
Avant d’obtenir son diplôme, au printemps dernier, Alex Nicholas Chen incarnait à plusieurs égards l’exemple parfait de l’étudiant mcgillois. Brillant, curieux et ambitieux, il était inscrit à un programme spécialisé en sciences cognitives, avec mineure en informatique.
L’emploi du temps d’Alex Nicholas semblait bien rempli… mais ne l’était pas suffisamment, à son avis.
« J’avais beaucoup d’énergie et une tonne d’idées, et je voulais que ce trop-plein serve à quelque chose », explique-t-il.
C’est ce qui l’a amené à Building 21, un espace interdisciplinaire où les étudiantes et étudiants au premier cycle et aux cycles supérieurs de l’Université McGill explorent des idées, créent des projets et expérimentent des processus qui s’écartent des cadres de recherche habituels. Durant la session qu’il y a passé, Alex Nicholas a été encouragé à creuser ses idées, à emprunter des parcours non linéaires et à collaborer avec ses pairs.
« Si je veux créer un produit, je m’adresse au Centre McGill Engine. Si je veux le commercialiser, je consulte le Centre Dobson, dit Alex Nicholas. À Building 21, on m’aide à réfléchir à toutes les facettes de mon idée et à valider mon modèle avant d’aller plus loin ».
De la poésie à la douleur chronique, en passant par les sciences cognitives
Les chercheurs et chercheuses de Building 21 ont des champs d’intérêt très diversifiés.
À l’arrivée d’Alex Nicholas, « deux personnes essayaient de trouver comment détecter le sublime dans un poème, et deux autres utilisaient la réalité virtuelle pour traduire l’expérience de patients souffrant de douleur chronique ». D’autres étudiants s’intéressaient aux effets psychédéliques, aux modèles de langue et à la politique des sons.
Le projet d’Alex Nicholas, intitulé , réunissait l’anthropologie psychologique, la phénoménologie et les sciences cognitives.
« J’étais dans cette pièce, avec tous ces gens à qui je n’aurais autrement jamais eu l’occasion de parler sur le campus. Ils remettaient en question les moindres hypothèses que j’avançais, et cela a complètement changé ma façon de voir les choses », se rappelle Alex Nicholas, qui est maintenant coordonnateur de programme à Building 21. « C’est une expérience universitaire unique ».
Visibilité accrue

Building 21 a été fondé en 2017 par le professeur Ollivier Dyens, qui en est codirecteur, aux côtés d’Anita Param.
« On n’utilise pas de vieilles solutions pour résoudre de nouveaux problèmes, dit le professeur Dyens. Building 21 est né d’une constatation, à savoir que notre système d’éducation, bien qu’efficace, n’est pas assez innovateur et multidisciplinaire pour que les étudiantes et étudiants y apprennent comment résoudre les problèmes sociaux, politiques, environnementaux et éthiques d’aujourd’hui et de demain. »
Bien que les idées les plus innovantes y circulent, Building 21 est resté jusqu’ici relativement peu connu. Mais les choses pourraient être sur le point de changer. En effet, Building 21 a récemment été présélectionné pour un prix QS Reimagine Education dans la catégorie Developing Emerging Skills and Competencies. Ce prix récompense les projets qui permettent l’acquisition efficace des compétences nécessaires sur le marché du travail actuel et à venir.
Lutte contre le plastique dans les océans et le cancer
Le programme principal de Building 21 est la Résidence BLUE (BLUE signifie Beautiful, Limitless, Unconstrained Exploration). Il s’agit d’un programme non assorti de crédits auquel sont admis chaque session de 15 à 20 étudiantes et étudiants, qui y explorent leurs idées les plus novatrices.
À ce jour, le programme BLUE a accueilli plus de 180 McGilloises et McGillois, dont certains, une fois diplômés, ont poursuivi leurs études à Oxford, à Harvard ou à Caltech.
En 2025, la Résidence BLUE permet à certains étudiants d’avoir un accès privilégié à des dirigeants d’établissements ou d’entreprises comme Mila, Microsoft et Google DeepMind. Deux nouveaux programmes sont également offerts : la Résidence BLUE sur le plastique dans les océans, qui comprend des séances de mentorat données par 4Ocean dans un effort de lutte contre la crise du plastique dans les océans, et la Résidence BLUE sur le traitement du cancer, en collaboration avec l’entreprise de recherche sur le traitement contre le cancer, Farcast Biosciences.
Pour l’hiver 2025, la période d’appel de candidatures pour la Résidence est terminée, mais les étudiantes et étudiants peuvent faire une demande pour devenir membres de la communauté, ce qui leur permet d’accéder aux locaux de Building 21, de développer leurs idées avec leurs pairs et de participer à des activités sur place.
Incubateur d’idées
Pendant sa Résidence BLUE, Alex Nicholas a rédigé sa thèse, qui a été publiée dans la revue Perception. Son projet BLUE a quant à lui été présenté lors de trois événements à l’Université McGill.
« La majeure partie de mes études à McGill ont été très structurées, et ç’a été une bonne chose, dit-il. Mais je trouve qu’il n’y a pas beaucoup de place pour les idées auxquelles on pense en lavant la vaisselle, ces idées qui nous reviennent sans cesse en tête. À Building 21, ces idées ont leur place. »