Par Gilda Salomone, CUSM Affaires publiques
Une greffe de cellules souches est une intervention qui peut traiter ou guérir diverses maladies : des maladies de la moelle osseuse, des hémoglobinopathies (anomalies des globules rouges) et des troubles immunitaires congénitaux, de même que certains types de cancer, tels que les leucémies, les lymphomes et les myélomes. La Dre Gizelle Popradi, hématologiste et directrice du programme de greffe de cellules souches du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), nous en dit un peu plus sur ce traitement salvateur et sur son usage pour soigner les patients atteints d’un cancer.
Qu’est-ce que les cellules souches?
Les cellules souches font partie des globules sanguins les plus immatures et les moins nombreux de la moelle osseuse. Elles peuvent demeurer en dormance pendant une longue période, jusqu’à ce qu’elles doivent remplacer d’autres cellules, ce qui se produit automatiquement. En temps normal, nous n’en manquons jamais.
Comment une greffe de cellules souches contribue-t-elle au traitement des patients atteints d’un cancer?
De nombreux cancers guérissent grâce à des chimiothérapies et une radiothérapie à forte dose, mais il arrive que les doses nécessaires pour tuer le cancer soient également fatales pour la moelle osseuse du patient. Une greffe de cellules souches permet de régénérer la moelle osseuse après un traitement pour détruire le cancer. Avant la chimiothérapie ou la radiothérapie, les cellules souches du patient sont prélevées et congelées. Une fois le traitement terminé, elles sont reperfusées. C’est ce qu’on appelle une greffe autologue, c’est-à-dire que la personne qui la donne la reçoit également. Ce type de greffe est utilisé régulièrement pour traiter des patients atteints de lymphomes ou de myélomes multiples.
Qu’en est-il des cas où le donneur et le receveur sont des personnes différentes?
Lorsque les cellules souches d’une autre personne ou que le sang de cordon ombilical sont utilisés, on parle de greffe de cellules souches allogènes. En plus de contribuer à la reconstitution de la moelle osseuse après un traitement du cancer, les cellules souches peuvent attaquer les cellules cancéreuses résiduelles du receveur. C’est l’effet du greffon contre la tumeur.
Comment sélectionnez-vous les donneurs?
Nous vérifions d’abord si les frères ou sœurs sont parfaitement compatibles. Si aucun membre de la famille n’est compatible, nous consultons les registres nationaux et internationaux pour trouver un donneur non apparenté ou une unité de sang du cordon. Cependant, les greffes haplo-identiques, c’est-à-dire celles qui sont effectuées à l’aide de cellules d’un frère ou d’une sœur qui ne sont que partiellement compatibles, peuvent également être efficaces.
Peut-on observer des complications?
Il arrive que le système immunitaire qui est transmis avec les cellules souches du donneur attaque les organes du receveur. C’est la réaction du greffon contre l’hôte, qui est courante après les greffes allogènes, car elle se produit dans 20 % à 80 % des cas. Cette réaction peut prendre une forme aiguë ou chronique, et son intensité peut varier entre légère et grave. Peu de patients souffrent de la forme grave.
Parlez-nous du programme de greffe de cellules souches du CUSM.
La première greffe de cellules souches de l’Université McGill a eu lieu à l’Hôpital général de Montréal en 1979. Le programme est maintenant agréé par la FACT (Foundation for the Accreditation of Cellular Therapy), et le gouvernement du Québec lui a accordé la désignation de centre d’excellence en greffe de cellules souches apparentées et non apparentées. Le programme prend de l’expansion, car de plus en plus de patients nous sont dirigés par d’autres hôpitaux de Montréal et par des centres du reste de la province. Nous disposons d’une toute nouvelle unité de greffe au site Glen, dotée d’un laboratoire spécialisé où les cellules souches peuvent être prélevées et entreposées. Notre programme est bien soutenu par plusieurs spécialistes en médecine en plus des hématologistes, soit les infectiologues, les pneumologues, les intensivistes et d’autres spécialistes, qui possèdent tous les compétences nécessaires pour traiter nos patients.
Comment préparez-vous un patient à une greffe de cellules souches?
Nous donnons le plus d’information possible aux patients avant la greffe. Ils rencontrent le médecin, l’infirmière pivot, le coordonnateur de la greffe et l’une des infirmières responsables. Nous leur offrons également la possibilité de s’entretenir avec un patient greffé. Il est parfois être utile de parler avec quelqu’un qui est passé par là.
Enfin, Dre Popradi, qui peut donner des cellules souches?
Tout adulte en bonne santé de moins de 35 ans peut donner des cellules souches. Les receveurs de greffes de cellules souches allogènes ont toujours besoin de donneurs, alors je vous invite à vous inscrire auprès d’Héma-Québec. Il est important de faire connaître ce traitement, car il peut guérir des personnes atteintes de maladies autrement incurables.