Réserve Gault: au service de la collectivité

L’existence d’un écosystème naturel de superficie importante confère à la Réserve naturelle Gault de l’Université McGill un rôle d’oasis dans un territoire fortement voué à l’agriculture et à l’urbanisation. On y retrouve plus de 600 espèces de plantes vasculaires dont 27 sont susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables au Québec. La Réserve naturelle abrite également plus de 220 espèces fauniques et quatre d’entre elles sont désignées menacées ou vulnérables au Québec.
Carly Ziter (gauche) travaille sur l’influence de la fragmentation du paysage forestier sur la séquestration du carbone. Son équipe de recherche inclut Claudia Atomei (centre) et Katriina O’Kane (droite). Carly est étudiante à la maîtrise au Département des Sciences des Ressources Naturelles et au Département de Biologie sous la supervision du Prof. Elena Bennett et du Prof. Andrew Gonzalez. / Photo: alextranphotography.com

Par David Maneli

En 1913, un jeune officier de l’armée britannique acquiert une propriété de 890 hectares dans la municipalité de Mont-Saint-Hilaire. Cette personnalité encore méconnue du public est le Brigadier Andrew Hamilton Gault, richissime aventurier et véritable pionnier de la conservation au Québec. Il deviendra célèbre en 1914, lorsqu’il entreprend la création du « Princess Patricia’s Canadian Light Infrantry, PPCLI » pour combattre lors de la Première Guerre mondiale. Son implication et son dévouement pour la société canadienne se sont poursuivis bien au-delà de sa carrière militaire, car à sa mort en 1958 il légua la totalité de sa propriété à l’Université McGill avec le souhait suivant :

« À l’Université McGill, je lègue le mont Saint-Hilaire, le plus précieux de mes biens, afin que sa beauté et ses charmes puissent être préservés pour les générations futures, non seulement pour l’intérêt qu’il présente pour l’Université, mais aussi et grâce aux enseignements que l’on pourra en tirer, comme un héritage dont la jeunesse canadienne pourra profiter et jouir. »

Anciennement connu sous le nom de « Domaine Gault » cette propriété de l’Université McGill a énormément évolué depuis sa fondation en 1958. Aujourd’hui, la Réserve est reconnue internationalement, notamment parce qu’elle est la première Réserve de la biosphère au Canada (1978), également en tant que refuge d’oiseaux migrateurs (1960) et comme une des premières réserves naturelles en milieu privé (2004). C’est effectivement à cause de cette dernière désignation que cette propriété a été rebaptisée la Réserve naturelle Gault de l’Université McGill.

Une réserve avant tout

Le désir de conservation de l’Université est bien réel et il s’est traduit au cours des 50 dernières années par une augmentation significative de la superficie de l’aire protégée. À ce jour, la Réserve compte 1000 hectares, soit environ 100 hectares de plus qu’à l’époque du don du Brigadier Gault. Ainsi, l’Université McGill a accru son rôle de protection des derniers vestiges des forêts anciennes de la vallée du Saint-Laurent, un écosystème unique et essentiel du patrimoine naturel du Québec.

L’existence d’un écosystème naturel de superficie importante confère à la Réserve naturelle Gault de l’Université McGill un rôle d’oasis dans un territoire fortement voué à l’agriculture et à

La Maison Gault accueille depuis 2011 une multitude de groupes académiques soit pour une journée ou pour un séjour qui requiert de l’hébergement. En effet, que ce soit pour des retraites de départements, des laboratoires, des séminaires ou des cours universitaires toute la collectivité McGilloise est bienvenue. / Photo: alextranphotography.com

l’urbanisation. On y retrouve plus de 600 espèces de plantes vasculaires dont 27 sont susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables au Québec. La Réserve naturelle abrite également plus de 220 espèces fauniques et quatre d’entre elles sont désignées menacées ou vulnérables au Québec. De ces espèces rares, la plus connue est certainement le Faucon pèlerin. Enfin, la Réserve permet la protection de 13 écosystèmes forestiers exceptionnels, et certains d’entre eux sont constitués d’arbres de plus de 500 ans.

Un campus en pleine nature

La Réserve naturelle Gault de l’Université McGill est non seulement une aire de biodiversité exceptionnelle, mais également une station de recherche en biologie. Véritable bibliothèque vivante et laboratoire en plein air, la réserve offre une expérience unique aux étudiants et chercheurs intéressés par les sciences naturelles. Depuis sa création, plusieurs scientifiques chevronnés ou en devenir ont parcouru les sentiers à l’affût de découvertes. Leurs recherches ont permis d’acquérir une connaissance intime des écosystèmes de la Montérégie ainsi que la publication d’un nombre grandissant d’articles scientifiques, de thèses de doctorat, de mémoires de maitrise et de livres traitant du mont Saint-Hilaire. La nature particulière de la montagne, son riche passé scientifique, sa proximité avec Montréal, ses installations de recherche et d’enseignement, de même que ses possibilités de logements, y rendent les activités académiques et scientifiques particulièrement attrayantes.

Kyle Teixeira-Martins (centre), ici accompagné de Julien Massé-Jodoin (gauche) et de Sarah Saldanha (droite). Kyle est étudiant à la maitrise sous la supervision du Prof. Andrew Gonzalez et Prof. Martin Lechowicz au Département de biologie de l’Université McGill. Son projet porte sur les services écologiques plus spécifiquement sur la pollinisation fournie par les bourdons dans les vergers au printemps. / Photo: alextranphotography.com

De sorte que la Réserve reçoit chaque année une véritable armée de chercheurs passionnés. L’année 2012 a été particulièrement prolifique en raison de la présence du groupe « Connexion Montérégie ». Cette équipe de chercheurs guidée par les professeurs Elena Bennett, Andrew Gonzalez, Martin Lechowicz, Jeanine Rhemtulla et Jeffrey Cardille a comme mandat de créer des outils de planification et de gestion durables des paysages présents et futurs. L’équipe de recherche a effectué des travaux sur la Réserve, mais également dans l’ensemble de la Montérégie. De toutes les collines montérégiennes qui se dressent majestueusement dans la vallée du Saint-Laurent, le mont Saint-Hilaire est de loin la moins perturbée par l’activité humaine. Ceci témoigne de l’implication et de l’engagement des chercheurs de l’Université McGill envers la conservation de la Réserve.

Des sentiers pour tous

La communauté McGilloise n’est pas la seule à chérir les caractéristiques uniques de la Réserve, car elle accueille plus de 210 000 visiteurs annuellement sur son réseau de sentiers de 25 km. Au cours des années, le nombre de visiteurs s’est accru, ce qui a permis à l’Université McGill de partager cette magnifique ressource avec une population de plus en plus grande et ainsi les sensibiliser aux enjeux environnementaux et à l’importance de la conservation de notre patrimoine naturel.

Si le Brigadier Gault était toujours de ce monde, il encouragerait l’Université à poursuivre sa mission de conservation, d’éducation et de partage de la Réserve avec tous les membres de la société québécoise. La citation suivante du Brigadier nous incite d’ailleurs à suivre les traces de ce pionnier de la conservation.

« It is not sufficient to live in the magnificence of past history, history must continue to be made and the splendour of the future created by present endeavour. »

Links:

www.mcgill.ca/gault

www.facebook.com/RNGault