Un coup de cœur pour la culture

En sortant de sa zone de confort et en explorant d’autres horizons, cette diplômée a trouvé sa voie.
Diplômée de l’Université McGill, Mai Kutsuna est née à Tokyo. Intéressée par la culture montréalaise et la langue française, elle a participé à un programme d’immersion au Saguenay

Il y a plus de dix ans, lorsque Mai Kutsuna s’est initiée au français, elle ne se doutait pas que cela l’amènerait à quitter le Japon et à démarrer une nouvelle vie au Québec.

Mai a été attirée par Montréal parce qu’elle souhaitait mettre en pratique ses compétences linguistiques, d’une part, et, d’autre part, parce que le baccalauréat en arts et sciences offert par l’Université McGill lui permettait de jumeler ses deux champs d’intérêt : la chimie et le théâtre.

Un élan de passion

Pour Mai, étudier à Montréal, ville éclectique et multilingue, présentait un nouveau défi.

Mai avait certes reçu des offres de l’Université de Toronto et de l’Université de la Colombie-Britannique, mais étant donné que ces établissements accueillent une forte population étudiante d’origine japonaise, elle craignait de ne pas s’y sentir assez dépaysée.

« Je voulais sortir de ma zone de confort, se rappelle-t-elle. Je voulais aussi vivre en français, depuis le temps que j’étudiais cette langue! Or, il n’y a pas beaucoup de francophones dans les autres provinces. »

La double majeure offrait un cadre plus souple que les autres programmes que Mai envisageait; un aspect fort intéressant à ses yeux. Mai souhaitait en effet avoir la possibilité d’élargir ses champs d’intérêt et de prendre le temps de trouver sa voie. « Je suis tellement heureuse d’avoir opté pour les deux (matières)! Si j’étais stressée par mes travaux de chimie, je pouvais me tourner vers le jeu pour évacuer la tension, et vice versa », confie-t-elle.

Mai trouvait dans l’animation de la ville une distraction inspirante. Après les cours, elle employait son temps à découvrir la richesse de la scène montréalaise des arts et de la culture.

« Je me félicite d’avoir choisi Montréal. C’est une ville très éclectique, ce qui était important pour moi, et les activités culturelles et artistiques y sont nombreuses. »

À la découverte de la culture québécoise

Au cours de sa troisième année d’études, Mai a flairé l’occasion parfaite de prendre un bain linguistique et de culture québécoise, à six heures de Montréal, au Saguenay. Elle a participé au programme d’apprentissage immersif du français Explore McGill-UQAC. Durant cinq semaines, elle a suivi, en compagnie d’autres participant(e)s, des cours de français axés sur la culture québécoise à l’Université du Québec à Chicoutimi, située dans un arrondissement de la ville de Saguenay.

En dehors des heures de classe, Mai visitait Chicoutimi en compagnie de sa famille d’accueil et s’imprégnait de la langue française et de la culture québécoise. C’est ainsi qu’elle a fait le rapprochement entre son nouveau foyer d’adoption et son pays natal.

« Je pense qu’avec le français, comme le japonais, il y a une forte connexion entre la langue et la culture, explique-t-elle. À titre d’exemple, il existe un registre soutenu dans les deux langues. »

Essais et erreurs

Mai à Chicoutimi, au Québec, en compagnie des autres participants et participantes au programme McGill-UQAC Explore

Mai déplorait le peu de confiance qu’elle avait en ses aptitudes orales. Ayant étudié le français au collège et au lycée, elle maîtrisait bien l’écrit, mais se faisait du souci à l’idée d’intégrer un milieu exclusivement francophone.

« J’avais l’idée que mon français doit être parfait et donc j’avais peur de parler dans la langue puisque je n’avais pas le temps de réfléchir sur la grammaire, surtout que je m’exprime généralement très vite! »

Durant cinq semaines, Mai s’est exercée à converser en français avec sa famille d’accueil et ses camarades de classe, ce qui lui a vite permis de gagner en confiance et d’améliorer ses compétences linguistiques, tout en se familiarisant davantage avec le Québec et sa culture.

« Nous avons eu des cours de musique durant lesquels nous écoutons de la musique québécoise. Encore aujourd’hui, j’écoute la radio francophone pour garder ou même améliorer mon niveau de français. »

C’est en parcourant la ville, tout simplement, que Mai a pu saisir encore mieux l’identité québécoise.

« Un de mes défis était de mieux comprendre l’accent québécois, et vivre à Chicoutimi m’a aidée à y parvenir. Je pense même que mon propre accent a changé, et ça m’a beaucoup aidée à m’intégrer dans la société, ce qui est très important pour moi. »

Un festival japonais sous le signe du français

De son propre aveu, Mai prévoit de rester au Québec encore trois ans au moins.

« Pour l’instant, j’ai un permis de travail, mais j’ai l’intention d’obtenir ma résidence permanente », explique-t-elle.

« J’ai passé l’examen de niveau intermédiaire pour l’obtention du Diplôme d’études en langue française et j’essaie maintenant d’acquérir plus d’expérience professionnelle. L’idéal serait de travailler dans le milieu des arts et de la culture et que je puisse utiliser les trois langues que je connais : le japonais, l’anglais et le français. »

Et c’est exactement ce à quoi Mai s’emploie depuis qu’elle a suivi le programme Explore.

Peu après avoir obtenu son diplôme, en 2023, Mai a collaboré au festival YATAI MTL, une célébration du Japon et de sa cuisine de rue. Elle a piloté des activités diverses en plus d’établir des contacts avec des artistes et des marchands (dont la majorité parlait français), ce qui lui a permis de développer des compétences en planification d’événements. Elle a même agi en qualité de maître de cérémonie bilingue durant le festival.

« Je ressors de cette expérience pleine de gratitude. Comme pratiquement tout se déroulait en français, j’ai eu un avant-goût de ce à quoi pourrait ressembler mon travail dans l’événementiel à Montréal », ajoute-t-elle.

Mai a beaucoup aimé son expérience, et elle a été invitée à la renouveler l’été prochain.

D’ici là, elle prend une sabbatique. Elle gagne sa vie à titre de représentante d’une marque de sauce soya japonaise, et travaille à temps partiel dans une boutique de matcha.

« J’aime mon travail parce qu’il me donne l’occasion de parler français et d’expliquer des choses très techniques qui sont très commun au Japon. Ça me permet de partager un peu de ma culture avec les gens du Québec. »

Les demandes d’admission pour le programme Explore McGill-UQAC  seront disponibles à compter du 1er mars 2024. 

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