Vers une industrie alimentaire québécoise plus saine et plus rentable

Sous l’égide du Consortium RITA, universités et entreprises relèvent, ensemble, les grands défis du secteur agroalimentaire québécois
Au-delà de 250 entreprises agroalimentaires et 23 instituts de recherche des quatre coins du Québec se sont joints au Consortium RITA depuis son lancement, en 2017Alex Tran

Face à la hausse du coût de la vie, les gens souhaitent, plus que jamais, se procurer des aliments abordables, locaux et nutritifs. Les producteurs d’aliments du Québec souhaitent quant à eux répondre à cette demande. Mais comment innover et demeurer concurrentiels malgré la conjoncture économique difficile?

Cette question est au cœur de la mission du Consortium de recherche et d’innovation sur la transformation alimentaire (RITA) de l’Université McGill.

Dirigé par Salwa Karboune (professeure au Département des sciences des aliments et d’agrochimie), le groupe réunit entreprises et chercheurs en vue de mettre au point de nouvelles méthodes de production d’aliments efficientes, durables et saines pour le consommateur.

Des solutions aux vastes retombées

Salwa Karboune, vice-doyenne à la recherche de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’environnement et directrice scientifique du Consortium RITAAlex Tran

Au-delà de 250 entreprises agroalimentaires et 23 instituts de recherche des quatre coins du Québec se sont joints au Consortium RITA depuis son lancement, en 2017.

« Notre objectif principal est d’être un catalyseur de collaboration entre les institutions de recherche et l’industrie agroalimentaire, et de promouvoir ce secteur, explique la Pre Karboune. C’est un secteur qui est très important pour le Québec. C’est aussi un secteur confronté à des défis qui peuvent apporter leur lot de possibilités et stimuler l’innovation. »

En effet, les défis à relever sont d’une grande complexité : il faut rendre les processus industriels plus écologiques et efficients, créer des emballages durables et valoriser les coproduits de la transformation alimentaire.

La mise en place de solutions pourrait générer d’importantes retombées sur les plans environnemental, économique et sanitaire. Pour se donner toutes les chances d’accéder à ces solutions, les entreprises et les groupes de recherche doivent mettre en commun leurs connaissances et leurs ressources dans une perspective de gain mutuel.

Voilà l’idée à l’origine de la plateforme de réseaux de recherche précompétitive du Consortium RITA, l’une des cinq plateformes mises sur pied par le groupe.

« On demande aux membres de l’industrie agroalimentaire de venir tous autour d’une table commune, qu’ils soient compétiteurs ou pas, et d’essayer d’identifier leurs défis et de travailler en commun avec les institutions de recherche, indique la Pre Karboune. Par l’entremise de cette plateforme, on travaille dans l’intérêt général du secteur agroalimentaire. »

Grâce à un partenariat de longue date avec le Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ), le Consortium arrime ses réseaux précompétitifs avec les besoins en évolution du secteur.

Les autres plateformes remplissent des fonctions multiples : elles entretiennent des réseaux de partage des connaissances qui assurent la diffusion, dans l’ensemble du secteur, des dernières innovations technologiques; offrent du financement pour la recherche concurrentielle; et établissent des liens entre les entreprises et les étudiant(e)s en sciences des aliments en vue de créer de nouveaux produits.

Un appui aux PME et aux entreprises en démarrage

La plateforme de recherche collaborative et compétitive du Consortium RITA permet aux entreprises de collaborer avec des chercheuses et chercheurs universitaires pour soumettre une demande de subvention afin de mener des recherches novatrices. Bon nombre des projets financés émanent d’ailleurs de la plateforme de réseaux de recherche précompétitive.

Cette option de financement est particulièrement avantageuse pour les petites et les jeunes entreprises du secteur agroalimentaire québécois. En effet, leur participation au Consortium leur donne accès à des spécialistes de divers domaines, notamment les sciences des aliments, l’emballage alimentaire, le marketing et la nutrition, et leur donne donc accès à une expertise qui, autrement, pourrait être hors de leur portée.

Grâce à la plateforme de recherche collaborative et compétitive des chercheurs du réseau des universités du Québec, des universités Laval, McGill et de Montréal, ainsi que de plusieurs cégeps, ont fait équipe avec de grands producteurs d’aliments comme Agropur, Olymel, Nortera et Fruit d’Or, de même qu’avec des entreprises québécoises de plus petite taille.

En sept ans seulement, avec l’appui du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), le Consortium RITA a financé au-delà de 60 projets de recherche qui ont débouché sur une optimisation des moyens de transformer, de conserver et d’emballer les aliments ainsi que d’en assurer la salubrité.

Le groupe a également aidé de jeunes entreprises québécoises à lancer de nouveaux produits prometteurs grâce à son Laboratoire de développement de produits alimentaires.

« Il y a beaucoup de petites compagnies qui sont venues juste avec quelques idées et on les a aidées à formuler et à optimiser leurs produits alimentaires, et à en améliorer la durée de vie », raconte Salwa Karboune.

Des aliments de grande qualité

Certains projets financés par le Consortium RITA explorent la possibilité d’utiliser l’ozone, le plasma froid et la lumière pour réduire l’accumulation de microbes sur la volaille et les légumes. Ces travaux pourraient mener à l’élaboration de nouveaux moyens de préserver la fraîcheur des aliments sans utiliser d’agents de conservation synthétiques.

Une autre équipe, dirigée par la Pre Karboune, s’emploie à répertorier les propriétés d’antimicrobiens naturels comme l’ail, l’huile d’origan et diverses épices. En combinant ces ingrédients correctement, on peut prolonger la durée de conservation des aliments sans recourir aux additifs de synthèse.

Les besoins et les préférences des consommateurs sont au cœur de chaque projet que finance le Consortium. Les produits recherchés, notamment des aliments savoureux, nutritifs, durables et abordables, sont plus difficiles à produire à l’échelle industrielle qu’il n’y paraît.

« Le consommateur est au centre des activités du secteur alimentaire autant qu’il est au centre de nos activités comme institution de recherche, fait valoir la Pre Karboune.

« Nous voulons nous assurer que le consommateur aura accès à des aliments salubres, nutritifs et qui vont promouvoir la santé et le bien‑être. »

Consommateurs, scientifiques et producteurs d’aliments veulent tous la même chose, Salwa Karboune en est persuadée. Et les programmes qui, à l’instar du Consortium RITA, favorisent l’innovation et la collaboration au sein du secteur agroalimentaire, détiennent la recette gagnante.

 

 

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