Si vous travaillez dans un laboratoire, peut-être avez-vous déjà eu l’impression de crouler sous les déchets d’emballage après avoir reçu des échantillons. Si tel est le cas, sachez que votre situation n’est pas unique.
Theresa Degenhard et Philip Thorne, chercheurs à l’Institut-Hôpital neurologique de Montréal (Le Neuro), se sentaient exactement comme vous à la vue des glacières en polystyrène et des sachets réfrigérants livrés avec leurs éprouvettes.
« Il n’y a rien de plus exaspérant que de recevoir une éprouvette de 50 microlitres dans une glacière en polystyrène remplie de sept ou huit sachets réfrigérants, lance Philip. Une partie de ces déchets est récupérée, mais nous ne pouvons pas tout réutiliser! Le reste va aux poubelles. »
Animés du désir d’en faire plus
Philip, technicien de laboratoire, et Theresa, doctorante, sont membres de l’initiative Des labos écolos du Neuro, dont l’objectif est d’accroître la durabilité des laboratoires de recherche de l’Institut. Après avoir pris part au Freezer Challenge et au programme de certification de laboratoire durable, tous deux souhaitaient en faire plus.
« Je voyais les sachets réfrigérants s’accumuler et je me demandais quoi en faire. » Un article, portant sur un professeur de l’Université de la Colombie‑Britannique qui avait résolu ce même problème en faisant don de sachets à une entreprise locale, a mis Philip sur la piste.
Philip a commencé par communiquer avec des entreprises de livraison de produits alimentaires, mais les discussions n’ont pas abouti. Il a eu plus de chance auprès des banques alimentaires : Moisson Montréal a récupéré les stocks d’une année en glacières et en sachets réfrigérants, et Mission Bon Accueil lui a emboîté le pas.
Forts de leur succès, Philip et Theresa collaborent maintenant avec le Bureau du développement durable pour étendre leurs activités. « Ce projet illustre à quel point les personnes qui utilisent les laboratoires de l’Université McGill peuvent avoir une influence positive dans leur milieu et au-delà », indique François Miller, directeur général du développement durable.
« Nous venons tout juste d’avoir une rencontre avec des représentants de Centraide, et notre prochain rendez-vous important est avec Les Banques alimentaires du Québec, précise Philip. Je pense que les résidus d’emballage pourraient servir à de nombreux organismes, qu’il s’agisse de lutter contre l’insécurité alimentaire, de livrer des repas aux personnes âgées, ou de venir en aide au public en général. Il suffit de tendre la main et de mettre en place l’infrastructure. »
Tournés vers l’avenir
Philip a communiqué avec plusieurs fournisseurs de laboratoire dans l’espoir de réduire la quantité de déchets produits, mais les changements tardent à venir.
Dans l’intervalle, l’équipe de l’initiative Des labos écolos du Neuro entend intensifier ses efforts de collecte. Elle prévoit organiser une compétition amicale opposant les divers pavillons du Neuro pour voir combien de sachets réfrigérants peuvent être amassés d’ici le 22 avril, Jour de la Terre.
« C’est la première étape de notre projet d’expansion hors Neuro, indique Philip. Elle nous permettra de confirmer l’approvisionnement régulier en résidus d’emballage susceptibles d’être redistribués efficacement dans la collectivité. »
Ultimement, Theresa et Philip aimeraient s’adjoindre les 870 laboratoires que compte l’Université McGill et ainsi continuer sur leur lancée.
« Idéalement, mon but serait de consolider le projet amorcé au Neuro, de l’élargir aux campus mcgillois, puis d’approcher d’autres universités de Montréal et du Québec, confie Philip. Si nous pouvons unir nos forces et donner une deuxième, voire une troisième vie aux résidus d’emballage, nous serons en mesure d’en endiguer le flot tout en faisant du bien autour de nous. »