Eric Latimer à la tête d’un projet de recherche sur un projet immobilier contre l’itinérance

Situé au centre-ville de Montréal, Le Christin s’inspire d’un nouveau modèle de mixité sociale résidentielle

Qu’arrivera-t-il quand des locataires de divers horizons emménageront à Montréal dans le plus grand projet d’habitation consacré à lutter contre l’itinérance au Québec? Eric Latimer, titulaire d’un doctorat, professeur au Département de psychiatrie et chercheur à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, s’emploie à répondre à cette question.

Le Pr Latimer a été sélectionné pour évaluer Le Christin, nouveau projet immobilier au centre-ville de Montréal comptant 114 unités. Environ 80 % de ses résident(e)s recevront des subventions locatives; l’autre 20 % paiera un loyer normal. Parmi les résident(e)s, on compte un mélange d’hommes et de femmes, de couples, d’étudiant(e)s, de réfugié(e)s, d’aîné(e)s, de membres de communautés autochtones et de membres de la communauté LGBT2S+.

« À ma connaissance, ce modèle n’existe pas encore ailleurs à Montréal, précise le Pr Latimer. On constate qu’il y a souvent beaucoup de profils différents dans les logements qui accueillent des personnes qui sortent de la rue; ce qui diffère dans le cas du Christin, c’est que la diversité des résidents est intentionnelle. »

Un projet ambitieux

Le bâtiment est géré par l’Accueil Bonneau, qui soutient les personnes en situation d’itinérance. L’organisme montréalais sans but lucratif a invité le Pr Latimer à mener ce projet de recherche, et ce dernier a accepté l’offre en raison de son intérêt personnel pour les résultats de cette étude.

« Beaucoup de mes travaux antérieurs portaient sur un modèle fondé sur l’approche “Logement d’abord”, qui consiste à aider les personnes en situation d’itinérance à trouver un appartement subventionné sur le marché locatif privé et à les loger dans des projets immobiliers comptant moins de 20 % de résident(e)s qui vivaient dans la rue avant de trouver un logis. Dans le cas du Christin, nous avons opté pour une approche inversée : nous accueillons une majorité de personnes qui vivaient dans la rue et nous les logeons dans un seul et même bâtiment. Au début, j’avais des doutes, mais maintenant, je suis curieux de voir comment ce projet aboutira. »

Pour mener à bien ce projet, le Pr Latimer compte notamment mener des entrevues avec les gérant(e)s, membres du personnel et résident(e)s du Christin. Toutes les parties prenantes ont passé une entrevue quand le bâtiment a ouvert ses portes, et ils en passeront une autre dans six mois, avec pour objectif d’évaluer la qualité de vie des résident(e)s.

« Ce que les gens dévoilent lors des entrevues peut être très révélateur, indique le Pr Latimer. Quels aspects du Christin ont eu une incidence sur leur qualité de vie et quels n’en ont eu aucune? »

La normalisation de l’itinérance : « une tragédie »

C’est un projet modeste avec un délai serré; le seul collaborateur du Pr Latimer sera l’Accueil Bonneau. Ensemble, ils comptent publier un article scientifique d’ici le printemps 2025. Les conclusions de l’étude pourraient informer les futurs projets d’habitation et donner de nouvelles pistes de recherche pour les travaux menés par le Pr Latimer à l’Université McGill. « Si ces entrevues révèlent des éléments intéressants, cela pourrait ouvrir la porte à d’autres recherches. »

Dans l’intervalle, le PLatimer s’inquiète de la situation sur le terrain : « Je pense que ce serait une véritable tragédie si les Canadiens s’habituaient à ce que des personnes n’aient pas accès à un logement décent. La grande majorité des personnes vivant dans la rue ne veulent pas vivre dans ces conditions; elles veulent avoir un logis, comme tout le monde. Je crois que Le Christin peut contribuer au combat contre l’itinérance. »

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