Les cas d’anaphylaxie à la hausse chez les enfants

L’anaphylaxie, réaction allergique grave qui peut se produire soudainement et être fatale, semble de plus en plus fréquente chez les enfants. C’est ce qui ressort d’une nouvelle étude dirigée par une équipe de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill dont les conclusions reposent sur des données recueillies à l’Hôpital de Montréal pour enfants. Les résultats révèlent que le pourcentage de consultations aux services des urgences causées par l’anaphylaxie a doublé en quatre ans.

allergy.webUne nouvelle étude dirigée par une équipe de l’IR-CUSM révèle que l’anaphylaxie semble de plus en plus fréquente chez les enfants

Affaires publiques, CUSM

L’anaphylaxie, une réaction allergique sévère qui peut se produire soudainement et être fatale, semble de plus en plus fréquente chez les enfants. C’est ce que révèle une nouvelle étude dirigée par une équipe de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) dont les conclusions reposent sur des données recueillies à l’Hôpital de Montréal pour enfants du CUSM (HME-CUSM). Les résultats publiés dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology (JACI), démontrent que le pourcentage de consultations à la salle d’urgence causées par l’anaphylaxie a doublé en quatre ans.

Dr Moshe Ben-Shoshan, pédiatre allergologue et immunologiste à l’HME-CUSM et professeur adjoint de pédiatrie à l’Université McGill.
Dr Moshe Ben-Shoshan, pédiatre allergologue et immunologiste à l’HME-CUSM et professeur adjoint de pédiatrie à l’Université McGill.

« Étant donné le taux croissant d’allergies chez les enfants canadiens, nous voulions déterminer si le taux d’anaphylaxie était également en hausse », explique l’auteur principal de l’étude Dr Moshe Ben-Shoshan, pédiatre allergologue et immunologiste à l’HME-CUSM et professeur adjoint de pédiatrie à l’Université McGill. « Nos observations indiquent une augmentation inquiétante du taux d’anaphylaxie, compatible avec l’augmentation des cas à l’échelle mondiale. »

Selon des estimations récentes, près de 600 000 Canadiens présenteront un épisode d’anaphylaxie au cours de leur vie et plus de la moitié des personnes qui en ont déjà eu un ne possédaient pas d’auto-injecteur d’épinéphrine. L’anaphylaxie peut survenir dans les secondes ou les minutes suivant l’exposition à un allergène, ce qui inclut certains aliments ou médicaments, la piqûre de certains insectes ou le latex. La réaction allergique se manifeste par des symptômes impliquant au moins deux systèmes de notre corps comme la peau (urticaire, enflure), le système gastro-intestinal (vomissements, crampes), le système respiratoire (sifflement respiratoire, toux), et le système cardiovasculaire (baisse de la tension artérielle).

Les chercheurs ont recueilli les données de plus de 965 cas d’anaphylaxie observés à l’HME-CUSM entre avril 2011 et avril 2015 dans le cadre du registre pancanadien de l’anaphylaxie (ou C-CARE, selon l’acronyme anglais). Ce projet du Réseau des allergies, des gènes et de l’environnement (AllerGen), dirigé par le Dr Ben-Shoshan, chercheur à l’IR-CUSM, est la première étude prospective sur l’anaphylaxie à évaluer le taux, les déclencheurs et la prise en charge de l’anaphylaxie dans diverses provinces et divers milieux du Canada. Selon la définition d’anaphylaxie utilisée dans l’étude, la réaction devait impliquer deux systèmes du corps et/ou une hypotension en réponse à un allergène potentiel.

L’étude démontre qu’entre 2011 et 2015, le pourcentage annuel de consultations à l’urgence de l’HME-CUSM à cause de l’anaphylaxie est passé de 0,20 % à 0,41 %, l’augmentation annuelle la plus élevée ayant eu lieu entre 2013-2014 et 2014-2015. L’équipe a également observé que la majorité des cas d’anaphylaxie (80,2 %) étaient déclenchés par des aliments, particulièrement les arachides et les noix, et que les enfants qui n’avaient pas reçu d’épinéphrine avant leur arrivée à l’urgence étaient plus susceptibles d’en recevoir de multiples doses (deux ou plus) à l’hôpital.

La sous-utilisation d’auto-injecteurs d’épinéphrine a également été relevée dans l’étude. « Seulement un peu plus de 50 % de ceux qui avaient un auto-injecteur l’ont utilisé avant leur arrivée à l’urgence », ajoute la première auteure, Dre Elana Hochstadter, qui fait un fellowship en pédiatrie d’urgence au Hospital for Sick Children de Toronto et qui était résidente en pédiatrie au Children’s Hospital du London Health Sciences Centre au moment de l’étude. « Ce comportement accroit le risque d’administration de multiples doses d’épinéphrine à l’hôpital. Il est donc essentiel que les patients et les professionnels de la santé collaborent pour favoriser l’utilisation appropriée et rapide des auto-injecteurs d’épinéphrine en cas de réactions anaphylactiques. »

 Pour accéder à l’étude en ligne.