McGill, aujourd’hui doyenne de l’École de santé publique Fielding de la UCLA et directrice fondatrice du Centre mondial d’analyse des politiques.
Au Canada et dans de nombreux pays européens, une nouvelle maman peut prendre jusqu’à un an de congé rémunéré. Quelques pays seulement n’offrent aucun congé de maternité payé, notamment la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Suriname et les États‑Unis.
« Maintenant, souligne le professeur Nandi, nous comptons documenter les effets du congé de maternité payé sur la situation des femmes – notamment leur présence sur le marché du travail, leur santé et leur bien-être – et les effets du congé paternel. »