L’automne dernier, Catherine Turgeon, diplômée en muséologie, est devenue directrice du Musée Redpath. Situé au cœur du campus du centre-ville de l’Université McGill, le Musée Redpath abrite des collections dans les domaines de la paléontologie, de la zoologie, de la minéralogie et de l’ethnologie.
En entrevue avec le Reporter, elle a abordé ses études en histoire de l’art, son parcours professionnel, son amour pour le Musée Redpath et le rôle en constante évolution qu’occupent les musées dans la société d’aujourd’hui.
Parlez-nous de votre expérience professionnelle.
Je travaille en muséologie depuis plus de 15 ans. J’ai toujours été intéressée par la gestion des collections et la préparation d’expositions. C’est dans ce domaine que j’ai fait mon stage de maîtrise au Whyte Museum of the Canadian Rockies et au Buffalo Nations Luxton Museum.
De 2008 à 2010, j’ai réalisé plusieurs contrats pour des galeries d’art et pour le Musée des beaux-arts de Montréal.
En 2013, je me suis jointe à l’équipe du Musée Raimondi, musée d’histoire des sciences naturelles au Pérou. Avec le directeur, j’ai mis sur pied un projet d’expositions itinérantes accompagnées de programmes éducatifs dont le contenu historique et culturel est adapté à la région où les expositions sont présentées. Intitulé Trésors du Pérou. L’héritage d’Antonio Raimondi, ce projet culturel et éducatif a remporté deux prix d’excellence nationaux en 2015.
De retour à Montréal, en 2018, j’ai occupé le poste de muséologue et responsable des collections et expositions au Musée de Lachine.
Qu’est-ce qui vous a amenée vers le domaine muséal?
En 2005, après avoir terminé mon baccalauréat en histoire de l’art, je suis allée en Europe pour m’imprégner de la culture artistique classique et découvrir les chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art occidental.
Durant ce voyage, j’ai pris conscience du pouvoir des aquariums qui sont de réels musées vivants! À l’aquarium d’Anvers, alors que je contemplais la beauté des paysages marins, une question s’est présentée : comment intégrer ce type d’expérience dans les « musées traditionnels ».
Convaincue que l’authenticité et le contact direct avec les objets sont deux composantes qui caractérisent les musées, j’ai alors décidé de m’inscrire à la maîtrise en muséologie à l’Université de Montréal afin de poursuivre cette réflexion.
Quand est venu le temps de choisir mon sujet de recherche, j’ai allié ma passion pour le patrimoine culturel portugais à ma conviction que les musées possèdent des caractéristiques intrinsèques qui permettent d’offrir une expérience authentique distingue. J’ai donc voyagé au Portugal pour étudier les fresques du palais royal de Vila Viçosa et quelques bâtiments transformés en hôtels historiques. Ce voyage exploratoire m’a amenée à remettre en question la définition même de « musée » et à m’interroger sur les critères définissant l’institution muséale.
À mon sens, le concept d’expérience sensible directe décrit par le muséologue François Mairesse était un critère essentiel à intégrer à la nouvelle définition de « musée ». En 2009, mon projet de recherche m’a valu le prix Roland ‑Arpin décerné par le Musée de la civilisation.
Qu’est-ce qui vous enthousiasme le plus au Musée Redpath?
Comme on le dit si bien ici : le Musée Redpath est le musée par excellence! C’est le bâtiment le plus ancien au Canada conçu pour abriter des collections. Ses caractéristiques architecturales, sa riche histoire et les objets qui y sont exposés en font un lieu unique qui se démarque dans l’histoire muséale canadienne.
Au cours des prochaines années, le musée connaîtra de nombreuses transformations. Ces dernières lui permettront de se déployer afin d’amplifier ses actions sur le plan de l’offre éducative, des activités destinées au public, des expositions, de la conservation et de la recherche fondée sur des collections.
Quelles sont vos collections préférées au Musée?
Les expositions consacrées aux sciences naturelles et à l’ethnologie sont exceptionnelles. Le Musée Redpath est le seul endroit à Montréal où l’on peut vivre une telle expérience qui combine l’histoire, les sciences naturelles et les cultures du monde.
Une de mes collections favorites est celle des minéraux. C’est aussi celle que préfèrent nos jeunes visiteurs! Cette collection est l’une des plus grandes attractions du Musée. Ses milliers d’échantillons contribuent à la recherche en aidant les étudiants et les chercheurs à mieux comprendre notre planète.
La pandémie de COVID-19 a bouleversé le fonctionnement habituel des musées. Par quels moyens continueront-ils à rejoindre les gens hors de l’espace muséal traditionnel?
La pandémie nous a appris à revoir nos façons de faire et à nous adapter dans un contexte en constante évolution. Dans ce contexte, les musées nous ancrent dans le présent, nous permettent de comprendre le passé et nous aident à façonner l’avenir.
La médiation muséale hors établissement et la programmation en ligne continueront d’occuper une place prépondérante. Ces activités sont des moyens complémentaires de diversifier et d’élargir le public des musées.
Afin d’attirer de nouveaux visiteurs, les musées devront se positionner comme des leaders et participer à la mise en place de pratiques durables.
En tant que « temples du savoir » bien implantés dans la société, les musées sont appelés à faire entendre leur voix unique et ainsi contribuer favorablement au développement durable.