McGill, Drummondville, puis le monde 

Élaborée au Québec et commercialisée par Patio Drummond, la technologie de fabrication de blocs de béton carbonégatif de CarbiCrete attire l’attention du monde entier 
CarbiCrete a été fondée en 2016 par deux diplômés de McGill : Mehrdad Mahoutian (Ph. D. 2014), qui a développé la technologie alors qu’il était étudiant au doctorat; et Chris Stern (B. Ing. 1994), un entrepreneur montréalais.

Le bloc de béton est un incontournable des chantiers de construction. Hélas, la production d’un de ses principaux composants – le ciment – génère énormément de CO2. Et si au lieu de relâcher le CO2 dans l’atmosphère, on l’emprisonnait dans le béton? 

Voilà l’idée à l’origine de CarbiCrete, entreprise d’écotechnologie fondée par une équipe de diplômés de l’Université McGill qui emploie aujourd’hui 50 personnes. 

Depuis sa création, en 2016, la jeune pousse montréalaise a remporté de nombreux prix internationaux en reconnaissance de sa technologie révolutionnaire de fabrication de blocs de béton carbonégatif, et a fait partie à deux reprises de la liste annuelle Global Cleantech 100. Compilée par Cleantech Group, cabinet de recherche de San Francisco, cette liste est « un florilège des entreprises les plus novatrices et prometteuses, destinées à laisser leur marque sur le marché et dans le monde d’ici cinq à dix ans ». 

La technologie de CarbiCrete est actuellement déployée par Patio Drummond, l’un des plus importants fabricants nord-américains de produits de béton  

Lancement de la production à Drummondville 

Patio Drummond, l’un des plus importants fabricants nord-américains de produits de béton, utilise la technologie de CarbiCrete pour fabriquer des blocs de béton sans ciment carbonégatif dans ses installations de Drummondville, au Québec.

Début 2021, un projet pilote de production de blocs de béton intégrant la technologie de CarbiCrete a été lancé dans les installations de Patio Drummond, à Drummondville. Le projet a obtenu 3,15 millions de dollars du programme Technoclimat, administré par le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles du Québec, une subvention de 2,1 millions de Technologies du développement durable Canada et le soutien d’autres sources de financement. 

« Le projet de CarbiCrete cadre parfaitement avec la vision de notre gouvernement de miser sur l’innovation pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et améliorer l’efficacité énergétique pour un Québec plus prospère », a expliqué Jonatan Julien, alors ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, lors de l’annonce du financement accordé à CarbiCrete par Québec, en 2020. 

La technologie de CarbiCrete est maintenant commercialisée. Ainsi, depuis septembre, les blocs de béton carbonégatif fabriqués par Patio Drummond sont vendus au grand public. Si la production quotidienne s’élève à 2 400 blocs, les entreprises ont récemment indiqué viser une production deux fois plus importante. Elles soutiennent que chaque tranche de 2 000 blocs produite permet d’éliminer une tonne de carbone dans l’atmosphère et d’éviter plus de trois tonnes d’émissions. 

En décembre, CarbiCrete Canada a annoncé la conclusion d’un accord avec l’entreprise Lafarge pour le traitement des scories d’acier dans ses installations de Saint-Constant et Montréal-Est. La scorie d’acier, le matériau clé de la technologie de CarbiCrete, est un sous-produit de la fabrication de l’acier généralement mis en décharge. 

Bilan carbone négatif 

Mise au point dans un laboratoire de la Faculté de génie de McGill, la technologie de CarbiCrete repose sur l’utilisation de scories d’acier au lieu du ciment comme liant dans les produits de béton préfabriqué. Pendant le processus, on injecte du CO2 dans le béton frais. Résultat : le produit fini gagne en résistance et le CO2 est piégé de façon permanente. 

Les blocs CarbiCrete ont donc un bilan carbone négatif. 

Mehrdad Mahoutian (Ph. D. 2014), cofondateur et directeur technique de CarbiCrete, a développé la technologie alors qu’il était étudiant au doctorat à l’Université McGill. En 2016, il a cofondé CarbiCrete avec Chris Stern (B. Ing. 1994), entrepreneur montréalais à la recherche d’écotechnologies prometteuses. Ce dernier agira à titre de président-directeur général (PDG), tandis que Mehrdad Mahoutian occupera le poste de directeur technique.  

Le rôle moteur du Centre pour l’entrepreneuriat Dobson 

CarbiCrete a pris son envol grâce au Centre pour l’entrepreneuriat Dobson de l’Université McGill. 

« La participation à la Coupe Dobson a joué un rôle essentiel dans les débuts de CarbiCrete », explique Yuri Mytko (B.A., 1999), directeur du marketing depuis la fondation de l’entreprise. « C’était notre première occasion de travailler en équipe à un projet concret et à un objectif clair. Cet exercice nous a forcés à définir notre proposition de valeur et nous a convaincus qu’une entreprise prospère pouvait naître de cette percée technologique qui a vu le jour à McGill. » 

L’entreprise a remporté l’un des prix de la catégorie « Entreprise innovante » de la coupe Dobson 2016 de l’Université McGill. 

D’abord le Québec, puis le monde entier 

Grâce au projet déployé avec Canal Block, fabricant de produits de béton de Port Colborne, en Ontario, et à la commercialisation de ses blocs au Québec, CarbiCrete est bien présente chez nous. L’entreprise ambitionne également d’établir des partenariats aux États-Unis et en Europe afin d’élargir sa gamme de produits et de commercialiser sa technologie révolutionnaire dans le monde entier, explique Yuri Mytko.  

Bien qu’il ait cédé sa place de PDG en février 2024, Chris Stern demeure au sein de l’entreprise à titre de conseiller stratégique. Jacob Homiller, le nouveau PDG, possède plus de 25 ans d’expérience auprès d’entreprises industrielles mondiales. L’une de ses priorités sera de commercialiser la technologie à l’international. 

Avec la signature, en mai 2023, d’une entente pour un projet pilote avec POINT.P, entreprise de matériaux de construction française, filiale de Saint-Gobain, CarbiCrete a franchi une étape importante vers la certification et l’utilisation de sa technologie en Europe.
  

En outre, pour diversifier ses flux de rentrées, l’entreprise vend les crédits carbone générés par la réduction des émissions et l’élimination du carbone, lesquelles sont rendues possibles grâce au processus CarbiCrete.  

La technologie québécoise de CarbiCrete continue ainsi de contribuer à l’essor de Drummondville et d’en forger la renommée à l’international. 

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