Étudiante en quatrième année en biologie, Sophie Krouse a rapidement réalisé que son emploi en conservation au cœur du mont Saint-Hilaire, en Montérégie, n’était pas qu’un travail d’été : c’était plutôt une occasion d’immersion en milieu francophone et de rencontre avec la communauté locale pour améliorer ses compétences dans la langue de Molière avec, en prime, l’odeur des sapins baumiers et le chant des merlebleus de la région.
Anglophone de Grimsby, en Ontario, Sophie a toujours été attirée par les beautés de la nature et de la langue, et son emploi d’été à titre d’adjointe aux opérations sur le terrain à la Réserve naturelle Gault de l’Université McGill lui a permis de conjuguer ces intérêts pour la première fois.
« Grâce à mon emploi, je peux travailler dans la nature tout en améliorant mon français », explique-t-elle.
C’est en raison de son intérêt pour la conservation, l’écologie, l’évolution et le comportement que Sophie a initialement été attirée par McGill, et le caractère francophone de Montréal a également pesé dans la balance.
« Je me suis découvert une passion pour le français après avoir participé à un programme d’immersion française, en quatrième année, et je souhaitais étudier dans une ville bilingue pour continuer de me perfectionner. »
Le français au travail
À la Réserve naturelle Gault, Sophie et sa petite équipe ont veillé à la gestion des espèces envahissantes, réalisé des enquêtes sur la faune sauvage et collaboré, avec des chercheurs et chercheuses aux cycles supérieurs et au postdoctorat, à des travaux sur le terrain.
« On travaillait essentiellement sur le terrain, précise Sophie. On pouvait procéder à l’identification de plantes une journée, puis participer à la collecte de données pour une étude sur la température des sols et les changements de végétation le lendemain. C’était formidable de participer à d’importants projets de conservation en pleine nature. »
Passer l’été au mont Saint-Hilaire et travailler au sein d’une équipe majoritairement francophone a permis à Sophie de vivre en français.
« La majorité des réunions et des consignes étaient en français. On passait à l’anglais seulement si des clarifications étaient nécessaires », précise-t-elle.
Sophie se rappelle avoir été particulièrement marquée par la découverte de la traduction française des termes bullfrog et garter snake : ouaouaron et couleuvre.
« J’ai gagné en confiance et j’osais davantage employer des termes scientifiques et blaguer avec mes collègues, confie Sophie. Pendant les pauses, je participais pleinement aux conversations, je m’amusais et je nouais des amitiés aussi bien avec mes collègues francophones et anglophones. »
Forger des liens
Comme toute personne qui apprend une nouvelle langue, Sophie éprouvait parfois de la difficulté à communiquer. « Il m’arrivait d’hésiter sur le sens d’une consigne ou de ne pas arriver à bien exprimer mes idées en français; mais notre équipe était très solidaire et on finissait toujours par se comprendre. »
Les difficultés rencontrées sont autant d’occasions de s’améliorer personnellement et professionnellement.
« J’ai bien sûr acquis des compétences sur le terrain, mais j’ai aussi créé des liens avec la communauté et la culture locales. Je me suis sentie accueillie, j’ai eu l’occasion de pratiquer mon français et ce que nous avons accompli est vraiment utile. Ça a été une merveilleuse expérience. »
Maintenant en dernière année à McGill, Sophie constate que son été à la Réserve Gault a renforcé son intérêt pour la conservation de la faune et les échanges culturels.
« Mon travail m’a permis de comprendre l’importance de la langue pour forger des liens. Je me souviendrai toute ma vie de cette expérience », affirme-t-elle