
Les Bibliothèques de l’Université McGill, en partenariat avec le ministère de la Culture et du Tourisme d’Abu Dhabi, ont inauguré une exposition qui souligne la beauté, l’histoire et l’influence des manuscrits islamiques anciens.
L’exposition « Golden Ink: The Art and Legacy of Islamic Manuscripts » coïncide avec la conférence internationale sur les manuscrits d’Abu Dhabi. Elle sera présentée à Abu Dhabi d’octobre 2025 à avril 2026, puis à Montréal à l’hiver 2027.
L’exposition propose des manuscrits rares, notamment des pièces importantes de la collection unique de l’Université McGill, et offre un aperçu de plusieurs siècles de tradition artistique, scientifique et intellectuelle islamique à travers la calligraphie, l’enluminure, les notes marginales et la lithographie.

« La sélection des pièces a été un exercice formidable. Le processus a permis aux deux organisations de redécouvrir leurs collections respectives, de déterminer les exemples les plus représentatifs dans chaque catégorie et d’évaluer leur état physique, explique Anaïs Salamon, responsable de la Bibliothèque d’études islamiques de l’Université McGill et co-conservatrice de l’exposition. Une telle exposition vise à émerveiller les visiteurs par la beauté, par la perfection visuelle. »
Parmi les pièces maîtresses de la collection de McGill, on trouve un feuillet du Coran du VIIIe siècle rédigé en écriture coufique, un manuscrit en microcalligraphie où des mots dévotionnels forment des motifs complexes et un atlas coloré de 1839 dans lequel sont reproduites les cartes d’al-Istakhri, un géographe du Xe siècle.
Un effort collectif
Le partenariat entre l’Université McGill et le ministère de la Culture et du Tourisme d’Abu Dhabi est né de liens tissés par des membres des Amis des bibliothèques. Golden Ink marque le début d’une nouvelle relation pour les deux organisations, qui étudient la possibilité d’organiser des expositions dans d’autres villes.
« Il s’agit d’un véritable effort collectif : la gestion de l’exposition est partagée, le catalogue est en trois langues et nous nous sommes engagés à long terme à réaliser d’autres projets ensemble. L’exposition Golden Ink met en valeur la beauté de ces manuscrits et le savoir qu’ils contiennent, et permet une véritable compréhension interculturelle », déclare Guylaine Beaudry, doyenne des Bibliothèques de l’Université McGill.
Ce projet marque une étape importante à plus d’un titre : c’est la première fois que les manuscrits rares de McGill quittent le campus depuis leur acquisition.
« Il ne s’agit pas d’un simple prêt : vous pouvez imaginer la lourdeur de la logistique et les milliers de questions auxquelles il faut répondre. L’appui de notre administration, du Service des affaires juridiques au Service de sécurité, a été exceptionnel, tout comme celui de nos collègues du monde muséologique », ajoute Guylaine Beaudry.
Le transport de manuscrits rares et fragiles d’un continent à l’autre n’est pas une mince affaire. Chaque pièce est vérifiée avant, pendant et après le voyage. Les objets sont transportés dans des emballages spécialisés et exposés dans des vitrines qui respectent les normes muséologiques, à température et humidité contrôlées. Les pages seront également tournées à mi-parcours de l’exposition afin de limiter leur exposition à la lumière.
« La préservation de ces documents est une responsabilité collective, indique Anaïs Salamon. Le retour, même temporaire, de certaines de ces œuvres dans leur région d’origine revêt une signification particulière. Elles pourront ainsi être admirées par les personnes qui y sont directement liées du point de vue historique. »

Perspectives
Quand l’exposition arrivera à Montréal en 2027, elle attirera de nouveaux publics, grâce notamment à des visites de classes d’étudiantes et d’étudiants, à des événements culturels et scientifiques et à des collaborations avec d’autres établissements.
Pour préparer son arrivée, les Bibliothèques de l’Université McGill lancent un appel aux dons. Les sommes recueillies serviront à acquérir des vitrines fabriquées sur mesure et d’autres éléments nécessaires pour garantir l’accessibilité à ces œuvres rares, ainsi que leur sécurité.
« En transportant ces manuscrits très rares vers Abu Dhabi, puis vers Montréal en 2027, nous donnons accès au monde entier aux collections de l’Université McGill, et favorisons la découverte et le dialogue, déclare Guylaine Beaudry. Il s’agit d’un projet et d’un moment très significatifs pour les deux organisations, qui montrent ce qu’il est possible de réaliser lorsque les établissements et les communautés s’unissent. »