Considéré comme l’un des maîtres d’œuvre de l’importante réforme du système d’éducation du Québec instaurée pendant la Révolution tranquille, Paul Gérin-Lajoie, CC, GOQ, LL.D., s’est éteint le 25 juin dernier, à Montréal. Il était âgé de 98 ans.
Le jeudi 9 août 2018, le drapeau de l’Université McGill sur le toit du Pavillon des arts sera mis en berne à l’occasion des funérailles nationales de Paul Gérin-Lajoie. La principale et vice-chancelière Suzanne Fortier assistera aux funérailles, qui seront célébrées à la Basilique‑Cathédrale Marie-Reine-du-Monde, à Montréal.
À titre de premier titulaire du ministère de l’Éducation du Québec (1964-1966), Paul Gérin‑Lajoie a défini les principes fondamentaux – administration laïque, réseau d’enseignement secondaire et fréquentation scolaire obligatoire jusqu’à 16 ans – qui sous-tendent encore aujourd’hui le système d’éducation de la province.
Paul Gérin-Lajoie est né à Montréal en 1920. Il a étudié au Collège Jean-de-Brébeuf et à l’Université de Montréal et a été, en 1945, l’un des premiers étudiants québécois à se voir octroyer une bourse Rhodes.
En 1960, il est élu député libéral dans la circonscription de Vaudreuil-Soulanges. De 1960 à 1964, il occupera le poste de ministre de la Jeunesse dans le gouvernement Lesage. À ce titre, il confiera à Mgr Alphonse-Marie Parent le mandat d’étudier la situation de l’éducation au Québec afin de déterminer pourquoi moins de la moitié des élèves de la province poursuivaient leurs études après la 6e année. Pour assurer la mise en œuvre des recommandations de la Commission Parent, le premier ministre Lesage a fait de Paul Gérin-Lajoie le premier titulaire du ministère de l’Éducation du Québec, poste qu’il occupera jusqu’à ce que le Parti libéral perde le pouvoir, en 1966. La volonté de Paul Gérin-Lajoie de moderniser le système d’éducation québécois n’a jamais fléchi. Ainsi, au cours des trois années que M. Gérin-Lajoie a passées dans l’opposition, le Québec a assisté à la création des cégeps et du réseau de l’Université du Québec.
« Paul Gérin-Lajoie est l’un des pères du Québec moderne », a affirmé le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, lorsqu’il a annoncé la tenue de funérailles nationales. Il a en outre souligné que c’est à Paul Gérin-Lajoie que l’on devait la « modernisation du système d’éducation québécois… [et] qu’il en avait fait un système démocratique, grâce auquel les enfants pouvaient fréquenter l’école gratuitement, du primaire au cégep ».
Après avoir quitté la vie politique, en 1969, Paul Gérin-Lajoie s’est illustré sur la scène internationale. En 1970, le premier ministre Pierre Elliott Trudeau lui confie la présidence de l’Agence canadienne de développement international (ACDI). Au cours des sept années qu’il passera à l’ACDI, il élargira l’aide internationale apportée par le Canada aux anciennes colonies françaises en Afrique ainsi que le rôle joué par l’Agence dans les situations d’urgence.
À son départ de l’ACDI, les membres de son personnel lui ont offert un cadeau d’adieu des plus inusités : la charte de sa propre organisation non gouvernementale, qui a permis la création de la Fondation Paul Gérin-Lajoie, dont la mission est d’assurer la formation et l’éducation des jeunes Africains. La Fondation a aussi créé La Dictée P.G.L., devenue célèbre, qui a aidé des millions d’étudiants au Canada et à l’étranger à améliorer leur maîtrise du français.
« Les apports immenses et historiques de Paul Gérin-Lajoie à la vie publique et à l’éducation – au Québec et dans le monde – ont contribué à améliorer l’avenir de tant de jeunes et à renforcer notre société », a affirmé le premier ministre Justin Trudeau (B. A. 1994) à l’annonce du décès du grand bâtisseur.
Les réalisations exceptionnelles de Paul Gérin-Lajoie lui ont valu de nombreux prix et distinctions au fil des ans, dont la Médaille du jubilé de la reine Elizabeth II et la Médaille d’or Albert-Einstein de l’UNESCO. Il a également été fait Grand officier de l’Ordre national du Québec, Compagnon de l’Ordre du Canada et Chevalier de la Légion d’honneur de France. Enfin, il a reçu 12 doctorats honorifiques, dont celui de l’Université McGill, en 1964.