Lorsqu’elle chante, Elisabeth St-Gelais, B. Mus. 2021, M. Mus. 2023, se laisse inspirer par les merveilles naturelles du Saguenay, où elle a grandi : le fjord, la forêt, les lacs, les vallées, les montagnes… La nature unique de sa région est indissociable de son identité et de sa voix.
« Le Saguenay n’est pas statique. C’est une région imprévisible par sa nature aussi magnifique qu’impressionnante. Lorsque je chante, je laisse l’esprit de ma région habiter mon cœur. Je me replonge profondément dans ma jeunesse et mes souvenirs. Être originaire de ce petit, mais magnifique, coin de pays, a une grande valeur à mes yeux. J’ai grandi entourée de beauté, et cette beauté se transpose dans mon travail. »
Grâce à sa mère, qui l’a encouragée à chanter, Elisabeth a développé sa passion pour la musique dès le plus jeune âge.
« Ma mère m’a inscrite à un cours de chant classique. J’ai commencé à chanter à sept ans et j’interprète des œuvres classiques depuis. C’est là qu’est né mon intérêt pour ce genre musical. »
Les premiers pas d’une artiste
Issue d’un milieu essentiellement francophone et ne parlant pas très bien anglais, c’est avec une certaine dose d’appréhension qu’Elisabeth St-Gelais a entrepris ses études à la prestigieuse école de musique Schulich de l’Université McGill. En outre, la perspective de déménager dans une grande ville où elle ne connaissait pratiquement personne la rendait plutôt nerveuse. Or, rien de tout cela ne l’a arrêtée.
Rapidement, « Montréal est devenue mon deuxième chez-moi, précise Elisabeth. [La] vie musicale dans une ville aussi dynamique, c’est vraiment génial ».
Le passage d’Elisabeth à l’École Schulich s’est révélé tout aussi plaisant. En effet, si l’étudiante se concentrait quotidiennement sur l’opéra, la théorie musicale et les langues, et suivait assidûment ses cours de chant – passage obligé de tout chanteur d’opéra ambitieux –, elle y a également attrapé la piqûre du jazz, lié de nouvelles amitiés avec des membres du programme de jazz, participé à de nombreuses séances d’improvisation, et assisté à une foule de concerts jazz.
Elisabeth souligne que c’est l’enseignement et le mentorat reçus à l’Université McGill, plus particulièrement de la professeure et pianiste Louise Pelletier et de la professeure Aline Kutan, qui ont fait d’elle une véritable chanteuse.
« Mon équipe de travail, c’est elles. Je leur fais entièrement confiance. Elles prennent soin de ma voix. Ma voix, c’est ma carrière, c’est ce que j’ai de plus précieux. Je dois donc pouvoir me fier aveuglément aux personnes avec lesquelles je travaille et à leurs [compétences]. Nous comptons les unes sur les autres. »
Hommage à la culture autochtone
Si le passage d’Elisabeth St-Gelais à l’Université McGill a été déterminant dans son cheminement d’interprète, ses racines et son héritage jouent néanmoins un rôle essentiel dans sa démarche artistique.
Pour la soprano innue, la pierre angulaire de son art, c’est sa culture autochtone. Aussi rappelle-t-elle souvent sa volonté de faire appel à sa musique pour mettre en valeur l’immense talent de sa communauté.
« Il est important pour moi que mon art, ma musique et mes interprétations incarnent le lien profond que j’entretiens avec ma culture. Quand je suis sur scène ou en entrevue, et que je parle de mon art, je rappelle que je suis autochtone; c’est l’élément le plus important. »
Elisabeth St-Gelais collabore avec d’autres artistes autochtones et souhaite mettre leur travail de l’avant; elle a notamment interprété des compositions de Barbara Assiginaak (Anichinabée) et d’Ian Cusson (Métis de la baie Georgienne), accompagnée au piano par Alex Vollant (Innu), et participe activement à des événements où se produisent des talents autochtones.
Aline Kutan, professeure de chant à l’Université McGill et soprano primée ayant foulé des scènes du monde entier, travaille avec Elisabeth depuis 2017. Elle décrit la voix de la jeune soprano comme « riche et sombre, forte et profonde, et comparable à celles de Margaret Price ou de Jessye Norman ».
« Elisabeth charme non seulement l’oreille avec sa voix magnifique, mais aussi le cœur par la sincérité de son interprétation, sa générosité et son désir de communier avec le public. Cette jeune chanteuse est faite pour la scène. Elle possède un talent naturel dont on entendra beaucoup parler. »
Une prédiction confirmée
Diplôme en main, Elisabeth a entrepris une maîtrise en interprétation vocale à l’Université McGill, et a reçu nombre de récompenses. Alors qu’elle était toujours à la maîtrise, la jeune soprano a notamment figuré, avec quatre autres membres de la communauté mcgilloise, sur la liste des « 30 musiciens et musiciennes classiques de moins de 30 ans les plus en vue » de la CBC.
Depuis, la virtuose a été reconnue comme l’un des talents les plus prometteurs en musique classique au Québec et au pays.
La qualité mélodieuse de la voix d’Elisabeth St-Gelais attire l’attention. Ainsi, en mars 2022, la talentueuse soprano a remporté le concours annuel de l’École de musique Schulich et le Prix d’art vocal Wirth de l’Université McGill, d’une valeur de 25 000 $. Elle a également remporté le Grand prix au Concours de musique du Canada dans la catégorie des 19 à 30 ans. Toujours en 2022, elle a interprété Rosalinde dans une production de l’opérette La Chauve-Souris, de Johann Strauss, à la Berlin Opera Company.
Cette année, Elisabeth a remporté le Prix d’Europe et le concours Center Stage de la Canadian Opera Company, en plus d’avoir été nommée Révélation Radio-Canada classique 2023-2024. Elisabeth souligne que c’est grâce à sa nouvelle monitrice de chant, la renommée Ariane Girard, elle-même diplômée de l’École de musique Schulich, qu’elle atteint de nouveaux sommets.
Lauréate du district de l’Ouest canadien, elle auditionnera en janvier prochain pour le volet régional du prestigieux concours Laffont du Metropolitan Opera, et ce, en plus des nombreux spectacles inscrits à son calendrier pour 2024.
Elisabeth laissera son empreinte et fera briller sa voix dans le monde de la musique classique. Cela ne fait aucun doute.