Comment le Canadien peut-il reprendre le dessus?

En six semaines à peine, le Canadien est passé du 1er au 16e rang au sein de la LNH. Chacun y va de ses suggestions pour remédier à la situation. McGill dans la ville a consulté Gordon Bloom, directeur du Laboratoire de psychologie du sport de l’Université McGill, afin de recueillir ses conseils. Selon lui, l’heure est à l’autoréflexion, pour les fans comme pour les joueurs.
En moins de deux mois, le Tricolore a chuté du 1er au 16e rang de la Ligue nationale de hockey.
En moins de deux mois, le Tricolore a chuté du 1er au 16e rang de la Ligue nationale de hockey.

Chaque joueur doit être prêt à faire une autoréflexion et à se concentrer davantage sur ce qu’il peut faire pour réussir, selon un professeur de McGill

Ils ont connu le meilleur, ils connaissent maintenant le pire.

Au cours des deux premiers mois de cette saison, le Tricolore a connu un succès jamais vu depuis les années 1970. Puis cette confortable avance s’est écroulée comme un château de cartes; en moins de deux mois, l’équipe a chuté du 1er au 16e rang de la ligue et serait pour le moment exclue des séries.

Les fans réclament une solution : congédier l’entraîneur, accueillir un joueur d’envergure dans le groupe des six premiers attaquants, mettre au banc les vétérans offrant un moins bon rendement, obtenir de plus gros joueurs, laisser moins de liberté à P.K., donner plus de liberté à P.K…

Selon Gordon Bloom, toutefois, la source des problèmes du Tricolore, et leur solution la plus probable, se trouvent au sein même de l’équipe.

Chaque joueur doit se questionner sérieusement et être plus critique concernant son éthique de travail au jeu et durant les séances d’entraînement, selon Gordon Bloom, directeur du Laboratoire de psychologie du sport de McGill.
Chaque joueur doit se questionner sérieusement et être plus critique concernant son éthique de travail au jeu et durant les séances d’entraînement, selon Gordon Bloom, directeur du Laboratoire de psychologie du sport de McGill.

« Lorsqu’une équipe éprouve ce genre de difficulté, une des pistes de solution est d’amener chaque joueur à se concentrer un peu plus sur ce qu’il doit faire pour réussir, sur ses objectifs au jour le jour, indique le directeur du Laboratoire de psychologie du sport de l’Université McGill. En général, on se sent mieux lorsqu’on sait qu’on travaille fort. Certains joueurs voudront passer plus de temps sur la glace, dans la salle d’entraînement ou à regarder des enregistrements vidéo de leur jeu. D’autres choisiront plutôt de manger mieux, de dormir davantage ou de consacrer plus de temps aux activités hors glace, comme le Pilates, le yoga ou l’entraînement mental. »

« Même si l’équipe connaît des difficultés, il est important que chaque joueur puisse se dire : ‘Je fais tout ce que je peux…’ Si chaque personne est satisfaite des efforts qu’elle déploie, l’équipe obtient généralement de meilleurs résultats, dit Bloom, qui travaille avec plusieurs des meilleurs athlètes amateurs du Canada. Une grande partie de votre psyché peut être modifiée si vous savez que vous déployez tous les efforts nécessaires. »

Mais pour ce faire, il est important que les joueurs possèdent la capacité de s’autoévaluer. « L’autoréflexion est primordiale. Chaque joueur doit se questionner sérieusement et être plus critique concernant son éthique de travail au jeu et durant les séances d’entraînement, dit Bloom. Les meilleurs athlètes sont souvent ceux qui s’expriment le plus ouvertement à propos de leurs propres lacunes.»

En se concentrant sur eux-mêmes, les joueurs évitent de montrer leurs coéquipiers du doigt ou de trouver continuellement des excuses pour justifier un rendement insuffisant, ce qui, dans les vestiaires, se traduit par une attitude négative qui mine bon nombre de bonnes équipes. « La dernière chose dont vous avez besoin est une attitude complaisante parmi les joueurs ou de propos du genre ‘Gallagher et Price n’ont pas pu jouer pendant plusieurs semaines en raison de blessures…’ S’ils sont trop nombreux à dire ce genre de chose, il y a un problème, car cet argument peut devenir une béquille », affirme Bloom.

Gardons le cap et restons calmes, y compris les fans

Selon Bloom, il est essentiel que, derrière le banc, les entraîneurs du Tricolore gardent le cap, parce que les joueurs suivent leur exemple. « Lorsqu’un entraîneur dérape, l’équipe suit habituellement ses traces, dit-il. La bonne nouvelle pour les Canadiens est que Michel Therrien a réussi à garder son calme tout au long de la saison. Son message est demeuré à peu près inchangé depuis le début, alors que l’équipe connaissait du succès, jusqu’à maintenant, alors qu’elle éprouve des difficultés. C’est important, car c’est en partie en répétant régulièrement le même message que les entraîneurs développent la culture d’une équipe ».

Les partisans devraient aussi s’efforcer de conserver leur calme, selon Bloom, qui souligne qu’à certains égards, les déboires actuels de l’équipe pourraient s’expliquer par le succès exceptionnel qu’elle a connu en début de saison.

« Les Montréalais doivent réaliser que bien que l’équipe ait connu beaucoup de succès au début de la saison, son rendement était anormalement élevé, ce qui a suscité des attentes déraisonnables à l’endroit des joueurs, dit Bloom. Je pense qu’ils ont peut-être été trop forts, trop tôt et maintenant que leur rendement est inférieur à ce dont ils sont capables, ils ont de la difficulté à l’accepter. »

« Mais il est possible que ce genre de situation aide une équipe à long terme, selon ce que l’avenir lui réserve, poursuit-il. Je dis toujours à mes athlètes de tout examiner… et de s’engager dans une réflexion critique. Lorsque les joueurs des Canadiens seront sortis de cette période difficile et qu’elle deviendra pour eux chose du passé, ils pourront en tirer des leçons. Peut-être que si l’équipe éprouve d’autres problèmes plus tard durant la saison, les joueurs pourront repenser à tout cela et en tirer profit. »

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