À l’aube d’une révolution dans le secteur des pâtes et papiers

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La fibre de bois pourrait remplacer le plastique ou l’aluminium dans la fabrication de certains produits, explique Theodorus van de Ven. / Photo: Owen Egan

Par Julie Fortier

Lorsque Theodorus van de Ven s’est joint au Centre de recherche sur les pâtes et papiers de McGill, il y a près de 30 ans, la recherche dans ce domaine attirait peu d’étudiants, et encore moins l’attention des gouvernements.

« Lorsque l’on soumettait une demande de subvention gouvernementale, il n’y avait aucune catégorie pour les pâtes et papiers, se rappelle-t-il. Nous devions cocher la case ‘autre’. C’était surprenant car il s’agissait tout de même du plus important secteur industriel au pays. »

Aujourd’hui, tout a changé. Concurrence internationale et baisse importante de la demande pour le papier entraînent fermetures d’usines et mises à pied. Le secteur forestier est en crise, et les nombreuses communautés dont l’économie dépend essentiellement de la forêt multiplient les appels à l’élaboration de solutions.

Signe de l’urgence, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) a annoncé, le 2 février dernier, l’octroi de 56 millions de dollars sur cinq ans à onze réseaux de recherche, dont quatre sont axés sur la forêt.

Professeur au Département de chimie, Theodorus van de Ven, déjà titulaire de la chaire de recherche industrielle du CRSNG en chimie des colloïdes et de la fabrication du papier, dirige le Réseau stratégique du CRSNG sur les fibres vertes, qui vient d’obtenir 5,3 millions de dollars.

Le groupe travaille au développement de nouvelles vocations pour la cellulose que contient la fibre de bois. Textiles, pièces automobiles, meubles, emballages flexibles, produits isolants : les possibilités sont nombreuses. En mettant au point une variété de produits issus d’une ressource renouvelable, l’objectif du groupe de recherche est d’offrir des solutions de rechange pour des produits actuellement fabriqués à  partir de sources fossiles ou non renouvelables.

« Inévitablement, nous nous détachons peu à peu du terme ‘pâtes et papiers’, car l’avenir de ce secteur passe justement par les industries qui ne sont pas traditionnellement associées à l’utilisation de la fibre de bois et qui souhaitent adopter des procédés plus ‘verts’, comme les fabricants automobiles ou de meubles », explique-t-il.

En étudiant la composition chimique et les propriétés de la fibre de bois, notamment, l’on peut s’attaquer à sa capacité de résistance ou à sa perméabilité.

« Nous cherchons entre autres à développer des produits permettant de remplacer le recours  à l’aluminium ou au plastique, précise le chercheur. Dans le cas d’un emballage de croustilles, par exemple, il faut s’assurer d’avoir un produit étanche qui résiste à l’humidité. »

Le réseau CRSNG sur les fibres vertes réunit 20 professeurs de six universités canadiennes, dont Zetian Mi (génie électrique et informatique), Reghan Hill (génie chimique) et Derek Gray (chimie) de McGill, 24 étudiants aux cycles supérieurs et 11 chercheurs du secteur privé. Preuve que la multitude de nouvelles applications que laisse présager la recherche dans ce domaine en enthousiasme aujourd’hui plus d’un.