La loi au service de la justice sociale

Amélia Souffrant a reçu de nombreux prix soulignant son leadership et son engagement communautaire

Après avoir terminé les examens de l’École du Barreau du Québec, Amélia Souffrant (B.C.L./J.D. 2023) s’apprête à entreprendre un mandat d’auxiliaire juridique à la Cour fédérale du Canada, en août prochain. Dernier jalon d’une série de réalisations impressionnantes, il s’agit de l’un des postes les plus convoités par les nouveaux diplômés en droit au pays.

Pendant ses études à la Faculté de droit de l’Université McGill, Amélia a remporté de nombreux prix pour son leadership et son engagement communautaire, lesquels se sont notamment traduits par son rôle dans la lutte contre le profilage racial et par la création d’un club de lecture pour les jeunes femmes noires.

Amélia voulait étudier le droit « pour comprendre les rouages des grandes institutions et des cours de justice. Peu importe ce que je ferais dans la vie, ces connaissances me seraient sûrement très utiles ».

Durant ses quatre années à McGill, Amélia a également fait une mineure en sociologie.

« Ces cours m’ont permis de mettre les choses en perspective, de mieux comprendre la nature et les fondements de la loi et de savoir en tirer parti en faveur de la justice sociale », explique-t-elle.

Francophone de descendance haïtienne née à Montréal, Amélia a grandi dans l’ouest de l’île et a fréquenté l’école française jusqu’à ce qu’elle intègre McGill, qu’elle a principalement choisi pour améliorer sa connaissance de l’anglais.

« Je savais qu’en étant bilingue, j’aurais plus de possibilités, dit-elle. Mais ç’a n’a pas été facile au début! »

Grâce au programme bilingue de McGill, elle a pu rédiger des travaux et suivre certains cours en français, tout en s’employant à parfaire sa maîtrise de l’anglais.

Le cours sur la théorie critique de la race, donné par Sarah Riley Case, SJD, professeure adjointe à la Faculté de droit, a été l’un de ses préférés. On y encourageait les étudiantes et étudiants « à prendre conscience de la façon dont la loi était utilisée et des répercussions de la loi sur l’histoire des populations noires ou autochtones », se rappelle Amélia. Présenté sous forme de séminaire, il permettait « d’échanger avec nos pairs, d’exprimer notre point de vue et d’écouter celui des autres ».

Pendant sa troisième année d’études, alors qu’elle était coprésidente de l’Association des étudiantes et étudiants noirs en droit de l’Université McGill, Amélia a décidé de promouvoir l’initiative « Imaginez-vous ici » (dont elle avait elle-même profité) : la Faculté invite les cégépiennes et cégépiens noirs et les étudiantes et étudiants noirs au premier cycle et les aide à bonifier leur dossier de candidature.

« Ils pouvaient nous envoyer leur CV, leur lettre de présentation et tous les documents connexes, et des étudiants en droit les revoyaient », dit-elle. Amélia a également repéré des bourses d’études et d’entretien « pour des jeunes qui songeaient à étudier en droit, mais qui n’étaient pas sûrs de faire le bon choix ou d’avoir l’argent nécessaire ».

C’est dans le cadre d’un événement organisé par l’Association qu’Amélia a fait la connaissance de Mariame Touré, étudiante en droit de l’Université de Montréal qui souhaitait fonder un club de lecture destiné aux jeunes femmes noires. Un lien s’est immédiatement tissé entre les jeunes femmes, toutes deux étant animées d’un même sentiment, à savoir l’absence d’une représentation adéquate de la communauté noire dans les programmes d’enseignement.

Avec Marianne et d’autres étudiantes, Amélia a créé le club « Black Girls Gather », dont les 15 à 20 membres se rencontrent dans l’ouest de l’île pour lire des œuvres d’autrices et d’auteurs noirs et en discuter. Le club est également un tremplin où développer un réseau de soutien et de mentorat. L’initiative a d’ailleurs valu au groupe le prix Forces AVENIR 2021 dans la catégorie Art, lettres et culture.

La lecture a toujours occupé une place importante dans la vie d’Amélia. Sa mère a enseigné à lire à ses cinq enfants dès leur plus jeune âge. Amélia, qui était la plus jeune des filles (elle avait aussi un petit frère), voulait lire tout ce que ses grandes sœurs lisaient afin de pouvoir en parler avec elles. « La lecture, c’est ce qui nous a soudés, mes sœurs, mon frère et moi. »

« J’allais à la bibliothèque et j’empruntais tous les livres que je voulais. J’avais alors accès à une foule d’univers, d’histoires et de personnages différents. »

Son plus récent coup de cœur? « L’autre moitié de soi », de Brit Bennet. « C’est une histoire qui parle d’amour et de relations familiales, et qui aborde la question raciale. Ce livre représente bien notre club de lecture, parce qu’on y trouve de nombreux thèmes dont on discute au club. »

C’est par l’entremise des médias sociaux qu’Amélia a connu la Clinique juridique de Saint-Michel, fondée par l’avocat Fernando Belton afin de lutter contre le profilage racial. Les étudiants y reçoivent une formation leur permettant d’offrir de l’aide juridique aux victimes d’actes contrevenant à la Charte des droits et libertés. Amélia s’est jointe au comité profilage racial de la Clinique. « J’étais utile à ma communauté et, en même temps, je développais de nouvelles compétences. C’est important pour tout avocat de savoir traiter la question raciale et celle du profilage racial. »

Amélia a également aidé Fernando à créer du matériel destiné à un cours sur le profilage racial, qu’il allait donner pour la première fois à l’Université d’Ottawa. Lorsqu’elle est devenue coprésidente de l’Association des étudiantes et étudiants noirs en droit de l’Université McGill, Amélia a milité afin qu’il donne ce cours à McGill. « Je n’ai jamais eu la chance de suivre son cours, mais je suis heureuse que d’autres puissent profiter de son immense connaissance dans le domaine! », dit-elle.

En 2023, Amélia s’est vu décerner la Médaille du lieutenant-gouverneur pour la jeunesse pour son engagement communautaire.

En plus de ses études à McGill et de son travail bénévole, Amélia a étudié le droit à Amsterdam pendant une session, a été auxiliaire juridique à la Cour du Québec et a participé à un tribunal-école.

Amélia est actuellement à l’emploi de McCarthy Tétrault, où elle retournera à titre de stagiaire une fois son mandat d’auxiliaire juridique à la Cour fédérale terminé. Et ensuite? Elle ne le sait pas encore, mais son cœur penche vers le contentieux.

Peu importe ce que l’avenir lui réserve, il n’est pas question de renoncer au travail communautaire.

« Mes connaissances en droit sont un atout très précieux que peu de gens ont. Je veux en faire profiter ma communauté et aider les autres de toutes les manières possibles », conclut-elle.

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