Les bébés d’Alice Benjamin, l’obstétricienne de renom à l’origine de la création d’un fonds consacré à la santé maternelle et infantile

À l’occasion des 80 ans et du départ à la retraite d’Alice Benjamin, le fonds créé en son nom vise à intensifier son soutien aux soins maternels, dans un contexte où les progrès sont mis à mal dans le monde entier
Dr. Andrew Zakhari and Dr. Alice Benjamin
Dr Andrew Zakhari et Dre Alice Benjamin Owen Egan / Joni Dufour

 

La Dre Alice Benjamin est une figure incontournable du réseau hospitalier de l’Université McGill depuis plus de cinquante ans. Professeure agrégée au Département d’obstétrique et de gynécologie, elle a supervisé des milliers de naissances, s’est imposée comme pionnière dans le traitement des grossesses à haut risque, et a été décorée de l’Ordre du Canada ainsi que de l’Ordre national du Québec.

Cet automne, à l’occasion de son 80e anniversaire de naissance et de son départ de la pratique clinique, le fonds créé en son nom est associé à une nouvelle campagne de financement.

Le Fonds mondial pour la santé maternelle et infantile Dre-Alice-Benjamin permet à la population étudiante et aux médecins de l’Université McGill de travailler avec des partenaires au sein de communautés défavorisées afin d’améliorer les soins prodigués aux mères et aux nouveau-nés.

 

Un besoin urgent

Le Dr Madhukar Pai, membre du comité du Fonds et père d’une fille mise au monde par la Dre Benjamin, souligne l’urgence de mettre en place de tels programmes.

« Le monde a beaucoup régressé », dit le Dr Pai, premier directeur du Département de santé mondiale et de santé publique de l’Université McGill.

Il évoque le recul de la vaccination infantile, la montée de la réticence vaccinale et la résurgence de maladies comme la rougeole, la coqueluche et la polio : « Presque toutes les deux minutes, une mère meurt, et 90 % de ces décès surviennent encore dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. »

Le Fonds entame une nouvelle étape dans ce que le Dr Pai qualifie de « période difficile pour la santé maternelle et infantile dans le monde entier », aggravée par les effets de la pandémie de COVID-19 et les coupes dans les programmes d’aide internationale tels que ceux de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID).

 

Un jalon important en gynécologie

Le Fonds soutient également les soins gynécologiques de façon plus générale. En janvier, le Dr Andrew Zakhari, professeur adjoint au département d’obstétrique et de gynécologie de l’Université McGill, et la Dre Rea Konci, médecin résidente et titulaire d’une bourse liée au Fonds, se sont rendus au Rwanda. En collaboration avec l’équipe rwandaise, ils ont réalisé les toutes premières hystérectomies laparoscopiques du pays.

Grâce au matériel fourni par le Fonds, ils ont effectué deux démonstrations de la procédure avant que leurs collègues rwandais ne réalisent eux-mêmes la troisième intervention.

« Il ne s’agit pas simplement de venir, d’opérer et de repartir », explique le Dr Zakhari. « L’objectif est de véritablement former les professionnels sur place pour qu’ils puissent poursuivre le travail. »

 

Une « licorne » du monde médical

Pour Lorne Lieberman, diplômé de l’Université McGill, membre du comité du Fonds et père de trois enfants mis au monde par la Dre Benjamin, ce fonds est une façon de rendre hommage à une médecin d’exception.

« La Dre Benjamin est une véritable licorne dans le monde médical », affirme-t-il. « Il est extrêmement rare de rencontrer des professionnels aussi humbles, attentionnés, sensibles et à l’écoute de leurs patients. »

Parmi les cas mémorables de cette dernière, ajoute-t-il, figure l’accouchement de jumeaux nés à sept semaines d’intervalle, à 23 et 30 semaines, qui réussissent aujourd’hui tous deux dans leur vie professionnelle.

 

Des contributions de taille, à Montréal et à l’international

Depuis sa création en 2018, le Fonds a recueilli plus de 500 000 dollars et distribué 45 000 dollars grâce à 14 bourses attribuées à des résidents, étudiants et stagiaires de l’Université McGill. Les projets soutenus couvrent cinq pays. Ils comprennent des programmes d’échographie en Éthiopie, des projets de dépistage néonatal à Cuba et des initiatives de santé maternelle en Afrique du Sud.

À Montréal, le Fonds a également permis à des étudiantes et étudiants de recevoir une formation à La Maison Bleue, organisme à but non lucratif qui accompagne les familles vulnérables.

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