Un chauffage beaucoup plus propre pour le campus du centre-ville de l’Université McGill

Une chaudière géante financée par l’État sera mise en marche sous peu
De la vapeur s'échappe de la principale installation de chauffage du campus du centre-ville, qui est sur le point de devenir beaucoup moins dépendant du gaz naturel.
De la vapeur s’échappe de la principale installation de chauffage du campus du centre-ville, qui est sur le point de devenir beaucoup moins dépendant du gaz naturel.

Le campus du centre-ville s’apprête à réduire sa dépendance au gaz naturel grâce à une toute nouvelle chaudière.

Cachée derrière le Pavillon des arts McCall MacBain se trouve la deuxième plus grosse installation de chauffage de l’île de Montréal. Dans la centrale thermique du Pavillon Ferrier, les chaudières produisent de la vapeur qui circule dans un réseau de tunnels pour chauffer la plupart des immeubles du campus du centre-ville.

Alimentées au gaz naturel, ces chaudières sont à l’origine d’environ 65 % des émissions de gaz à effet de serre produites par les immeubles de l’Université. Fait à noter : environ deux tiers des émissions totales de gaz à effet de serre de McGill sont attribuables à la consommation d’énergie de ses immeubles.

Bonne nouvelle : les choses sont sur le point de changer.

En effet, McGill réduira son empreinte carbone grâce à deux nouvelles chaudières électriques livrées sur le campus l’automne dernier et dont la mise en marche devrait avoir lieu au cours des prochains mois. Cette installation s’inscrit dans un projet de 33 millions de dollars financé principalement par le gouvernement du Québec, avec l’appui du gouvernement du Canada. Le projet comprend également la mise en place de systèmes de récupération de la chaleur sur les deux grosses chaudières à gaz naturel qui resteront en fonction. Pour faire de la place aux deux nouvelles chaudières électriques, une imposante chaudière à gaz naturel a été retirée. Une autre chaudière, plus petite et utilisée principalement en été pour la production d’eau chaude domestique et pour les besoins en stérilisation des laboratoires, continuera d’être utilisée.

« L’installation de cette chaudière est importante pour l’atteinte de la carboneutralité d’ici 2040 », affirme François Miller, directeur général du développement durable à McGill.

« À titre d’établissement d’enseignement supérieur, l’Université McGill est à l’écoute des recherches qui l’informent sur la crise climatique, et elle agit en conséquence », ajoute-t-il.

Réduction de près de 30 % des émissions sur le campus du centre-ville

La réalisation de ce projet devrait entraîner une réduction de 29 % des émissions liées à la consommation d’énergie des immeubles du campus du centre-ville par rapport à 2022. Cette réduction représente 9 000 tonnes d’équivalent CO2 par année, soit les émissions produites par environ 2 000 véhicules automobiles à essence en 12 mois.

D’ici là, il y a beaucoup de travail à faire pour mettre les chaudières en marche : travaux de raccordement et essais sont notamment au programme.

« C’est beaucoup plus compliqué qu’il n’y paraît. Il ne suffit pas de brancher les appareils et d’appuyer sur un bouton », fait remarquer François Miller.

La reconfiguration du réseau de distribution électrique sur le campus représente tout un défi, comme l’explique Jérôme Conraud, consultant principal, Gestion des infrastructures et planification stratégique, qui joue un rôle important dans la mise en œuvre du projet.

Trois lignes électriques principales desservent la portion du campus située au sud de l’avenue des Pins et de l’avenue du Docteur-Penfield. Pour pouvoir alimenter les chaudières électriques en plus des autres installations sur le campus, il faut libérer de la capacité. Des discussions sont en cours avec Hydro-Québec à ce sujet.

« C’est le genre de casse-tête que nous tentons de résoudre en ce moment : nous devons répondre aux besoins de McGill tout en respectant les contraintes imposées par Hydro-Québec. Il faut savoir que les lignes électriques que nous utilisons ne nous sont pas réservées; nous les partageons avec d’autres clients situés près du campus », explique le consultant.

Entre préservation et durabilité

Ces contraintes expliquent en partie pourquoi nous ne pourrions pas remplacer toutes les chaudières à gaz naturel par des chaudières électriques. Autre raison : nous devons assurer une redondance, notamment pour protéger la réalisation d’expériences en laboratoire et les équipements sensibles en cas de panne de courant en hiver. (Les chaudières à gaz naturel ont également besoin d’électricité pour fonctionner, mais des génératrices suffisent à la production de la faible quantité nécessaire.)

La transition énergétique entamée par McGill comprend également un recours accru aux systèmes de récupération d’énergie. Dans les dernières années, l’Université a installé plusieurs systèmes du genre dans trois secteurs du campus du centre-ville. Par exemple, la chaleur produite par le centre de données du Pavillon Burnside fournit entre 20 % et 25 % de l’énergie consommée dans le Pavillon de chimie Otto-Maass voisin.

Les systèmes de récupération de la chaleur qui seront installés sur les deux grosses chaudières à gaz naturel restantes récupéreront la chaleur des gaz de combustion. Cette chaleur, qui serait autrement perdue, servira à réchauffer le condensat qui retourne à la centrale par la tuyauterie du système de chauffage avant son injection dans les chaudières.

« Au cours des années 2030, je dirais, nous verrons apparaître des technologies qui emploieront l’hydrogène, ou autre chose. Nous pourrons alors convertir les autres chaudières », conclut Jérôme Conraud.

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