
Au moment où les finissants et finissantes de la promotion de 2025 de l’Université McGill s’apprêtent à monter sur scène pour recevoir leur diplôme, les dix majors de promotion des facultés de l’Université préparent leur discours, et leurs réflexions dépassent largement le cadre de leur réussite académique.
En entrevue avec le Reporter, les majors de cette année – qui appartiennent à la génération marquée par les bouleversements de la pandémie – ont évoqué le pouvoir du sentiment d’appartenance à un groupe, les bienfaits du mentorat et l’urgence de bâtir des sociétés plus justes et plus viables.
Pour un monde meilleur
Poussés par l’urgence d’agir, un grand nombre de majors veulent se consacrer à la résolution de problèmes concrets, notamment en justice environnementale et sociale.
Ainsi, Andre Hadji-Thomas, futur titulaire d’un baccalauréat en génie des bioressources (cheminement Honours), met le cap sur l’Université de Cambridge pour y faire une maîtrise en philosophie en ingénierie pour le développement durable. Il vient d’ailleurs de lancer une jeune pousse consacrée à la mise au point d’outils d’évaluation des risques financiers liés à la nature. « Mon objectif est de mettre à la disposition des entreprises et des décideurs politiques des données claires afin qu’ils puissent protéger les écosystèmes aussi efficacement qu’ils gèrent les finances », explique-t-il.
Arwen Low, bientôt titulaire d’un baccalauréat ès arts en science politique et en environnement (cheminement Joint Honours), participera au Programme des jeunes associé(e)s de l’OCDE à Paris afin d’acquérir de l’expérience dans le domaine des politiques mondiales avant d’étudier en droit. « J’aimerais particulièrement élaborer des politiques de justice réparatrice qui obligent les multinationales à rendre des comptes lorsqu’elles commettent des crimes environnementaux à l’étranger », précise-t-elle.
Grace Singer, qui termine un baccalauréat en commerce avec majeure en marketing et concentration en commerce international, espère changer la donne en plaidant pour la décarbonisation dans le monde des affaires. « Plus tard, j’espère travailler concrètement à accélérer l’adoption de solutions durables, comme je l’ai fait dans l’entreprise de technologies propres où j’ai été stagiaire pendant mes études », dit-elle.
Jasmine Leung, qui sera bientôt titulaire d’un doctorat en médecine (MDCM), a un point de vue similaire. « [La génération actuelle] n’a pas eu de chance. Elle subit les conséquences des mauvaises décisions prises par les générations précédentes, souligne-t-elle. Heureusement, beaucoup d’entre nous résistent à l’apathie et choisissent d’agir de façon constructive. »
Des difficultés à surmonter
De nombreux majors ont parlé des problèmes personnels et académiques qu’ils ont vécus pendant leurs études à McGill et ont expliqué comment ils les ont surmontés.
Jennifer McDonald était la première de sa famille à étudier à l’université. Bientôt titulaire d’un baccalauréat en sciences de l’agriculture et de l’environnement, avec majeure en environnement (cheminement Honours), concentration en milieux et écosystèmes aquatiques (volet biologique) et mineure en entrepreneuriat, elle a dit avoir ressenti de l’insécurité au début. « Il m’a fallu du temps pour trouver mes repères et me sentir à ma place dans le milieu universitaire. Avec le temps, j’ai appris à poser des questions, à aller voir les professeurs et à me bâtir un réseau de soutien. Au fil de ces expériences, j’ai appris à défendre mes intérêts et à faire face à l’incertitude, et ces compétences continuent à me servir dans mes études et dans ma vie en général. »
De même, Matthew Boulden, qui obtiendra sous peu un Juris Doctor (J.D.) et un baccalauréat en droit civil (B.C.L.)., a dit s’être senti souvent isolé. Matthew a commencé ses études pendant les restrictions imposées en raison de la pandémie. Toutefois, les rencontres virtuelles et les réunions en plein air se succédant, un solide réseau de soutien s’est tissé entre les membres de sa cohorte, qui s’est même resserré lors de l’assouplissement des restrictions. Grâce à ce réseau, « j’ai réussi à obtenir mon diplôme et, en prime, j’ai aussi le sentiment profond de faire partie d’une communauté plus large ». C’est habités d’un sentiment semblable que les gens de sa génération abordent les grands enjeux mondiaux, ajoute-t-il.
La force des réseaux de soutien
Les réseaux de soutien des personnes étudiantes s’étendent au-delà des pairs et comprennent également la famille, les amis et les professeurs.
Annika Pavlin-Jamal, bientôt titulaire d’un baccalauréat ès arts en développement international (cheminement Honours), avec mineure en sciences cognitives, a exprimé sa gratitude envers ses professeurs, ses colocataires et, surtout, ses parents, dont l’amour a été le fondement de tout ce qu’elle a entrepris. « Mon père m’a patiemment aidée à résoudre des problèmes de logique dont je ne pensais pas pouvoir venir à bout. Ma mère m’a écoutée sans se lasser chaque fois où je pestais contre ces problèmes. Dans tout ce que je fais et tout ce que je souhaite accomplir, je m’efforcerai de leur rendre ce qu’ils m’ont donné. »
Les professeurs d’Evelyn Poole, future titulaire d’une maîtrise ès sciences appliquées en ergothérapie, ont été pour elle une source de motivation. « Mes professeurs nous ont transmis leur passion pour la profession. J’ai trouvé vraiment inspirant de voir des ergothérapeutes chevronnés enseigner avec des étincelles dans les yeux, même après toutes ces années. »
Helena Silen, membre de la première cohorte du baccalauréat ès arts en sciences de l’éducation dans des contextes mondiaux, a également parlé de l’influence des personnes qu’elle a rencontrées à l’Université McGill : « J’ai trouvé des amis et des mentors pour la vie, qui m’ont façonnée sur les plans personnel et professionnel ». Grâce à eux, la justice et la bienveillance ont été au cœur de son parcours d’études.
Uma Le Daca Jolicoeur, future titulaire d’un baccalauréat ès arts en études latino-américaines et caribéennes et en anthropologie (cheminement Joint Honours), a trouvé du soutien auprès d’une autre étudiante : sa mère, qui s’était inscrite à l’École de politiques publiques Max-Bell de l’Université McGill. « Qui aurait pu imaginer que nous stresserions ensemble pour les examens de mi-session et que nous relirions nos travaux respectifs? raconte-t-elle. Un revirement digne d’une sitcom! »
Perles de sagesse
Au moment où ils s’apprêtent à quitter McGill, ces finissants et finissantes adressent aux personnes qui commencent leur parcours universitaire quelques conseils fondés sur leur expérience.
« Allez aux périodes de consultation. Toujours, dit Annika Pavlin-Jamal. Commencez vos travaux tôt, même si vous pensez que c’est trop tôt. »
« Dites « oui » plus souvent, conseille pour sa part Andre Hadji-Thomas. Allez à la foire des clubs, joignez-vous à un projet de recherche, essayez un cours qui vous sort de votre zone de confort. »
Evelyn Poole encourage les étudiantes et étudiants à « ne jamais perdre leur esprit critique », tandis que Jasmine Leung leur conseille d’être « à la fois curieux et sceptiques ».
« Le succès n’est pas linéaire et le leadership se présente sous de nombreuses formes, affirme Jennifer McDonald. Souvent, il ne s’agit pas d’avoir toutes les réponses, mais de poser de meilleures questions, de s’épauler et de s’accrocher à ses valeurs. »
C’est peut-être Uma Le Daca Jolicoeur qui traduit le mieux l’esprit de la promotion de 2025 : « Étudiez ce que vous aimez. Lorsque vous vous engagez pleinement dans ce qui vous passionne, des occasions extraordinaires se présentent ».
Finissants et finissantes de 2025 de l’Université McGill et cérémonie durant laquelle ils et elles prendront la parole :
Jasmine Leung : Sciences de la santé « A » – 27 mai, à 10 h
Evelyn Poole : Sciences de la santé « B » – 27 mai, à 15 h
Grace Singer : Gestion – 28 mai, à 10 h
Matthew Boulden : Droit et Musique – 28 mai, à 15 h
Helena Silen et Matthew Boulden : Droit et Musique – 28 mai, à 15 h
Uma Le Daca Jolicoeur : Arts « A » – 2 juin, à 10 h
Arwen Low : Arts « B » – 2 juin, à 15 h
Annika Pavlin-Jamal : Arts « C » – 3 juin, à 10 h
Andre Hadji-Thomas : Sciences de l’agriculture et de l’environnement « A » – 4 juin, à 10 h
Jennifer McDonald : Sciences de l’agriculture et de l’environnement « B » – 4 juin, à 14 h 30