Une découverte pourrait mener à des traitements plus efficaces dans les glioblastomes
Un gène codant pour l’OSMR joue un rôle de premier plan dans la croissance des glioblastomes. C’est ce qui ressort d’une nouvelle étude dirigée par un chercheur de McGill et publiée dans Nature Neuroscience.
Le glioblastome est la tumeur cérébrale la plus agressive chez l’adulte. Malheureusement, il n’existe aucun traitement efficace. La survie moyenne après le diagnostic est d’à peine 16 mois.
« Pour mettre au point des traitements plus efficaces, nous devons comprendre ce qui se passe dans ces tumeurs », explique Arezu Jahani‑Asl, auteure principale de l’étude, professeure adjointe de médecine à l’Université McGill et neuroscientifique à l’Institut Lady Davis de recherches médicales de l’Hôpital général juif.
Casse-tête moléculaire incomplet
Depuis un bon moment déjà, les chercheurs savaient qu’une variante du gène codant pour l’EGFRvIII produisait une protéine favorisant fortement la croissance des glioblastomes. Mais les traitements censés mettre le gène de l’EGFRvIII hors d’état de nuire donnaient des résultats décevants.
Visiblement, le casse-tête moléculaire n’était pas complet.
La Pre Jahani‑Asl a donc scruté des échantillons tissulaires de glioblastomes pour trouver la pièce manquante. Elle a réalisé ces travaux à titre de boursière postdoctorale, dans les laboratoires d’Azad Bonni (facultés de médecine de l’Université Harvard et de l’Université de Washington) et de Michael Rudnicki (Hôpital et Université d’Ottawa). Les chercheurs ont constaté que le gène de l’OSMR était très actif dans les cellules de glioblastomes. Qui plus est, l’exploration de bases de données génétiques et cliniques sur le cancer a révélé que plus ce gène était actif, plus la survie était brève.
Forte de ces constatations, l’équipe s’est ensuite penchée sur des cellules souches humaines provenant de glioblastomes. Normalement, lorsqu’on les injecte à des souris de laboratoire, ces cellules prolifèrent et forment de nouvelles tumeurs. Or, les chercheurs ont constaté avec étonnement que s’ils désactivaient le gène de l’OSMR avant d’injecter les cellules de glioblastomes aux animaux, ces dernières n’arrivaient plus à se multiplier pour former des tumeurs. « Cela signifie que cette protéine est une pièce essentielle du casse-tête », précise Michael Rudnicki, coauteur-ressource principal de l’étude.
Les chercheurs ont conclu que, tels des complices, ces deux gènes – codant respectivement pour l’OSMR et pour l’EGFRvIII – favorisaient la croissance tumorale par le mécanisme d’activation que voici : l’OSMR produit sa protéine, ce qui indique à l’EGFRvIII qu’il doit s’activer et produire sa protéine tumorigène.
Conclusion : il suffit de désactiver l’OSMR pour désactiver l’EGFRvIII.
Cible thérapeutique possible
« Cette découverte a une incidence clinique importante », souligne le Dr Bonni, coauteur-ressource principal de l’étude. « Elle laisse entrevoir une nouvelle avenue pour le traitement de cette maladie dévastatrice, bien que la mise au point d’un traitement efficace destiné à l’être humain puisse nécessiter encore des années de travail. »
La Pre Jahani‑Asl travaille actuellement à la mise au point d’anticorps et de petites molécules capables d’inhiber la protéine OSMR ou son interaction avec l’EGFRvIII. C’est une étape de plus vers l’objectif ultime : trouver un traitement efficace contre ces tumeurs. « Si nous arrivons à freiner la croissance tumorale chez des rongeurs, dit-elle, nous pourrons adapter ces techniques afin de passer aux essais chez l’être humain. »